Groupe Ebra : des titres et des journalistes !

Les délégués d’Ebra ont assisté, stupéfaits, à une « grand messe » de leur direction sur les « marques » et l’avenir du groupe… Et sans surprise, on s’aperçoit que l’analyse qu’ils proposent de cette réunion pourrait s’appliquer à la lettre à nombreux autres titres de la PQR-PQD et PHR…

C’est une petite musique de fond qui se répète, et se répète telle une rengaine, depuis que le groupe   EBRA s’est installé. C’est devenu un son et lumière lors du webinaire du groupe organisé le 6 octobre 2022 : l’avènement des marques du groupe EBRA !

Le plus ancien des journaux du groupe EBRA est né en 1859, certains sont parus pour la première fois avant la Première Guerre mondiale, les plus jeunes au tournant du XXIe siècle. Et durant tout ce temps, ces titres ont existé par le travail des préparateurs et des conducteurs de rotatives, des techniciens d’entretien général, des correcteurs… et des journalistes, qu’ils soient rédacteurs, reporters, secrétaires de rédaction ou photographes.

Et puis le mastodonte Crédit Mutuel est arrivé. Et le groupe EBRA est né. Exit les titres, oubliés les journalistes, décrié le papier. “Digital first” est devenu le leitmotiv d’un groupe affirmant : “Des marques propriétaires puissantes et une audience unique dans la presse quotidienne régionale” (à lire sur le site ebra.fr).

Certes, le numérique facilite, mais il n’implique pas l’oubli des fondamentaux…

Depuis EBRA, les titres sont des marques, les journalistes rédacteurs sont “producteurs de contenus (print ou web)”, les photographes “producteurs d’images”, les secrétaires de rédaction “éditeurs (print ou web)”. Même le plus radical des anciens propriétaires d’une partie des titres composant EBRA, Robert Hersant (qui caressait pourtant le rêve de faire un journal sans journalistes…) ne s’est jamais affranchi de ces notions de titres et de journalistes !

Dans le vocabulaire EBRA, il n’y a plus de journalistes, pas plus qu’il n’y a de titres.

Lors du dernier grand raout du 6 octobre, on n’a pas mentionné une seule fois ce qui fait l’essence de nos métiers : la ligne rédactionnelle, le contenu, l’angle, la recherche de l’information au bénéfice du citoyen et de la démocratie.

Chez EBRA, on n’est plus un titre mais une marque. On n’écrit plus, on produit. On ne met plus en page, on édite. On ne propose plus aux lecteurs des informations vérifiées et des articles rédigés et hiérarchisés grâce à un savoir-faire reconnu, on vend un objet de papier et un divertissement en ligne.

Aujourd’hui, une double question se pose aux délégués syndicaux CFDT EBRA quant à l’avenir des journaux du groupe, mais aussi des salariés qui les alimentent :

  • A quel moment les titres deviendront-ils des “pure players” commerciaux ?
  • Et ce faisant, à quelle date les salariés enquêtant, écrivant et illustrant pour ces “marques” sortiront-ils de la Convention collective des journalistes ?…

Paris, le 14 octobre 2022

Les actualités

  • Au Monde, la CFDT demande un 14e mois exceptionnel pour saluer l’investissement des salariés

    Les résultats du journal « Le Monde » exceptionnels en août, toujours en avance sur le budget révisé en septembre, sont le fruit de l’investissement de tous les salariés. Depuis bientôt deux ans, sur tous les métiers de la SEM qu’ils soient journalistes, cadres ou employés/ouvriers, les salariés ont donné leur maximum malgré les contraintes organisationnelles liées…

  • Presse magazine et presse hebdomadaire régionale : des augmentations de salaire bien modestes

    Alors que le pouvoir d’achat reste une préoccupation majeure pour les Français, les salariés de la presse écrite vont devoir rester au régime sec. Deux NAO (négociation annuelle obligatoire) ont en effet abouti à de modestes augmentations, en presse magazine et en presse hebdomadaire régionale. +1% en presse magazine En presse magazine, l’accord signé par…

  • Virgin/RFM (Lagardère) : du PGE au PSE !

    A six mois de l’élection présidentielle, qui peut répondre à cette question : un groupe qui a bénéficié de 465 M€ de PGE (prêt garanti par l’Etat) peut-il licencier 34 salariés appartenant à des entreprises qui lui ont fait remonter 3,6 M€ de dividendes et dont la société mère affichait, fin 2020, une trésorerie nette…

  • CFDT Journalistes soutient la proposition de loi du député Sylvain Waserman sur les lanceurs d’alerte

    REACTUALISATION : Le 17 novembre le texte a été adopté par 52 voix pour et aucune contre en première lecture à l’assemblée nationale. Lire le compte-rendu de cette séance. Le texte est maintenant à suivre au Sénat.   Ce mercredi 17 novembre 2021, les députés examinent une proposition de loi portée par Sylvain Waserman (MoDem) visant à améliorer…

  • Contre les violences sexistes et sexuelles, la CFDT mobilisée avec #NousToutes

    La CFDT est résolument engagée dans la prévention et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, violences qui s’exercent de façon systémique et à travers le monde, principalement contre les femmes. Elle appelle à participer aux marches contre les violences sexistes et sexuelles organisées le 20 novembre 2021 partout en France par le mouvement…

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