Formation

  • Les 3 et 4 octobre 2022 la ConfĂ©rence des Ă©coles de journalisme organise les Etats gĂ©nĂ©raux de la formation et de l’emploi des journalistes. La CFDT-Journalistes y est prĂ©sente.

    Et voici la contribution que nous avons produite sur les 12 thĂšmes des groupes de travail :

     

    1. Faire de l’égalitĂ© des chances un levier de renouvellement dans les Ă©coles et les rĂ©dactions.

     

    La CFDT ne peut que partager cet objectif. Le renouvellement du profil des étudiants est capital  pour permettre le déploiement de talents sans discrimination et ne pas laisser se creuser la défiance entre public et médias : il est important que chaque citoyen puisse se sentir représenté. Les idées de sujet en dépendent aussi.

     

    Leviers du cÎté des entreprises :

    – Travailler sur la limitation du turn-over/les possibilitĂ©s de vĂ©ritable installation. Que les rĂ©dactions limitent le recours aux contrats courts et permettent une vĂ©ritable installation du jeune. Un.e jeune sans argent de cĂŽtĂ© ne peut pas se loger 2 mois ici, 3 mois lĂ . Seules les familles plus favorisĂ©es peuvent accompagner leurs enfants dans ces dĂ©buts chaotiques. Il faut permettre des dĂ©buts de carriĂšre en toute autonomie. Et que les entreprises accordent une aide au logement le cas Ă©chĂ©ant ou prĂ©voient des logements le temps de l’installation (actuellement des jeunes sont obligĂ©s de renoncer Ă  des postes mĂȘme s’ils sont pris, faute de trouver un logement rapidement et Ă  prix accessible). Ces aides pourraient ĂȘtre issues d’un accord avec l’Etat et accordĂ©es dans un principe d’égalitĂ© avec les autres salariĂ©s.

    – travailler sur les offres / l’étude de CV. Que les managers et DRH et toute personne chargĂ©e du recrutement soit davantage sensibilisĂ©s Ă  Ă©tudier les CV atypiques, ceux de jeunes n’ayant pas fait d’Ă©cole/pas reconnue ; ceux avec un nom Ă  consonance Ă©trangĂšre ; ceux en reconversion/d’un certain Ăąge. Et qu’ils prennent l’habitude de poster les offres et comptent moins sur leur propre rĂ©seau (entre soi). En radio/tĂ©lĂ© il faut cesser de considĂ©rer les accents comme un problĂšme.

    – favoriser la formation en cours d’emploi, pour les journalistes, y compris pigistes,  n’ayant pas fait d’école, en leur donnant accĂšs au plan de formation de l’entreprise et cĂŽtĂ© pigistes en dĂ©frayant ce temps passĂ© en formation. La formation au long cours est un vrai enjeu, et on en est loin.

    – favoriser l’intĂ©gration de « bons » CLP comme pigistes ou CDD/CDI mensualisĂ©s. Ă©ventuellement en passant par une courte formation.

    – penser Ă  des postes de travail compatibles avec un handicap.

     

     

    Leviers du cÎté des acteurs de la formation :

    – Travailler sur les vocations bien en amont, dĂšs le stage de 3Ăšme, en travaillant avec les CIO/Education nationale sur les messages Ă  vĂ©hiculer. Le journalisme n’est pas fait que pour les bons Ă©lĂšves en français. Il faut d’abord et surtout ĂȘtre curieux, avoir envie de s’informer et d’informer. Le reste s’apprend. Insister sur la nĂ©cessitĂ© d’acquĂ©rir une bonne culture gĂ©nĂ©rale.

    – Favoriser les reconversions par le financement de la formation continue : la profession gagnera Ă  voir arriver des personnes ayant travaillĂ© dans d’autres secteurs auparavant.

    – Encourager l’éducation aux mĂ©dias dĂšs le plus jeune Ăąge avec des actions dans les Ă©coles, de la maternelle au lycĂ©e. Expliquer que le mĂ©tier de journaliste est ouvert Ă  tous.

     

    Leviers du cĂŽtĂ© du dialogue social de branches (car il est plus facile d’obtenir des avancĂ©es par branches qu’entreprise par entreprise):

     

    –          Initier un Ă©lan au niveau des nĂ©gos de branche pour introduire des dispositions conventionnelles (aide au permis de conduire, aide au logement pour les nouveaux recrutĂ©s selon critĂšres
)

    –          PrĂ©voir des dispositifs d’intĂ©gration de « bons » CLP comme pigistes ou CDD/CDI mensualisĂ©s Ă©ventuellement en passant par une courte formation.

     

    Leviers du cĂŽtĂ© de l’Etat :

    –          Etablir des quotas rĂ©alistes de bacheliers techno pour les filiĂšres journalisme en IUT. Actuellement le quota est trĂšs Ă©levĂ©. Si maintien du quota Ă©levĂ©, accorder davantage de moyens pour la promotion de ces filiĂšres avant le bac et + de moyens pour l’accompagnement de ces Ă©tudiants souvent partant avec moins de bagages.

    –          RĂ©munĂ©ration des intervenants quand ils visitent les Ă©tudiants en stage , : accorder des heures pour ce suivi. On parle de tous les intervenants (beaucoup d’intervenants sont des prĂ©caires eux-mĂȘmes).

    –          Aides au logement pour la pĂ©riode d’installation.

    –          Aide au financement du permis de conduire : Ă  l’EJDG (qui joue le jeu « la chance aux concours ») beaucoup d’Ă©tudiants n’ont pas le permis et peu de moyens pour les financer. Ça les pĂ©nalise beaucoup pour les stages en PQR.

     

     

    1. Écoles / DRH / rĂ©dactions / CPNEJ : mieux dialoguer pour mieux dĂ©fendre les cursus et les mĂ©tiers.

     

    Nous avons actuellement trois lieux de rĂ©flexion sur la formation initiale et la formation continue des journalistes : la CPNEF de la presse Ă©crite, la CPNEF de la presse audiovisuelle et la CPNEJ, qui fonctionne sans moyens (sauf cĂŽtĂ© audiovisuel). Ce sont pourtant des lieux importants pour la crĂ©ation et le suivi des formations professionnelles. Il faudrait que ces CPNEF et la CPNEJ soient davantage reconnues et soient dotĂ©es, par les entreprises, d’un budget permettant leur fonctionnement a minima ; les CPNEF et la CPNEJ doivent aussi travailler ensemble sur les problĂ©matiques communes, concernant notamment les journalistes.

    Les entreprises doivent désigner à la CPNEJ des représentants motivés !

    Les visites des syndicats dans les Ă©coles (pour discuter avec les directions et les Ă©lĂšves) devraient bĂ©nĂ©ficier d’un cadre leur permettant d’ĂȘtre plus frĂ©quentes et ça aidera au dialogue et Ă  mieux cerner les besoins.

    Attention, il faut aussi ne pas oublier de travailler sur les reconversions (cf Ă©tudes de JM Charon sur les sorties du mĂ©tier) Ă©tant donnĂ© les difficultĂ©s du mĂ©tier. Aujourd’hui il faut aussi penser la sortie quand on parle de formation des journalistes.

     

     

    1. L’alternance, nouvelle porte d’entrĂ©e ? Entre effet d’aubaine et insertion durable.

    La CFDT estime que l’alternance est un bon dispositif, qui doit rester vertueux.

    –          L’alternance est une lame de fond constatĂ©e depuis deux ans souvent plus par nĂ©cessitĂ© de pouvoir financer ses Ă©tudes que par choix du terrain.

    –          L’alternance peut ĂȘtre une trĂšs bonne voie d’entrĂ©e dans le mĂ©tier si l’alternant dispose en entreprise d’un bon tuteur qui dispose de temps “en dĂ©tachement” pour suivre rĂ©ellement les jeunes qui lui sont confiĂ©s, et si les instances de la profession peuvent s’en assurer auprĂšs des rĂ©dactions. C’est un sujet sur lequel la CPNEJ va travailler aprĂšs en avoir fait le constat lors de la derniĂšre rĂ©union plĂ©niĂšre.

    –          Les Ă©coles qui misent essentiellement sur l’alternance : s’en inquiĂ©ter ? Est-ce la bonne voie pour s’insĂ©rer dans une entreprise ? Gare aux formations chĂšres et hors-sol.

