Une proposition de loi sécurité globale contre la liberté de la presse

La proposition de loi dite de « sécurité globale », déposée par la majorité gouvernementale, entend interdire la diffusion, par tous moyens, de l’image d’un policier, d’un gendarme ou d’un militaire en opération, dans le but de porter atteinte à leur intégrité physique ou psychique.

Ce texte est une réponse clientéliste du ministère de l’intérieur à la plupart des syndicats de police.

La protection des forces de l’ordre, nécessité indéniable dans une société démocratique, est déjà assurée dans le code pénal et la loi de 1881 qui sanctionnent le cyberharcèlement, la provocation à la commission d’un crime ou d’un délit et les menaces de commettre un délit ou un crime. Seuls les moyens de mise en œuvre de ces infractions doivent être renforcés pour protéger les forces de l’ordre.

Le nouveau délit instauré par cette proposition de loi a pour objectif réel de restreindre le droit des journalistes et la liberté de la presse de manière disproportionnée par rapport à la réalité de la menace non étayée par les promoteurs de ce texte. Il permettrait d’interpeller tout journaliste qui filme en direct une opération de police, de le placer en garde à vue et de l’envoyer devant un tribunal en saisissant son matériel professionnel. Seul le tribunal sera à même de déterminer si l’intention malveillante est établie. Le mal serait déjà fait.

Ce texte vise également à empêcher la révélation d’affaires de violences policières illégitimes souvent dissimulées par la hiérarchie des fonctionnaires en cause, comme ce fut le cas dans les affaires de Geneviève Legay et de Cédric Chouviat.

Nous syndicats et associations de défense des journalistes et des droits de l’Homme appelons à une suppression pure et simple de cet article et, si ce n’est pas le cas, nous nous y opposerons avec la plus grande fermeté pour protéger la liberté de la presse.

Nous appelons le ministère de l’Intérieur et le groupe parlementaire de La République en Marche à ouvrir enfin une concertation avec les représentants des journalistes.

Premiers signataires : LDH – SNJ – SNJ-CGT – CFDT-Journalistes – Fédération internationale des journalistes – Fédération européenne des journalistes – SGJ-FO

Les actualités

  • Gaza : l’hécatombe de journalistes doit cesser !

    La guerre entre Israël et le Hamas est un drame également pour l’information et les journalistes présents là-bas. D’après la Fédération internationale des journalistes, à laquelle CFDT-Journalistes est affiliée, en date du 18 décembre, au moins 73 journalistes et travailleurs des médias ont été tués depuis le début de la guerre, le 7 octobre, dont…

  • EMFA : l’espionnage des journalistes évacué !

    C’est une grande avancée ! Le 15 décembre a été adoptée la loi européenne sur la liberté des médias (EMFA), avec une version finale qui ne fait plus référence à la possibilité d’espionner des journalistes sur la base de vagues impératifs de « sécurité nationale », comme c’était le cas dans l’article 4. C’est aussi une défaite…

  • Vaucluse matin : grande mobilisation autour du titre

    Dans une lettre à Christophe Victor, directeur général du Dauphiné Libéré et de Vaucluse matin, les salariés de Vaucluse matin annoncent qu’après six jours de mobilisation, ils ont choisi de reprendre le travail, ce mercredi 6 décembre 2023, mais qu’il ne s’agit pas de la fin du mouvement, « la colère étant toujours extrêmement présente ». Il…

  • Etats généraux de l’info : 1ères auditions et 1ère contribution écrite CFDT-Journalistes

    Le 30 novembre, CFDT-Journalistes était auditionnée par le groupe de travail n°3 des Etats généraux de l’information. Nous avons remis la contribution suivante. Le 5 décembre, nous étions également auditionnés par le Conseil économique social et environnemental (CESE), qui prépare un avis.

  • Prix L’Alerte à la Une : Splann et Disclose distingués pour leurs travaux avec des lanceurs d’alerte

    Le 1er décembre était remis le prix L’Alerte à la Une, par la Maison des lanceurs d’Alerte. CFDT-Journalistes faisait partie du comité de sélection. Le jury a choisi de décerner le prix et la dotation de 2 000 € au média Splann! qui a enquêté sur les implants contraceptifs Essure, responsables de lourds effets secondaires…

Enable Notifications OK No thanks