Proposition de loi Sécurité collective : un texte inacceptable contre la presse et les journalistes

Le groupe parlementaire LREM a déposé une proposition de loi sur la sécurité collective qui devrait venir en discussion dans les jours à venir. Ce texte, élaboré sans aucune concertation avec les organisations syndicale de journalistes, porte atteinte à la liberté de la presse et au libre exercice de la profession de journaliste.

En effet, son article 24 stipule que sera « puni d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait de diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, dans le but qu’il soit porté atteinte à son intégrité physique ou psychique, l’image du visage ou tout autre élément d’identification d’un fonctionnaire de la police nationale ou d’un militaire de la gendarmerie nationale lorsqu’il agit dans le cadre d’une opération de police. »

Très clairement, c’est le travail même des reporteurs photo et reporteurs d’images qui est mis en cause. Contrairement à ce que dit le texte, c’est bien une violation grave de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse qui serait légalisée si cette proposition de loi était adoptée en l’état.

Pour la CFDT-Journalistes, il est hors de question de flouter le visage des personnels du maintien de l’ordre, ni de limiter leur recherche d’information sur le terrain. En conséquence, dans le droit fil de la motion votée par l’assemblée générale de la Fédération européenne des journalistes (FEJ) ce 3 novembre 2020, CFDT-Journalistes demande au parlement français :

  • de retirer ce projet de modification d’une des plus anciennes lois sur la liberté de la presse d’Europe ;
  • de prendre en compte l’impérieuse nécessité pour une démocratie digne de ce nom d’assurer que l’action de ses forces de l’ordre pour la sécurité de tous les citoyens, respecte les lois de la République ;
  • de permettre à tous les journalistes d’exercer pleinement le droit d’informer, qui passe par l’observation et l’évaluation de l’action de ces forces de l’ordre, afin d’éviter toute impunité.

Le droit des citoyens à être informés ne peut s’affranchir de la possibilité que les journalistes filment et diffusent l’action des forces de l’ordre.

CFDT-Journalistes appelle la profession à réagir dans l’unité et la diversité, et demande aux éditeurs de presse (écrite, audiovisuelle et Internet) de prendre les responsabilités qui leur incombent.

Paris, le 5 novembre 2020

Contact : Hakima Bounemoura ( 06 16 18 37 61 ), secrétaire générale adjointe

Les actualités

  • Coronavirus – Télétravail, précaires : les journalistes doivent être protégés

    La CFDT Journalistes et la F3C CFDT demandent à toutes les entreprises de presse d’édicter des consignes claires et équitables sur les conditions de reportage, en accord avec les autorités de santé de généraliser le télétravail en fournissant si besoin des ordinateurs portables de déclarer en arrêt maladie exceptionnel (décret du 31 janvier) et pour toute la durée de fermeture…

  • Coronavirus : le défi de la continuité de l’information

    Alors que la France se met à l’arrêt en raison de l’épidémie de Coronavirus, le travail des journalistes demeure indispensable pour traverser cette crise. La majeure partie de la population est désormais confinée sans les contacts habituels de sa vie sociale. Dans ce contexte extraordinaire et difficile pour la population, la F3C CFDT (Fédération communication…

  • Avec CFDT-Journalistes, pigistes, faire appliquer nos droits !

    Beaucoup de journaux et d’agences de presse n’appliquent pas pour leurs pigistes la loi, la convention collective, les barèmes. Et pas seulement des petites entreprises. Isolé, le pigiste ne peut pas grand chose – sauf dans de très rares cas. Mais pour l’immense majorité des pigistes, la solution du problème passe par l’action collective et…

  • Analyse. La précarisation du métier de journaliste a des conséquences sociales

    La précarisation du métier de journaliste que les organisations syndicales constatent depuis quelques années n’est pas sans avoir des conséquences sociales. Des chiffres pour commencer. Statut précaire rime avec jeune, femme, et (beaucoup) plus petit salaire. Chez les journalistes de moins de 26 ans, plus de 2 sur 3 (67,9%) sont pigistes ou en CDD en…

Enable Notifications OK No thanks