    –          L’accueil des alternants est un peu moins bon ces derniĂšres annĂ©es car avec les mesures covid il est souvent devenu plus Ă©conomique d’embaucher un apprenti que de prendre un stagiaire. Quand ces mesures exceptionnelles diminueront on peut penser que l’alternance retrouvera sa vocation premiĂšre de mettre l’accent sur la formation.

    –       La rencontre n’est pas toujours facile entre alternants, et CDD non issus de l’alternance en entreprise. En effet les premiers sont potentiellement embauchables plus vite alors que les seconds doivent attendre depuis des annĂ©es.

    –          Pourquoi ne pas Ă©diter un flyer sur le bon accueil des apprentis journalistes en entreprise?

    –          Attention au dĂ©veloppement de formations maison assurĂ©es dans les locaux d’une entreprise par une Ă©cole. Le risque est que ces formations soient “sous la coupe” de l’entreprise alors que le temps de la formation est justement un temps oĂč apprendre des fondamentaux en toute indĂ©pendance. Avoir la partie cours de l’alternance dans une Ă©cole, en promo brassant des Ă©tudiants ayant leurs contrats dans diverses entreprises, n’est pas la mĂȘme chose que travailler tous pour la mĂȘme entreprise et apprendre en fonction des attendus de cette entreprise (risque de moindre recul critique).

    –          Que l’ensemble des CPNE traitant du journalisme Ă©tablissent un audit de l’alternance et en dĂ©finissent le cahier des charges de l’alternance et un audit. Dans l’objectif de rĂ©duire les effets pervers.

     

     

    1. Bourses, stages, CDD, CDI. Clarifier les rĂšgles du jeu.

     

    La CFDT estime qu’il est nĂ©cessaire de renforcer l’accompagnement des Ă©tudiants en stage, en amont, pendant et en aval. Ce n’est pas seulement le problĂšme de l’étudiant. C’est une partie de la formation et l’école doit s’assurer que l’entreprise sera vraiment formatrice.

     

    – Les Ă©coles y compris non reconnues devraient ĂȘtre davantage responsables de contrĂŽler la rĂ©alitĂ© des apprentissages journalistiques en stage et ne pas laisser des jeunes « perdre leur temps » dans certaines entreprises (les cas d’étudiants faisant le cafĂ© et n’allant jamais sur le terrain existent).

     

    – Il pourrait ĂȘtre mis en place un questionnaire obligatoire de « satisfaction » de fin de stage/CDD d’Ă©cole, remontant Ă  la CPNEJ (pour cela la CPNEJ doit obtenir davantage de moyens humains) afin de questionner les Ă©tudiants sur les Ă©ventuelles entorses subies.

     

     

     

    1. Précarité économique, aléas des revenus de la pige, inflation : éviter de perdre des talents.

    La CFDT estime que la prĂ©caritĂ© est un problĂšme majeur, que ce soit les CDD, le niveau de rĂ©munĂ©ration (quel que soit le contrat) ou la pige. La pige n’est pas prĂ©caire en soi, elle l’est quand les tarifs sont bas et que les employeurs ne la considĂšrent pas comme ce qu’elle est : un CDI. Il est impĂ©ratif de davantage sĂ©curiser les journalistes.

     

    Leviers du cÎté des entreprises :

    – cf question 1 avec le pb du logement > accompagner les recrutements

    – sensibiliser les rĂ©dactions au management des pigistes et aux consĂ©quences des pratiques : ne plus passer commande ou baisser les commandes revient Ă  un licenciement ou modification de contrat.

    – sensibiliser les rĂ©dactions Ă  la valeur ajoutĂ©e apportĂ©e par les pigistes : ouverture, ancrage local, souplesse, adaptabilitĂ©, agilitĂ©, spĂ©cialisation. Et donc sur les façons de mieux valoriser ces atouts (gestion des compĂ©tences et pas seulement du budget)

    – Ă©videmment, respecter la loi, les barĂšmes conventionnels, le dialogue social, mettre la rĂ©duction de la prĂ©caritĂ© au cƓur des NAO, etc.

    – cesser de considĂ©rer la pige comme un contrat de dĂ©butant. Certains le font par choix. Accompagner les carriĂšres de pigistes par des Ă©volutions professionnelles au sein des entreprises (spĂ©cialisations, mutations d’un titre Ă  l’autre…). Les RH doivent suivre leurs pigistes ! Pas d’uberisation de la profession.

    – SĂ©curiser les pigistes qui travaillent Ă  l’étranger.

    – Rehausser le tarif minimum des photos.

    – CrĂ©er un tarif minimum de pige dans toutes les branches.

     

    Leviers du cÎté des acteurs de la formation :

    –          DĂ©finir + prĂ©cisĂ©ment les attendus des Ă©coles reconnues sur l’info sur les droits : Ă©tablir des items Ă  aborder nĂ©cessairement et un nombre d’heures dans la maquette de la formation (actuellement les pratiques sont trop Ă©parses)

    – CrĂ©er une certification des Ă©tudiants sortant d’Ă©coles reconnues permettant de vĂ©rifier qu’ils ont bien reçu les enseignements sur les droits du pigiste et le journalisme rĂ©munĂ©rĂ© Ă  la pige (savoir faire un synopsis, chercher Ă  qui proposer ses piges
).

    – Certification (point prĂ©cĂ©dent)  Ă  proposer aussi en formation continue Ă  tout nouvel entrant Ă  la pige (modules Ă  faire financer par l’AFDAS mais sans obligation de de mention de carte de presse pour bĂ©nĂ©ficier de ce module)

    – CrĂ©er des modules de formation au management des pigistes : parmi les points Ă  transmettre : ne plus passer commande ou baisser les commandes revient Ă  un licenciement ou modification de contrat. (crĂ©ation de module de formation continue au management de pigistes)

    – Penser les tailles des promos de maniĂšre rĂ©aliste. En 2022, vu l’Ă©tat du marchĂ©, les possibilitĂ©s d’insertion et le dĂ©calage Ă©norme entre l’offre et la demande, on ne peut plus avoir des promos de 40 Ă©lĂšves voire plus. Les grosses promos favorisent la prĂ©caritĂ© : plus la demande dĂ©passe l’offre, plus les employeurs peuvent se permettre n’importe quoi (il y aura toujours quelqu’un pour accepter) et plus cela favorise la reproduction sociale (dans un contexte hyper concurrentiel, seuls les plus favorisĂ©s peuvent supporter de possibles annĂ©es de prĂ©caritĂ©, etc.).

     

     

    Leviers du cĂŽtĂ© de l’Etat :

    – Obtenir de la DGEFP (direction gĂ©nĂ©rale de l’emploi et de la formation professionnelle – MinistĂšre du Travail) une dĂ©rogation pour flĂ©cher vers l’AFDAS les fonds lĂ©gaux formation de la masse salariale pigistes. Cette dĂ©rogation existe pour les intermittents du spectacle. Elle a fait l’objet d’un dĂ©cret. Il faudrait le mĂȘme dĂ©cret pour les pigistes.

    Depuis que ces fonds lĂ©gaux sont fondus dans France CompĂ©tences (depuis la rĂ©forme de 2018), le financement de la formation des pigistes est limitĂ©. Il n’est plus possible, par exemple, d’abonder le CPF d’un pigiste pour financer une formation dont le montant dĂ©passe celui du CPF.

    – RĂ©affecter les sommes non utilisĂ©es de l’aide sociale Covid (10 millions X 2 environ = 20 millions d’euros) pour un vaste plan de rĂ©duction de la prĂ©caritĂ© par la crĂ©ation d’une cellule interministĂ©rielle dĂ©diĂ©e (aux pigistes et prĂ©caires) et le recrutement d’inspecteurs du travail/contrĂŽleurs Urssaf pour faire respecter la loi Cressard et le bon usage des CDD.

    – CrĂ©er un statut des pigistes Ă  l’Ă©tranger (modifier le code de la sĂ©curitĂ© sociale) pour qu’ils ne vivent plus l’angoisse de la protection sociale et du retour en France et n’abandonnent pas prĂ©maturĂ©ment.

    – CrĂ©er un Smic journalistes Ă  2000 euros bruts.

    – Encadrer le CDD d’usage : l’interdire trĂšs clairement pour tout travail de journaliste.

    – Modifier le rĂšglement de l’Unedic pour ouvrir des droits chĂŽmage aux pigistes n’ayant pas de fin de contrat, selon certaines conditions (ne pas remettre en cause la loi Cressard et le CDI).

