Journalistes : nos revendications aux candidats

Les élections présidentielles puis les législatives vont ouvrir un nouveau quinquennat. CFDT-Journalistes adresse six revendications aux candidats : un programme d’urgence pour débuter le quinquennat !

Coût de ces mesures : zéro euro.

Nous présentons ici nos propositions succinctement. Pour les lire en détail, télécharger notre plateforme revendicative.

1. Plus de protection sociale.

Créer un vrai statut pour les correspondants à l’étranger des médias français par un décret modifiant le code de la sécurité sociale

Environ 400 pigistes sont correspondants à l’étranger pour des médias français, parfois dans des pays où il est difficile d’être journaliste, en subissant une précarité accrue, et l’angoisse de leurs droits sociaux, du fait de ne pas vivre sur le sol français. Nous demandons qu’une modification du code de la sécurité sociale établisse que les journalistes correspondants à l’étranger de médias français exercent en France, même s’ils exercent sur le sol étranger. Cela afin de bénéficier des remboursements de soins, de la prise en charge des arrêts maladie et maternité, et bien-sûr que ce statut leur donne droit à la retraite française, au chômage, et à tous les droits habituellement accordés aux travailleurs détachés.

2. Moins de précarité.

Sanctuariser les 10 M€ non consommés de l’aide sociale aux pigistes pour un plan d’éradication de la précarité

La crise sanitaire a été un révélateur de la vulnérabilité des pigistes et autres précaires de la presse. Nombre d’employeurs ont refusé de les mettre en chômage partiel alors même que c’est l’Etat qui payait. Et quand l’Etat a flêché une aide sociale de 14,5 M€, arrivant près de deux ans après de début de la crise, moins de 4 M€ ont été attribués (voir p.9).

Il faut maintenant prendre les problèmes à leur racine. Nous demandons que les 10 M€ restants soient sanctuarisés pour financer un plan de résorption, durable, de la précarité :

  • Des moyens dédiés à l’éradication des pratiques illégales pour les journalistes (rémunérations en autoentrepreneurs, droits d’auteur, CDDU, CLP) et des pratiques abusives (CDD à répétition, notamment en PQR, au planning de Radio France, en télévision, recours à la sous-traitance via des sociétés de production…) et l’application de leurs droits de salariés (application de toutes les dimensions de la convention collective des journalistes, traitement légal des fins de collaboration…).
  • Une cellule interministérielle de lutte contre la précarité dans les médias pour coordonner et faire appliquer un plan de rappel de la loi à tous les employeurs ne l’appliquant pas et créer un outil public centralisant les informations juridiques pour les pigistes, notamment.

 

3. Plus de reconnaissance.

Un salaire minimum garanti pour les journalistes fixé à 2000 € bruts mensuels

Aujourd’hui, le revenu médian des pigistes et CDD est à 1900 € brut (chiffres 2019). Certaines grilles de salaires minima conventionnels commencent encore sous le Smic et dans de nombreuses formes de presse, les journalistes démarrent souvent leur carrière au Smic !

Gagner si peu est insupportable, quand les intéressés ont souvent fait trois à plus de cinq années d’études post-bac, subissent des horaires, un stress, une charge de travail lourde, et sont responsables d’une information qui doit être fiable.

Il est possible de fixer par décret l’instauration d’un premier échelon à 2000€ brut (hors prime d’ancienneté), même dans les formes de presse n’ayant pas d’accords de branche.

https://www.facebook.com/journalistescfdt/videos/379282603864630

 

4. Moins de concentration des médias.

Une loi et une grande instance de régulation indépendante

La constitution de grands groupes de presse de presse écrite et audiovisuelle entraîne un rétrécissement progressif du pluralisme de l’information et a des conséquences sur l’emploi dans ces secteurs. Une nouvelle loi devra prendre en compte, au-delà du seul champ de l’information ou de la presse « IPG », l’ensemble du spectre de la communication. Elle devra permettre l’équilibre des opinions dans tous les domaines : presse écrite, audiovisuelle et édition, renforcer l’autonomie des rédactions et rendre plus strict le contrôle du respect du statut des journalistes, ce qui induit notamment la lutte contre la précarisation dans les rédactions.

Cette mission pourrait être confiée à une grande instance de régulation indépendante, née par exemple de la fusion de l’ARCOM et de l’ARCEP dans laquelle siègeraient des représentants de la société civile, des salariés, des éditeurs.

5. Plus de paritarisme.

Un décret modifiant le règlement de la CPPAP pour y faire entrer les syndicats de salariés

A la Commission paritaire des publications et agences de presse ne sont autour de la table que les représentants de l’Etat et des éditeurs, alors que ce sont les salariés qui constituent la force de travail permettant aux titres de presse d’exister.

Pour une meilleure transparence et attribution des aides à la presse il faut réserver des sièges aux syndicats de salariés représentatifs – journalistes et non journalistes – dans la gouvernance de la CPPAP ; et renvoyer à la négociation paritaire et conventionnelle la répartition des aides. Cela s’accompagne d’une nécessaire mue dans la vision stratégique du rôle de la CPPAP en conditionnant les aides à la presse à des critères RSE. Cette mue est une des conditions au rétablissement de la confiance entre les citoyens et les médias, dans une période propice au complotisme.

6. Plus de sécurité.

Une loi ajoutant les journalistes dans la liste des victimes de violences volontaires amenant des circonstances aggravantes

Actuellement, si un journaliste n’est pas grièvement blessé (si ce sont des violences volontaires avec une ITT inférieure ou égale à 8 jours) son agresseur ne risque qu’une amende courante (tribunal d’instance, pas tribunal judiciaire, 750€ maximum). Cela peut conduire à banaliser cette violence.

Nous demandons de faire passer l’agression de journalistes de la contravention au délit. Pour cela, il suffit d’ajouter le mot « journalistes » dans un article du code pénal prévoyant des peines alourdies quand les violences volontaires – physiques mais aussi psychiques – sont commises sur un certain nombre de personnes.

 

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