La PQR n’a toujours pas de barème minimum de piges. La dernière négo, visant à en créer, vient d’échouer, ce que la CFDT regrette. Faute de minimum, les tarifs même bas sont légaux.
La convention collective des journalistes prévoit qu’il existe des salaires minimum par forme de presse. Pourtant certaines branches n’ont pas encore de barème minimum de piges. C’est le cas de la PQR. Après un échec des négociations il y a 10 ans, et des demandes réitérées des syndicats de journalistes, les partenaires sociaux se sont remis autour de la table fin 2024. Cette négo éclair – le SPQR, syndicat patronal de la presse quotidienne régionale, avait exigé d’aboutir en deux réunions – a échoué à nouveau.
Commencer à bâtir un cadre social pour les pigistes de PQR
Parmi les quatre syndicats de salariés représentatifs, la CFDT était la seule, en février 2025, à être prête à signer. Pas de gaieté de cœur, avec un feuillet à 50€, loin d’être à la hauteur du travail demandé. Mais cela aurait été toujours mieux que la jungle actuelle, qui va donc demeurer : faute de barème minimum, tout tarif même très bas est légal. Pour la CFDT, cet accord permettait non pas de régler le problème mais de commencer à construire un cadre social, et cela aurait déjà représenté un progrès significatif pour ceux payés bien moins, notamment parmi nos adhérents.
Il est vrai que la partie patronale n’a pas brillé par ses efforts, et n’a notamment livré aucun état des lieux des pratiques. Nous avons tout juste appris qu’il y aurait 1285 pigistes en PQR en France, soit 321 ETP estimés. Mais où ? Pour de la locale ? Du régional ? Du hors-série ? De la photo ? Du fait-divers ? Du sport ? Des formats longs ? Du multimédia ? Quelle part de réguliers et de one shot ? Et pour quels tarifs ? On le sait, ceux-ci sont des plus hétérogènes. Quasiment au niveau de la PQN dans certains journaux (et cela se justifie), mais à peine plus de 20€ le feuillet chez d’autres, qui se calent un léger cran au-dessus des tarifs des CLP. Cette économie de l’extrême précarité doit cesser.
Les éléments du débat
Nous avions demandé, et pas obtenu, 55€ le feuillet en pige “basique”, 60€ en pige experte, des tarifs multimédia, un bonus en cas de déplacement, une prime d’appareil photo… La partie patronale nous rétorquant les difficultés économiques, nous avions proposé de moduler la grille, avec des exigences plus fortes pour les titres les plus solides (avec un critère de diffusion), afin de ne pas niveler par le bas.
Nous avions en revanche demandé, et obtenu, que le texte rappelle noir sur blanc certains droits certes déjà existants mais que les pigistes peinent à faire appliquer : paiement en fin de mois de travail et non de parution, montant entendu en salaire brut, hors 13e mois, congés payés, prime d’ancienneté, à faire apparaître de façon distincte sur le bulletin de pige, rappel du tarif minimum des piges photojournalistes (73€), alors que ces derniers sont souvent traités au forfait, et au final bien en-deçà.
Par ailleurs, si cet accord avait été adopté, il aurait été l’objet de revalorisations annuelles dans le cadre des NAO de branche en PQR, en tous cas les années où ces NAO sont conclusives, ce qui garantissait de ne pas rester collé à 50€ ad vitam.
Un impératif : négocier en entreprise
Après cet échec, et face à la difficulté à avancer en branche, notamment en raison d’une posture patronale très raide, il est urgent d’avancer entreprise par entreprise. Nous appelons l’ensemble des représentants du personnel en PQR à négocier à la hausse les tarifs de piges lors des NAO, et les salariés désirant s’engager à se rapprocher de la CFDT, en vue d’assumer des mandats en entreprise partout où cela sera nécessaire.
Paris, le 6 mars 2025
Retrouvez les minima conventionnels de piges des autres branches