    – Imposer aux rectorats et divers « clients » d’Ă©ducation aux mĂ©dias de payer leurs intervenants Ă  un tarif dĂ©cent (fixation de minimas conventionnels) et en salaire.

    – Introduire une condition Ă  la certification des formations en journalisme en gĂ©nĂ©ral (filiĂšres non reconnues des Ă©coles dites reconnues, Ă©coles non reconnues, modules de formation continue
) : qu’elles intĂšgrent toujours une info sur les droits. Exemple : s’initier Ă  la photo de presse sur 5 jours > au moins une demi-journĂ©e sur la loi Cressard qui s’applique aux photographes, sur la propriĂ©tĂ© intellectuelle de ses images
.  Veiller aussi Ă  ce que les formations sur des marchĂ©s de niche intĂšgrent des infos rĂ©alistes (se former au diaporama sonore c’est sympa mais ça ne rapporte rien > pas de modĂšle Ă©conomique et les stagiaires doivent le savoir avant de s’y embarquer)

    – Imposer quelques heures de formation sur l’Ă©galitĂ© homme/femme dans les mĂ©dias

     

    1. PremiĂšres missions (stages, CDD…) : remettre les jeunes journalistes sur le terrain.

    La CFDT estime que cet objectif, et qui ne concerne pas les jeunes, est capital : c’est l’essence du mĂ©tier, la seule possibilitĂ© de glaner des infos authentiques et pas de la redite ou du buzz, de conserver le goĂ»t de ce mĂ©tier de la part des journalistes, et la confiance du public, qui a besoin de sentir la diffĂ©rence entre un travail de journaliste et un travail de communicant/journaliste autoproclamĂ©

     

    Leviers du cÎté des entreprises :

    –          freiner la pression sur le web et l’actu chaude est la seule possibilitĂ© pour retourner sur le terrain et le faire bien, avec un temps incompressible

    –          privilĂ©gier la qualitĂ© et pas la quantitĂ©

    –          sanctuariser des journĂ©es de travail sans production pour laisser le temps d’aller sur le terrain

    –          rĂ©munĂ©rer les piges Ă  hauteur du travail exigĂ© : un long reportage exige un long papier et donc un tarif en consĂ©quence et pas de tarifs au forfait. Avoir des tarifs au feuillet variables en fonction du travail d’enquĂȘte Ă  rĂ©aliser, de la technicitĂ© des informations etc.

    –          Assurer l’encadrement ou du moins mieux accompagner les jeunes journalistes avec un rĂ©fĂ©rent ou un tuteur dans son service ou sa locale.

    –          DĂ©velopper le partage d’expĂ©rience avec les anciens. Aller Ă  deux sur un reportage est bĂ©nĂ©fique pour tous.

    1. Management : dépasser le choc des générations et répondre aux nouvelles aspirations des jeunes journalistes.

    –          Renforcer la formation des managers, surtout concernant l’encadrement intermĂ©diaire.

    –          Faire en sorte que les journalistes qui ne se sentent pas de devenir encadrants aient des possibilitĂ©s de carriĂšre autres que dans le management (en crĂ©ant des niveaux “experts” sur les grilles aux coefficients proches de ceux de la “chefferie”), ce qui Ă©viterait que de bons journalistes deviennent des mauvais chefs, mais fassent le choix de devenir manager pour gagner correctement leur vie.

    –          Un journaliste reste un journaliste, il n’est pas manager mais peut ĂȘtre amenĂ© Ă  le devenir en Ă©tant formĂ©. Un point Ă  aborder dans les cursus de formation ?

     

    1. La carte de presse est-elle toujours incontournable? Faut-il faire Ă©voluer ses critĂšres d’attribution lĂ©gaux ?

    La CFDT estime que la carte de presse est incontournable et doit ĂȘtre favorisĂ©e et que la CCIJP doit rester une instance de rĂ©fĂ©rence pour la profession. Elle constate aussi que la carte souffre d’un dĂ©samour de certains,  que certains employeurs en entravent l’accĂšs et que les nouvelles formes d’information ne correspondent pas toujours aux rĂšgles d’attribution. Il est donc nĂ©cessaire de rĂ©flĂ©chir sereinement et ambitieusement Ă  l’avenir.

    –           Il faut renforcer la lutte contre le travail illĂ©gal pour permettre des paiements en salaire et donc un accĂšs Ă  la carte de presse

    – il faut donner Ă  la CCIJP de nouvelles attributions comme le rappel Ă  la loi des employeurs et la dĂ©nonciation des pratiques illĂ©gales Ă  l’Urssaf

    – permettre la prise en compte dans la part presse de l’Ă©ducation aux mĂ©dias sur certains critĂšres, le fixing, le journalisme pour les sociĂ©tĂ©s de production sans dĂ©bouchĂ© tĂ©lĂ©diffusion…

    – Ne pas fermer la porte aux nouvelles formes de journalisme en Ă©tant cependant trĂšs strict sur la sĂ©paration entre ce qui relĂšve du journalisme et ce qui relĂšve de la communication, de la promotion, des “influenceurs”.

    – crĂ©er un statut de journaliste documentariste-producteur-rĂ©alisateur ?

     

    1. ÉgalitĂ©, discriminations, publics dĂ©laissĂ©s, comment aller vers un journalisme plus inclusif.

    Cela rejoint le point 1 sur la diversification des profils de journalistes. Un journaliste originaire de milieu modeste aura davantage le rĂ©flexe de s’intĂ©resser Ă  ces milieux. etc.

    –          communiquer et encourager les formations du type “PrĂ©venir le sexisme et le harcĂšlement dans les mĂ©dias” (Samsa/ association Prenons la Une)

     

    10.Produire et bien utiliser les nouvelles compétences sur les politiques de la terre (climat, etc.). Sortir des silos.

    –          il faut des spĂ©cialistes. Ne pas donner tout Ă  traiter Ă  tout le monde. Cela ne permet pas la montĂ©e en compĂ©tence spĂ©cifique, le travail de rĂ©seau de contacts, de veille etc

    –          DĂ©velopper le journalisme de solution.

     

    11.Se prĂ©parer aux nouveaux modes de consommation de l’information (Instagram, Tiktok, etc.). Entre nouveaux modes de consommation de l’info et effets de mode, quels enseignements ?

    – Accepter ces Ă©volutions et revoir le dogme de la CCIJP selon lequel il faut ĂȘtre entreprise de presse > vĂ©rifier d’abord la nature journalistique.

    – Bannir, vraiment, les “influenceurs” et tout “placement de produit” du contenu journalistique. Encadrer davantage les parrainages d’articles ou de contenus.

    – Former, informer aussi l’ensemble des journalistes Ă  ces nouvelles pratiques : risque de dĂ©connexion en cas de licenciement par exemple, et difficultĂ©s Ă  retrouver du travail

     

    12.GĂ©nĂ©raliste, expert d’un type de mĂ©dia, des nouvelles technologies ou de l’IA, couteau suisse, quelles compĂ©tences pour les jeunes journalistes aujourd’hui et demain ?

    –          Cesser d’attendre des couteaux suisses justement. cela est incompatible avec le point 10 : produire bien.

    –          PrivilĂ©gier une compĂ©tence premiĂšre : la vĂ©rification de l’info/l’info juste et honnĂȘte. c’est le seul moyen de regagner la confiance

    –          La polyvalence a ses limites. On ne peut pas tout faire bien. Jeune ou pas, le travail en Ă©quipe permet d’avancer et de grandir. De mieux travailler, de mieux informer.

    –          il ne faut pas non plus avoir des prĂ©-carrĂ©s qui empĂȘchent de faire des passerelles entre les rubriques, notamment pour les jeunes journalistes qui se voient rĂ©pondre « tu ne peux pas faire ce sujet, ça empiĂšte trop sur le domaine de untel / unetelle »

    –          Travailler prioritairement sur les capacitĂ©s d’analyse de ce qu’est un sujet journalistique important, sur la hiĂ©rarchie des infos, sur la formation Ă  l’investigation, la pugnacitĂ© dans la recherche de l’info. Faire vraiment pratiquer sur des sujets sensibles. Les savoir-faire techniques sont importants mais secondaires.

  • L’école de journalisme est loin ? Vous n’en avez pas fait ? Vous auriez bien besoin de vous mettre Ă  jour, de vous spĂ©cialiser ? Ou vous avez envie de changer de mĂ©tier ? De faire un bilan de compĂ©tences ? La formation, c’est toute la vie ! Mais attention, les droits DIF acquis avant 2015 doivent ĂȘtre transfĂ©rĂ©s individuellement avant le 30 juin 2021, sinon ils seront perdus !

     

    Les droits Ă  la formation ne sont pas illimitĂ©s, ils se gagnent petit Ă  petit. Raison de plus pour ne pas perdre ceux patiemment acquis. Parmi ceux-ci, le Compte personnel formation (CPF), qui a pris la suite du droit individuel Ă  la formation (DIF) depuis 2015, et qui est alimentĂ© automatiquement chaque annĂ©e par les employeurs. Mais pour que les droits acquis avant 2015 soient transfĂ©rĂ©s, ce n’est pas automatique : c’est Ă  chaque salariĂ© de faire la dĂ©marche. Vous l’avez peut-ĂȘtre fait depuis plusieurs annĂ©es. Sinon, la date limite est le 30 juin 2021. Ensuite, vos anciennes heures seront perdues.

    Avant 2015, vous pouviez cumuler jusqu’Ă  20h de formation par an sur une pĂ©riode de 6 ans max, donc si vous n’avez pas utilisĂ© ces droits depuis 2009 vous avez peut-ĂȘtre un reliquat de 120h (soit 1800 euros dans le  nouveau systĂšme).

    ConcrĂštement, que faut-il faire avant le 30 juin, si ce n’est pas dĂ©jĂ  fait ?

    1. aller sur www.moncompteformation.gouv.fr et aucun autre site (les arnaques sont nombreuses, y compris sur des sites se parant de toutes les apparences officielles, et qui n’hĂ©sitent pas Ă  vous dĂ©marcher par mail actuellement))
    2. vous connecter à votre compte ou en créer un
    3. aller dans « Mes droits formation » puis
    4. noter le solde de vos heures DIF
    5. tĂ©lĂ©charger le justificatif oĂč apparait le nouveau solde de votre compteur en euros

    Comment connaütre mon nombre d’heures acquises du temps du DIF, avant 2015 ?

    • sur votre bulletin de salaire de dĂ©cembre 2014 ou janvier 2015,
    • sur une attestation de droits au DIF fournie par votre employeur. Si vous avez eu successivement plusieurs employeurs entre le 1er janvier 2009 et le 31 dĂ©cembre 2014, seule l’attestation fournie par votre dernier employeur en date est valable. Si vous avez travaillĂ© simultanĂ©ment pour plusieurs employeurs Ă  la date du 31 dĂ©cembre 2014, additionnez les heures indiquĂ©es sur les attestations de chacun de vos employeurs. NumĂ©risez au prĂ©alable toutes les attestations afin de ne tĂ©lĂ©charger qu’un seul document.
    • sur votre dernier certificat de travail
    • les pigistes peuvent aussi s’adresser Ă  l’AFDAS en se munissant de leurs archives de fiches de paie. En 2009 : 20 heures de DIF acquises au titre de l’annĂ©e 2009, Ă  condition d’avoir Ă©tĂ© titulaire de la carte de presse 2009.  Entre 2010 et 2014, par annĂ©e: (montant total des piges perçues sur l’annĂ©e civile y compris 13e mois et congĂ©s payĂ©s/18 200) × 20. Le rĂ©sultat obtenu est arrondi Ă  l’unitĂ© supĂ©rieure et plafonnĂ© Ă  20 heures par an. Les annĂ©es au cours desquelles le journaliste pigiste n’Ă©tait pas bĂ©nĂ©ficiaire de la carte de presse ne doivent pas ĂȘtre comptabilisĂ©es.
      Si le journaliste pigiste a bĂ©nĂ©ficiĂ© d’une formation dans le cadre du DIF au cours de l’une de ces annĂ©es, la durĂ©e de formation doit ĂȘtre retranchĂ©e du total des heures obtenues.
      Dans le cas oĂč le journaliste pigiste pourrait justifier d’un cumul d’heures plus favorable grĂące aux attestations remises avant le 31 janvier 2015 par les diffĂ©rentes entreprises avec lesquelles il collabore (y compris sur la base de l’avenant du 30 janvier 2009), alors les services de l’AFDAS tiennent compte de ce dĂ©compte.

    Le CPF, c’est combien par an ?

    Depuis le 1er janvier 2019, l’alimentation du Compte personnel de formation n’est plus en heures mais en euros, Ă  hauteur de 500 € par an dans la limite de 5 000 €. Pour les personnes non qualifiĂ©es, ce compte est crĂ©ditĂ© d’un montant plus important, Ă  savoir 800 € par an dans la limite de 8 000 €. Un prorata est calculĂ© pour les salariĂ©s Ă  temps partiel. La loi prĂ©voit un calcul particulier pour tous les salariĂ©s (dont les pigistes) dont la rĂ©munĂ©ration ne dĂ©pend pas d’un horaire de travail. Pour acquĂ©rir 500 €/an, il faut avoir gagné au moins 2 080 fois le montant horaire brut du SMIC (10,15 € en 2020) soit 21 112 €. Vous avez gagnĂ© moins ? Faites une rĂšgle de 3 pour calculer la somme acquise. Exemple : vous avez gagnĂ© 15 000 € brut en 2020, 356 €.

    Comment utiliser mon CPF ?

    Il faut que la formation demandée débouche sur une certification (ou une partie de certification). Toutes les formations « éligibles au CPF » sont répertoriées sur le site moncompteformation.gouv.fr

    En pratique, si vous avez repĂ©rĂ© une formation qui vous intĂ©resse, demandez Ă  l’organisme si elle est Ă©ligible au CPF.

    ATTENTION – Les stages comme “Savoir utiliser les rĂ©seaux sociaux” ou “Ecrire pour ĂȘtre lu” ne peuvent pas ĂȘtre pris en charge dans le cadre du CPF car ils ne sont pas qualifiants. En revanche, ils peuvent ĂȘtre pris en charge par d’autres budgets, comme le plan de formation de votre entreprise ou, pour les pigistes, les fonds AFDAS, dans le cadre de l’accord pigistes.

     

     

     

  • « Un grand reporter a le temps de se prĂ©parer avant d’aller sur le terrain. AprĂšs 2015, Charlie Hebdo, le Bataclan et les Gilets jaunes, les journalistes en France ont Ă©tĂ© confrontĂ©s Ă  des violences qu’ils ne connaissaient pas. Plus globalement, les journalistes et notamment ceux qui enquĂȘtent et font de l’investigation sont de plus en plus la cible des lobbys qu’ils dĂ©rangent comme Morgane Large et InĂšs LĂ©raud en Bretagne, face aux gĂ©ants de l’agro-industrie en pointant le scandale des algues vertes ». Ce que dĂ©crit Catherine Monnet, ex-grand reporter Ă  RFI et reprĂ©sentant RSF aujourd’hui, est bien le choc de la violence vĂ©cue par les journalistes en France depuis 2015.

    La question de la sĂ©curitĂ© concerne dĂ©sormais tous les journalistes. La confĂ©rence nationale des mĂ©tiers du journalisme en a donc fait son sujet, lors de sa journĂ©e du 4 mai 2021. En plus de notre militante Jacqueline Papet, coorganisatrice et co animatrice des dĂ©bats, plusieurs membres de la CFDT-Journalistes y Ă©taient. Et voilĂ , selon eux, cinq bonnes raisons d’écouter les replay. 

    1/ Écouter des tĂ©moignages forts de confrĂšres et consƓurs confrontĂ©s aux risques sur le terrain

    … Ă  l’image de celui d’Aline Leclerc qui traite des questions Ă©conomiques et sociales au journal Le Monde. Elle a couvert les manifestations des Gilets Jaunes avec le service politique de son journal. « J’ai commencĂ© par observer le mouvement d’un point de vue social et Ă©conomique. A l’époque, on rencontre Eric Drouet et Priscilla Ludowski, qui sortaient du lot sans ĂȘtre pour autant des leaders. Pour la plupart, ils n’avaient jamais manifesté et ça s’est vu le 17 novembre. Les GJ se rencontrent et se comptent. Mais les GJ se font gazer rue du Faubourg Saint-HonorĂ© alors mĂȘme que les CRS sont leurs fils, leurs cousins et qu’’ils sont sĂ»rs qu’ils vont les rejoindre. C’est un rappel Ă  la rĂ©alitĂ© trĂšs fort pour les manifestants. Le 27 novembre, les tensions montent puis explosent le 1er dĂ©cembre (…) Nous n’avions pas d’équipement prĂ©vu pour les manifestations et il a fallu improviser. Nous ne pouvions pas repartir sans masque ni casques. Se mettre Ă  l’abri et dans sa bulle pour Ă©crire est impossible. Le dĂ©calage Ă©tait grand entre nos collĂšgues Ă  la rĂ©daction web et nous sur le terrain. C’était une vĂ©ritable machine Ă  laver. Je partais le matin en me demandant si j’allais revenir en un seul morceau. Et vous savez combien on n’aime pas « les petites choses fragiles » en journalisme et singuliĂšrement au Monde. Il faut absolument savoir comment se comporter en situation de pĂ©ril. Il faut former les confrĂšres Ă  l’avenir pour comprendre ces manifestations ! ».

    Revoir la table ronde sur les risques de terrain

    Revoir la carte blanche de Florence Le Cam, Professeure de journalisme Ă  l’UniversitĂ© libre de Bruxelles, sur Journalisme et violence : du terrain Ă  la rĂ©daction. 

     

    2/ Apprendre à verbaliser ce vécu violent et à repérer les troubles post-traumatiques

     

    Quand le sociologue Jean-Marie Charon a auditionnĂ© des journalistes ayant couvert le mouvement des gilets jaunes, en organisant des mini-sĂ©minaires en rĂ©gions, ceux-ci lui ont dit Ă  chaque fois que c’était la premiĂšre fois qu’ils avaient l’occasion de revenir sur ce qu’ils avaient vĂ©cu. Pourtant, ils en avaient besoin. Mais ils n’ont pas trouvĂ© auprĂšs de leurs collĂšgues ou d’autres cercles professionnels l’opportunitĂ© d’un vĂ©ritable debriefing, alors que cela les avait profondĂ©ment marquĂ©, avec des effets proches du syndrome post traumatique.

    Lire et revoir la carte blanche de Jean-Marie Charon sur Le choc de la violence pour un journalisme ordinaire lors du mouvement des Gilets Jaunes

    Revoir la carte blanche de Bertille Ossey Woisard (AFP, DU Psychotraumatologie) : Journalistes face aux risques psychotraumatiques : quelle prévention, quelle solution ?

     

    3/ Prendre conscience d’une violence spĂ©cifique : le cyberharcĂšlement

     

    Les violences contre les journalistes s’exercent aussi bien hors ligne qu’en ligne. Les cyber harceleurs, surtout des hommes, s’attaquent principalement aux femmes, en raison de leur genre et non pas de la qualitĂ© de leur travail comme le rĂ©vĂšle une Ă©tude de l’Organisation des Nations unies. Doxing (partage de donnĂ©es personnelles sur les rĂ©seaux), trolling (menaces envers les membres de la famille), campagne de dĂ©sinformation


    « Le cyber harcĂšlement est trĂšs efficace pour rĂ©duire au silence » tĂ©moigne la journaliste indĂ©pendante Julie Hainaut, victime de la fachosphĂšre. Eric Morain, son avocat pĂ©naliste, constate l’explosion de cyber attaques avec l’arrivĂ©e de la radio filmĂ©e qui peuvent se prolonger jusque devant les locaux des mĂ©dias. Il regrette le retard de la justice sur le sujet et le manque de coopĂ©ration des plateformes. La cyber violence rejaillit pourtant de plus en plus dans le monde rĂ©el. « Les relevĂ©s d’adresses url sont essentiels pour retrouver la trace des harceleurs » insiste-t-il.

    A noter que l’association Prenons la Une propose des formations et une aide aux journalistes victimes de cyber harcùlement.

    Une charte réseaux sociaux, dont plusieurs grands médias se sont dotés, paraßt essentielle pour mieux protéger les journalistes (cf celle du New York Times, entre autres)

    Revoir la table ronde sur les risques numériques

     

    4/ Faire le lien entre précarité, isolement, et sécurité

     

    AnaĂŻs Denet avait 23 ans quand elle a couvert l’affaire de l’assassinat de la famille Troadec en tant que correspondante de RMC puis de BFM-TV Ă  Nantes. Pigiste, rĂ©munĂ©rĂ©e seulement quand ses propositions sont acceptĂ©es, elle est aspirĂ©e dans la course au scoop, toque aux portes des familles, sans se protĂ©ger, Ă  l’époque oĂč le meurtrier n’est pas connu. « La violence est omniprĂ©sente dans mon mĂ©tier : la violence que j’impose aux gens en allant frapper chez eux, et la violence que je subis », raconte celle qui a totalement vĂ©cu, nuit et jour, pour cette affaire, au point de se mettre en danger.

    « BFM prenait davantage soin de moi, et m’a proposĂ© un suivi psychologique. Mais on peut trĂšs vite se laisser aspirer, et personne ne vous dit d’arrĂȘter».

     

     

    5/ S’inspirer des initiatives de formation aux risques

     

    Leitmotiv tout au long de la journée : le besoin de formation. Ici et là, les choses bougent, mais le chantier reste colossal.

    • En Ă©coles de journalisme

    Une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par Soraya Morvan-Smith (IUT Lannion) auprĂšs des Ă©coles de journalisme reconnues rĂ©vĂšle que celles-ci ne mettent plus les risques de cĂŽtĂ©, que ce soit en ateliers pratiques, en cours de dĂ©ontologie, de sociologie, ou lors de rencontres avec des professionnels. « Elles font le choix de dire la vĂ©ritĂ©, tout en essayant de ne pas ĂȘtre anxiogĂšnes », indique-t-elle. Certaines Ă©coles font intervenir des reprĂ©sentants de la police, des avocats.

    Une autre Ă©tude, rĂ©alisĂ©e par deux Ă©tudiantes de l’IPJ Dauphine, Manon Minaca et MĂ©lodie Taberlet, rĂ©vĂšle que le premier risque redoutĂ© par les Ă©tudiants est celui de la prĂ©caritĂ© financiĂšre, bien avant les risques psychologiques ou de terrain. Ils expriment un trĂšs fort besoin de formation concrĂšte, via des retours d’expĂ©rience, comme par exemple « apprendre Ă  dialoguer, Ă  nĂ©gocier » pour dĂ©samorcer une confrontation violente. Mais aussi un besoin de ressources pour mieux connaitre ses droits, savoir qui prĂ©venir en cas d’arrestations arbitraires, etc.

    • Dans les rĂ©dactions

    Parmi les formations citées, celle sur le cyber harcÚlement à France Télévision, un module de premiers secours à France Médias Monde, un module de six jours pour les 126 correspondants de ce groupe présents en zone dangereuse, puis un appui à la décision à distance


    Au ProgrĂšs et au Bien Public, le sujet a Ă©tĂ© dĂ©battu en Commission santĂ©, sĂ©curitĂ© et conditions de travail (CSSCT), avec les organisations syndicales, afin d’établir des procĂ©dures. Des formations ont Ă©tĂ© menĂ©es sur la conduite Ă  tenir en cas d’agression, sur la façon de vivre les violences verbales de façon plus distanciĂ©es, mais aussi sur la nĂ©cessaire prudence dans la gestion de ses rĂ©seaux sociaux. « Une des difficultĂ©s est externe : quand on porte plainte, le classement sans suite est systĂ©matique », dĂ©nonce Xavier AntoyĂ©, rĂ©dacteur en chef. Un document a Ă©tĂ© conçu pour prĂ©parer les journalistes au dĂ©pĂŽt de plainte, mais Ă©galement oĂč des stickers magnĂ©tiques sont mis Ă  disposition pour cacher les logos sur les vĂ©hicules du journal, quand les journalistes se rendent sur certains terrains.

     

    La dĂ©monstration d’un fossĂ© profond entre journalistes et forces de l’ordre

    « Certains confrĂšres ont Ă©tĂ© directement chargĂ©s par les forces de l’ordre. Oui, plusieurs collĂšgues ont Ă©tĂ© visĂ©s, je l’ai vĂ©cu (…) Comment on fait pour travailler si on est pris en Ă©tau entre les deux camps? Dans ces moments-lĂ , trĂšs prĂ©cis, ça fait peur, on n’était pas les bienvenus, on n’a pas l’impression d’ĂȘtre en dĂ©mocratie…« , explique Estelle Henry.

    Aline Leclerc insiste : « Au moins deux collĂšgues du Monde se sont vus retirer leurs lunettes et leurs masques et nous n’avons jamais eu de rĂ©ponse claire sur ce sujet par la prĂ©fecture… »

     

    Egalement Ă  revoir, la table ronde « Les dessinateurs de presse, hier et aujourd’hui : un mĂ©tier Ă  risque? »

     

  •  

    La 11e ConfĂ©rence nationale des mĂ©tiers du journalisme se tiendra le mardi 4  mai 2021 de 9h15 Ă  17h30, en format webinaire en direct et en vidĂ©o depuis le Celsa. Son thĂšme : les nouveaux risques du journalisme. Les risques encourus se sont amplifiĂ©s et diversifiĂ©s : violences physiques, menaces numĂ©riques, tensions au sein mĂȘme des entreprises de presse. Notre militante Jacqueline Papet, membre active de cet Ă©vĂ©nement, nous en raconte l’enjeu, mais aussi ce qu’est la CNMJ, cet espace de dialogue unique dans la profession depuis 11 ans.

    Des gilets jaunes aux risques numériques, retrouvez tout le programme de la CNMJ du 4 mai.

    Jacqueline Papet est journaliste honoraire. Membre de la CFDT-Journalistes depuis plus de 40 ans, elle a occupĂ© de nombreux mandats en instances : Commission de la Carte, CPNEJ et aujourd’hui elle prĂ©side la section journalistes de la CPNEF audiovisuel. Par ailleurs elle a contribuĂ© Ă  mettre sur pied la CNMJ dont elle reste un membre actif. 

     

    CFDT-Journalistes : Cette année la CNMJ est dédiée aux nouveaux risques du journalisme. Pourquoi ?

    Nous venons de vivre une  affaire assez mĂ©diatisĂ©e :  deux jeunes femmes en butte aux lobbys agroalimentaires de Bretagne, InĂšs LĂ©reau et Morgane Large ont subi des intimidations et des menaces de la part de ce lobby. Nous nous sommes dit : il est quand mĂȘme incroyable qu’en France on puisse ĂȘtre confrontĂ©s Ă  ce type de risques.  D’un point de vue numĂ©rique, entre le cyber harcĂšlement et les portables devenus des mouchards, les mails qui sont piratĂ©s, il y a un risque nouveau. Et persistent toujours les risques anciens : les théùtres de conflit, de tension. Deux confrĂšres ont trouvĂ© la mort au Burkina Faso trĂšs rĂ©cemment. Les risques anciens et les risques nouveaux nous sont apparus comme de bons thĂšmes de dĂ©bat, d’autant qu’ils intĂšgrent le volet formation, l’ADN de la ConfĂ©rence. A l’intĂ©rieur des Ă©coles il faut peut-ĂȘtre se prĂ©parer Ă  maitriser les risques et au moins Ă  les apprĂ©hender.

     

    CFDT-Journalistes : Quels sont pour vous les risques auxquels fait face le journalisme aujourd’hui?

    Comme on vient de le voir, ils sont trĂšs divers ! J’ai longtemps travaillĂ© Ă  RFI . Nous avons eu 4 morts sur le terrain: un en Abidjan, deux au Mali, une en Afghanistan. Donc je suis un peu traumatisĂ©e par ça, et il n’y pas que moi puisque cela a entrainĂ© beaucoup un syndrome post-traumatique  y compris dans les directions de RFI, avec ce questionnement : “est-ce que je continue Ă  envoyer des journalistes sur le terrain?” Et « peut on envoyer des pigistes pour remplacer les statutaires ? « . Cela a dĂ©bouchĂ© sur des cellules de dĂ©briefing qui n’existaient pas Ă  l’époque, et aujourd’hui sur des prĂ©parations aux risques de terrain organisĂ©e par le ministĂšre des ArmĂ©es destinĂ©e aux journalistes.

    Quant aux risques numĂ©riques, je ne les ai pas apprĂ©hendĂ©s car je suis journaliste honoraire. En revanche, il me semble qu’il reste un journalisme trĂšs dangereux : le journalisme d’investigation. Aujourd’hui, des confrĂšres font de l’investigation sur quelques grands scandales liĂ©s Ă  la dĂ©forestation, le soja transgĂ©nique, l’argent de la mafia pour ne citer que quelques thĂšmes. Ils prennent des risques Ă©normes. L’enquĂȘte aujourd’hui est un acte journalistique risquĂ© beaucoup plus me semble-t-il qu’avant et s’additionne aux autres risques.

    Je pense que cette journĂ©e de la CNMJ sera intĂ©ressante dans ce sens. Nous allons entendre beaucoup de tĂ©moignages. Une Ă©tude a Ă©tĂ© faite auprĂšs des Ă©coles de journalisme. De jeunes journalistes vivent des situations que nous, les plus anciens, n’avons pas vĂ©cu.

     

    CFDT-Journalistes : Vous faites partie des personnes Ă  l’origine de la crĂ©ation de la CNMJ. Elle est nĂ©e Ă  partir de quels besoins ?

    Nous rĂ©flĂ©chissions sur le paritarisme qui montrait ses limites. Ca a Ă©tĂ© le cas dans diffĂ©rentes instances journalistiques et notamment quand j’étais Ă  la CPNEJ (la Commission Nationale Paritaire de l’Emploi et des Journalistes). TrĂšs souvent on Ă©tait camp contre camp, pour ne pas dire classe contre classe, et ça n’avançait pas vraiment.

    A l’époque, FrĂ©dĂ©ric Mitterand, ministre de la Culture, a eu l’idĂ©e de crĂ©er une instance qui ne soit pas uniquement paritaire mais Ă©largie Ă  d’autres acteurs notamment aux Ă©coles pour discuter des questions de formation. Il m’a demandĂ© Ă  moi et Ă  deux directeurs d’école d’essayer d’imaginer une structure, conçue comme un think-tank, une boite Ă  idĂ©es, oĂč on rĂ©flĂ©chirait Ă  plusieurs : les syndicats mais aussi tous ceux qui s’occupent de formation, les chercheurs, les pouvoirs publics, et qui pourraient essayer de rĂ©flĂ©chir sur comment on pourrait mieux adapter la formation Ă  l’évolution des mĂ©tiers et des mĂ©dias. Il y a 10 ans, on Ă©tait dĂ©jĂ  dans une explosion de nouveaux mĂ©tiers et de mĂ©dias qui ont complĂštement changĂ© d’allure. Il fallait adapter la formation. La premiĂšre Ă©dition de la CNMJ a Ă©tĂ© organisĂ©e en septembre 2010.

     

    CFDT-Journalistes: Vous prenez part à divers lieux de réflexion sur la profession. En quoi la CNMJ est un évÚnement si particulier ? 

    Sont rĂ©unies des personnes qui n’ont pas forcĂ©ment d’intĂ©rĂȘts divergents. TrĂšs souvent par exemple Ă  la CPNE audiovisuel ou Ă  la CPNEJ, nous pouvons avoir Ă  un moment donnĂ© des intĂ©rĂȘts contradictoires. A la commission de la carte c’est pareil. A la CNMJ il y a simplement, comme dans les think tank, des gens qui se rĂ©unissent, qui essaient de rĂ©flĂ©chir, de faire progresser une rĂ©flexion et Ă©ventuellement de faire des prĂ©conisations.

    Ce qui me parait important aussi : on publie systématiquement les actes de la conférence sous forme papier, parce que nous croyons toujours au papier. Tous les actes de la conférence, comme Les journalistes et les gens en 2020, Les journalistes doivent-ils innover en 2019, ont été publiés. (Voir sur le site de la CNMJ).

     

    CFDT-Journalistes : Parmi les actions concrĂštes que vous avez menĂ©es, nous pouvons citer l’harmonisation des critĂšres de reconnaissance du mĂ©tier de journalisme entre la profession et le ministĂšre et le passeport professionnel. Une rĂ©ussite d’un cĂŽtĂ©, un Ă©chec de l’autre.

    L’harmonisation a Ă©tĂ© une rĂ©ussite et nous en sommes fiers. Il y avait d’un cotĂ© les critĂšres de reconnaissance de la profession et de l’autre cĂŽtĂ© ceux du ministĂšre. Nous avons rĂ©ussi Ă  harmoniser les deux Ă  l’issue d’un travail commun avec la CPNEJ. 

    En revanche, le passeport professionnel a Ă©tĂ© une excellent idĂ©e, mais n’a pas abouti. Il s’agissait de  donner un minimum de 100 heures de formation aux journalistes qui n’ont pas eu l’opportunitĂ© ou qui n’ont pas voulu passer par une Ă©cole de journalisme, pour qu’ils apprennent les rĂšgles d’éthique et de dĂ©ontologie indispensables pour exercer correctement son mĂ©tier. LĂ , on peut parler d’intĂ©rĂȘts contradictoires : on Ă©tait tous d’accord, mais quand il a fallu mettre l’outil Ă  disposition de tous, une partie des employeurs a dit : “non, on ne peut pas ĂȘtre sur la base de l’obligation, ça ne peut ĂȘtre que sur la base du volontariat”. Les responsables des journaux n’adhĂ©raient pas totalement à cette idĂ©e de passeport parce qu’il fallait remplacer les personnes qui seraient prises en formation, que cela coutait de l’argent, que cela ne leur semblait pas quelque chose de fondamentalement utile. Le passeport a fonctionnĂ© dans deux ou trois Ă©coles une ou deux fois et aprĂšs c’était terminĂ©. C’est trĂšs dommage.

     

    CFDT-Journalistes : Comment Ă©valuez-vous le rĂŽle que joue la CFDT dans ce type d’évĂšnements qui rĂ©flĂ©chissent sur l’avenir du mĂ©tier et qui essaient de lancer des pistes ?

    La CFDT-Journalistes se veut rĂ©formiste tout en respectant un certain nombre de valeurs. Elle essaye de ne pas ĂȘtre corporatiste et de faire de la mĂ©diation quand cela est nĂ©cessaire. Nous rĂ©flĂ©chissons à nos pratiques professionnelles, Ă  notre dĂ©ontologie, Ă  notre Ă©thique. Sur certains dossiers  nous avons une vision un peu originale, car intercatĂ©gorielle.

  • L’Ă©ducation aux mĂ©dias se dĂ©veloppe, les initiatives foisonnent : c’est une bonne nouvelle ! De nombreux journalistes s’y investissent. Pour se doter d’objectifs et mĂ©thodes communs, tout en gardant la diversitĂ© des approches, une certification des intervenants est en cours de rĂ©flexion. La CFDT participe aux travaux prĂ©liminaires, grĂące Ă  son engagement au sein des commissions paritaires nationales emploi formation qui concernent les journalistes. 

    L’assassinat de Samuel Paty en octobre dernier a accĂ©lĂ©rĂ© la rĂ©flexion ‹entamĂ©e depuis quelques temps au sein de la section journalistes de la ‹CPNEF audiovisuelle (oĂč la CFDT est reprĂ©sentĂ©e par Jacqueline Papet) autour de l’éducation aux mĂ©dias et Ă  ‹l’information (EMI). AprĂšs quelques rĂ©unions, la‹ commission a estimĂ© qu’il Ă©tait opportun de crĂ©er une certification interbranche pour les professionnels de l’audiovisuel et de la presse qui ‹interviennent dans les Ă©tablissements scolaires ou dans les structures ‹qui accueillent des jeunes.

    Beaucoup d’initiatives existent dĂ©jĂ  mais de façon dispersĂ©e. Doter ‹ces bonnes volontĂ©s de compĂ©tences reconnues paraĂźt indispensable pour‹ qu’elles aient en commun une mĂ©thode, un rĂ©fĂ©rentiel, mais aussi encourager des personnes tentĂ©es par l’aventure mais ayant besoin de bases. Cette nouvelle formation, qui pourrait durer entre trois et dix jours, donnera lieu Ă  un CQP ou CCP (Certificat de compĂ©tences professionnelles) intitulĂ© ‘Eduquer aux mĂ©dias et Ă  l’information’

    Une étude imminente

    Comme cela avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© fait il y a quelques annĂ©es pour une Ă©tude‹ sur l’insertion des diplĂŽmĂ©s en journalisme, les deux autres CPNE ‹concernĂ©es ont Ă©tĂ© sollicitĂ©es : la CPNE Presse (la CFDT y est‹ reprĂ©sentĂ©e) a dĂ©jĂ  donnĂ© ‹son accord officiel et participera au financement du projet. La CPNEJ (oĂč la CFDT est aussi reprĂ©sentĂ©e) ‹s’est dĂ©clarĂ©e trĂšs intĂ©ressĂ©e, notamment pour Ă©tudier comment les Ă©coles de journalisme reconnues pourraient avoir un rĂŽle Ă  jouer en tant qu’opĂ©rateurs de la certification. L’Afdas et le CLEMI (Centre pour l’éducation aux mĂ©dias et Ă  ‹l’information) seront tout naturellement les partenaires de ‹l’initiative.

    On peut considĂ©rer que l’idĂ©e est maintenant en cours de rĂ©alisation. Les membres de la CPNEF de l’audiovisuel ont rĂ©digĂ© le cahier des charges d’un appel d’offres, sur le point d’ĂȘtre lancĂ©, en vue de trouver le prestataire d’une Ă©tude sur l’ingĂ©nierie de la certification, et cela dans le cadre d’un EDEC ‹(Engagement de dĂ©veloppement de l’emploi et des compĂ©tences).

    Les premiers stagiaires dĂšs 2022

    Cette Ă©tude visant Ă  rĂ©aliser le rĂ©fĂ©rentiel de compĂ©tences et construire la certification pourrait ĂȘtre lancĂ©e fin mai et livrĂ©e Ă  la rentrĂ©e de septembre 2021. Durant cette pĂ©riode, les porteurs de l’Ă©tude chercheront Ă  recueillir les retours d’expĂ©riences, observations et prĂ©conisations d’acteurs de l’Ă©ducation aux mĂ©dias (si c’est votre cas, n’hĂ©sitez pas Ă  contacter CFDT)-Journalistes, qui transmettra).

    De novembre 2021 Ă  janvier 2022 pourraient ĂȘtre agréés les organismes de formation susceptibles de dĂ©livrer cette formation, pour de premiĂšres entrĂ©es en formation en fĂ©vrier-mars 2022.


    ‹Qu’est-ce qu’une CPNEF ?

    La Commission paritaire nationale emploi, formation est une instance composĂ©e Ă  Ă©galitĂ© en nombre de reprĂ©sentants des organisations syndicales des salariĂ©s d’un cĂŽtĂ© et de reprĂ©sentants des employeurs de l’autre. Elle a plusieurs missions: l’analyse prospective de l’Ă©volution qualitative et quantitative des mĂ©tiers et qualifications de son secteur; l’Ă©tude des moyens de formation existants; l’examen des mesures propres Ă  assurer la pleine utilisation, l’adaptation et le dĂ©veloppement de ces moyens, la formulation des orientations Ă  donner aux actions de formation, la dĂ©finition des prioritĂ©s dans le domaine de la formation professionnelle, etc.


    Lire l’avis du Conseil Ă©conomique social et environnemental (CESE) de 2019 prĂ©conisant notamment de mieux former les acteurs et les actrices intervenant dans le domaine de l’éducation aux mĂ©dias et Ă  l’information (EMI)

     

  • Depuis dĂ©cembre sont en vigueur un nouveau rĂ©fĂ©rentiel des attendus des programmes et de nouveaux critĂšres de reconnaissance des Ă©coles de journalisme. ProcĂ©der Ă  l’actualisation des documents fut un long chantier, menĂ© par les membres de la Commission paritaire nationale pour l’emploi des journalistes (CPNEJ), dont CFDT-Journalistes fait partie.

     

    Actuellement, les Ă©coles reconnues sont au nombre de 14. Leur reconnaissance est renouvelĂ©e tous les quatre ans, sur dossier. Mais rĂ©guliĂšrement d’autres Ă©coles de journalisme privĂ©es ou publiques – ainsi que des filiĂšres de formation dans certains IUT ou universitĂ©s – souhaitent avoir une reconnaissance de la profession. Ils doivent alors dĂ©poser un dossier Ă  la CPNEJ, une commission mixte rĂ©unissant syndicats de salariĂ©s et d’employeurs.

    La rĂ©daction du premier rĂ©fĂ©rentiel et des critĂšres remontait aux annĂ©es 2000. Une vingtaine d’annĂ©es durant lesquelles le monde des mĂ©dias a beaucoup Ă©voluĂ©. La CPNEJ et la CEJ (ConfĂ©rence des Écoles de Journalisme) Ă©taient donc en attente de textes rĂ©pondant aux changements d’exercice du mĂ©tier sous toutes ses formes. Depuis 2018 le groupe de travail dĂ©diĂ© de la CPNEJ (auquel CFDT Journalistes a participĂ©) a travaillĂ© notamment sur la base d’une enquĂȘte menĂ©e auprĂšs des Ă©coles et Ă©changĂ© rĂ©guliĂšrement avec les entreprises de mĂ©dia comme avec les reprĂ©sentants de la CEJ.

    En dĂ©cembre 2020 deux documents ont Ă©tĂ© signĂ©s par les partenaires sociaux, et adjoints Ă  la Convention collective : l’accord portant sur la dĂ©finition des critĂšres de reconnaissance, et celui, annexĂ© Ă  cet accord, dĂ©taillant le rĂ©fĂ©rentiel commun des compĂ©tences attendues dans les diverses formations au journalisme.

    Web et lutte contre les fausses informations

    Le rĂ©fĂ©rentiel repose sur quatre thĂ©matiques dĂ©finissant les contenus des enseignements : les techniques et fondamentaux du mĂ©tier, la profession, l’entreprise d’information et la culture gĂ©nĂ©rale.

    Est par exemple dĂ©sormais attendu de « maĂźtriser un content management system (CMS)« , d’ »apprendre Ă  travailler avec un dĂ©veloppeur web« , de « savoir produire pour les rĂ©seaux sociaux et gĂ©rer des communautĂ©s » ou encore d’ »ĂȘtre capable d’interagir avec les publics (lecteurs, tĂ©lĂ©spectateurs, internautes…)« .  La dĂ©ontologie s’Ă©tend Ă  la promotion des outils pour lutter contre les fausses informations et Ă  la lutte contre les stĂ©rĂ©otypes et les discriminations.

    Marché du travail et paritarisme au menu

    Au registre Ă©conomique et social, toutes les Ă©coles sont tenues de consacrer, par exemple, des enseignements sur la rĂ©munĂ©ration Ă  la pige, sur les structures paritaires de la profession, sur les syndicats de journalistes, sociĂ©tĂ©s de journalistes et sociĂ©tĂ©s de rĂ©dacteurs…

    Les Ă©tudiants doivent ĂȘtre informĂ©s de l’état du marchĂ© du travail par type de mĂ©dias et par fonction ou encore ĂȘtre prĂ©parĂ©s Ă  la crĂ©ation d’une entreprise d’information. Ils doivent savoir ce que sont les aides Ă  la presse et la contribution Ă  l’audiovisuel public, et les cours sur les caractĂ©ristiques Ă©conomiques et industrielles des entreprises d’information doivent Ă©voquer le financement participatif !

    Consulter tout le référentiel des attendus des formations

    La durée des stages précisée

    Certains critĂšres ont Ă©tĂ© durcis, car des Ă©tablissements demandent une reconnaissance avec des Ă©quipes non dĂ©diĂ©es Ă  la formation des journalistes et avec des stages de six mois consĂ©cutifs. Chaque cursus doit bĂ©nĂ©ficier d’un encadrement pĂ©dagogique dĂ©diĂ© principalement Ă  la formation des journalistes et suffisamment pĂ©renne. Les stages peuvent reprĂ©senter entre 16 et 26 semaines pour un cursus de deux ans, entre 24 et 39 semaines pour un cursus de trois ans. Mais un mĂȘme stage ne peut dĂ©passer dix semaines.

    Consulter les critĂšres de reconnaissance

     

    Actuellement, la CPNEJ est présidée par Antoine Chuzeville (SNJ) et les représentants de la CFDT sont Marie Goerg Lieby, titulaire, vice-présidente de la CPNEJ, et Dominique Martin, suppléant.

    Nous avons des représentants dans les conseils pédagogiques de toutes les écoles reconnues.

  • 49 Ă©tudiants admis au CUEJ

    Le conseil d’administration du CUEJ (Centre universitaire d’enseignement du journalisme) s’est tenu le 16 juillet Ă  Strasbourg, Ă  la fois en distanciel avec le prĂ©sident Victor Rocaries au tĂ©lĂ©phone et deux reprĂ©sentants des Ă©tudiants en visioconfĂ©rence.

    TrĂšs peu de cours ont Ă©tĂ© annulĂ©s au CUEJ malgrĂ© la crise sanitaire. Sauf que la dĂ©localisation des Ă©tudiants de M2 Ă  l’Ă©tranger a Ă©tĂ© hĂ©las annulĂ©e et que certains cours sur le terrain des M1 n’ont pas pu ĂȘtre rĂ©alisĂ©s et ne le seront qu’Ă  la rentrĂ©e. Le directeur du CUEJ, Christophe Deleu, a rendu hommage Ă  « l’investissement de l’Ă©quipe pĂ©dagogique ».

    Le concours d’entrĂ©e 2020, Ă©videmment sans Ă©preuve en prĂ©sentiel suite aux nouvelles modalitĂ©s, a rĂ©uni 854 candidats pour l’Ă©crit soit 150 de plus que l’an dernier. Quelque 200 candidats ont Ă©tĂ© retenus pour les Ă©preuves orales et au final, 49 ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s. Parmi eux, 8 Ă©tudiants du Grand Est dont 7 Alsaciens, 14 de l’Ile de France, quatre de Bretagne, 3 de Bourgogne, etc. Leur formation d’origine ? Sciences Po prĂ©domine puis Info-Com, lettres, sciences sociales, droit, histoire etc. La moitiĂ© des candidats ont fait des PrĂ©pa dont l’AcadĂ©mie ESJ Lille pour 8 sur 49 et la Chance, 4 sur 49. Enfin, douze Ă©tudiants sont boursiers soit 25%. RĂ©ponse du directeur Ă  la question d’un dĂ©lĂ©guĂ©-Ă©tudiant : « La procĂ©dure a pris du temps, les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© plus tardifs c’est vrai ». Satisfaction par rapport au cursus de journalisme franco-allemand opĂ©rĂ© avec l’universitĂ© de Fribourg puisqu’il y a eu assez de candidats.

    Renouvellement

    Pour accueillir les anciens et futurs Ă©tudiants du CUEJ, plusieurs nouvelles tĂȘtes parmi le personnel administratif. Chez le personnel enseignant, plutĂŽt des confirmations d’intervenants suite Ă  des dĂ©parts. Sont ainsi nommĂ©s Yannick Olland (RTL, Reporter, Strasbourg), RĂ©gis Massini (JRI France 2 Strasbourg), Christophe BuschĂ© (JRI indĂ©pendant, auteur de plusieurs documentaires), AurĂ©lia Braud (rĂ©alisatrice TV) et Charlotte Dorn, rĂ©dactrice DNA. RaphaĂ«lle Briaud qui Ă©tait directrice des Ă©tudes Ă  son arrivĂ©e il y a quelques mois obtient de litre de directrice adjointe, chargĂ©e des relations avec le monde professionnel, de l’alternance et de la spĂ©cialisation Ă©crite Presse Ă©crite et multimĂ©dia ou PEM. Elle devient aussi responsable de la spĂ©cialisation Presse Ă©crite multimĂ©dia en M2 et des enseignements de ce domaine en M1, cette option Ă©tant ainsi renforcĂ©e. CĂŽtĂ© budget, l’UNISTRA (UniversitĂ© de Strasbourg) finance entre autres deux projets (Ă©quipement de tournage, ordinateurs pour le personnel) Ă  hauteur de 12 000 euros. Parmi les autres points Ă©voquĂ©s, figurait aussi la notification des critĂšres de sĂ©lection pour les Ă©tudiants aspirant Ă  telle ou telle spĂ©cialitĂ©. DĂ©sormais ce sera fait et ces critĂšres objectifs figureront sur le site internet du CUEJ.

    Jurisprudence

    Anne Beyl, reprĂ©sentante SNJ, avait pris la parole au nom des trois syndicats SNJ, SNJ-CGT et CFDT Journalistes, pour demander une rĂ©ponse aux dolĂ©ances de Jonathan T. un Ă©tudiant Ă©vincĂ© de la filiĂšre rĂ©dacteur TV (10 places seulement…) qu’il souhaitait ardemment rejoindre en M2 et dont il a Ă©tĂ© empĂȘchĂ©. Alors qu’il pensait avoir les qualitĂ©s et sans qu’on lui en ait communiquĂ© les raisons. Un tel cas ne devrait plus se reproduire, grĂące Ă  l’intervention de cet ancien Ă©tudiant, relayĂ©e en particulier par la reprĂ©sentante de CFDT Journalistes.

    M.GL PubliĂ© le :  Dimanche, 9 AoĂ»t, 2020

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