Après 711 jours de détention, la bonne nouvelle est tombée ce lundi 20 mars en début d’après-midi : notre confrère Olivier Dubois est enfin libre.
Pigiste travaillant notamment pour Libération, il était retenu otage d’un groupe jihadiste depuis près de deux ans, après sa capture le 8 avril 2021 à Gao, au Mali. C’était le dernier otage Français dans le monde.
En milieu d’après-midi, il est arrivé à l’aéroport de Niamey.
« Il est en bonne santé. Soulagement immense pour la Nation, pour ses proches et ses confrères journalistes. Grande reconnaissance au Niger pour cette libération », souligne de son côté le président de la République, Emmanuel Macron.
Je viens d’échanger avec Olivier Dubois : il est en bonne santé. Soulagement immense pour la Nation, pour ses proches et ses confrères journalistes. Grande reconnaissance au Niger pour cette libération. https://t.co/MfocFXyVFp
CFDT-Journalistes partage cet après-midi la joie de ses proches et de son Comité de soutien après cette libération qui a fait l’objet de nombreuses réactions, dont celle de Laurent Berger qui n’a pas hésité à s’afficher avec au poignet le bracelet « free Olivier Dubois ».
Quelle bonne nouvelle et quel soulagement. Bravo à tous ceux qui se sont mobilisés pour cette libération et notamment @USJCFDThttps://t.co/llzImxfPEA
Souhaitons maintenant à Olivier de pouvoir jouir en paix de la liberté retrouvée.
La CFDT-Journalistes mobilisée depuis le 1er jour
Cette libération est une issue heureuse à une épreuve douloureuse et à un élan de mobilisation auquel la CFDT-Journalistes a activement participé depuis le jour où a été annoncée sa captivité, date de notre premier communiqué, puis du premier rassemblement à Paris demandant sa libération, où nous étions, jusqu’au week-end dernier, où nos militants ont pris la parole, à nouveau distribué des bracelets, mais aussi obtenu l’engagement de personnalités culturelles et politiques au festival sur la liberté Politeia, à Thionville (lire le discours de notre secrétaire générale adjointe). Diffuser les bracelets verts de l’espoir auprès de nos adhérents et entreprises où sont présentes nos sections syndicales, initier une vidéo fédératrice pour le 500è jour de captivité en aout dernier, prendre contact avec le syndicat de journalistes malien et la maison de la presse du Mali, pour évoquer la situation des autres journalistes maliens captifs, initier un stand de mobilisation aux 48h de la pige à Nantes en 2022, installer un compteur de jours de captivité sur la page d’accueil de notre site web… autant d’actions dans lesquelles nous nous sommes investis avec conviction.
La CFDT-Journalistes présente au rassemblement du 8 juin 2021 place de la République à Paris
La CFDT vous souhaite une très bonne année 2023 ! Plus que jamais combative et solidaire, la CFDT est aux côtés de tous les travailleurs et travailleuses pour relever les défis qui nous attendent. Meilleurs #vœux à tous et toutes. #BonneAnnéepic.twitter.com/U9nsBbDMy3
La solidarité avec les travailleurs et les autres militants syndicaux de par le monde est dans l’ADN de la CFDT. La CFDT-Journalistes aussi est impliquée, comme le montrent nos engagements tout au long de l’année année 2022.
Deux congrès avec des militants journalistes du monde entier
Membres de la FIJ et de la FEJ, nous participons activement à ses travaux. En 2022 nous avons ainsi été présents à ces deux temps forts :
Congrès mondial de la Fédération internationale des journalistes du 31 mai au 3 juin, à Mascate (Oman). Plus de 250 représentants de syndicats et associations de journalistes originaires de 92 pays, pour débattre de l’espionnage des journalistes et de la lutte contre l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes et les travailleurs des médias.
Yémen, Palestine, Afghanistan, Syrie, Érythrée, Turquie, Mexique, Russie, Chine, Ukraine et hélas tant d’autres… La CFDT #Journalistes aux côtés de nos consœurs et confrères assassinés, emprisonnés, torturés, menacés partout dans le monde @USJCFDT#IFJCONGRESS2022pic.twitter.com/8oH79e1zpQ
Lors de ce congrès notre militante Manuela Bermudez est aussi entrée au Conseil de genre de la FIJ (Gender Council)
Assemblée générale de la Fédération européenne des journalistes mi-juin à Izmir (Turquie). Un pays qui détient le triste record de 34 journalistes emprisonnés. Y aller, c’est aussi soutenir les consœurs et confrères. Et pour la 1ere fois de son histoire, une femme préside la FEJ !
Vous voulez en savoir plus sur la FIJ en 60 secondes ? Ici un récap de son activité en 2022 :
De terribles décomptes : les journalistes tués dans l’exercice de leur métier
Le 2 novembre, journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes nous avons listé tous les journalistes français tués depuis 1989, et leur décès est toujours à l’étranger, été présents lors de l’hommage annuel à Ghislaine Dupont, Claude Verlon et Camille Lepage. En 2022, la mort de Frédéric Leclerc-Imhoff notre confrère journaliste à BFM-TV, tué en Ukraine le 30 mai, a encore alourdi cette liste. Nous avons été présents son hommage et mis nos réseaux sociaux en berne.
Cette année, nos pensées vont aussi particulièrement vers Shireen Abu Akleh, journaliste américano-palestinienne de la chaîne de télévision panarabe Al-Jazira tuée le 11 mai alors qu’elle couvrait une opération de l’armée israélienne à Jénine, en Cisjordanie occupée.
Aider à obtenir la carte de presse internationale
Enfin, cette année encore, nous avons aidé des journalistes en France à faire leur métier : des journalistes réfugiés, ayant besoin d’informations sur leurs droits, d’un soutien à l’obtention du droit d’asile, d’une relecture de CV pour les aider à s’insérer professionnellement. Ou encore à obtenir une carte de presse internationale : car ils sont journalistes mais n’ont pas la carte de presse française, ou car ils en avaient besoin pour partir en reportage à l’étranger.
Ceux qui couvrent l’actualité internationale des médias français sont en très grande majorité des pigistes, vivant à l’année dans ces médias. Nous les conseillons toute l’année et les défendons en entreprise (comme à Bayard où nous avons créé un annuaire des correspondants de La Croix touchés par des baisses de revenus, en vue de les aider à trouver des piges dans les autres titres du groupe), ainsi qu’à la Commission de la carte. Leur prise en compte par les rédactions est très défaillante et leur protection sociale subit les conflits de normes à l’international : ils ne sont en rien sécurisés.
Nous n’avons pas cessé notre lobbying pour la libération de notre confrère otage au Mali, par des rassemblements physiques, communiqués, courriers, une vidéo, une opération bracelets en partenariat avec son comité de soutien. Nous n’avons pas oublié les deux journalistes maliens également otages actuellement et avons dénoncé la coupure de RFI et France 24 au Mali.
Depuis le 8 décembre 2022, 20è mois de captivité d’Olivier Dubois, la CFDT-Journalistes, en accord avec le comité de soutien #FreeOlivierDubois, diffuse ses rubans verts d’espoir, avec ce message « Je n’oublie pas #FreeOlivierDubois ».
Nos adhérents journalistes ont reçu chez eux une enveloppe avec un ruban, et été invités à en demander d’autres s’ils le souhaitent. Certaines de nos sections en entreprises se sont particulièrement mobilisées en en diffusant en interne. D’autres en ont apporté en conférences de presse, profitant d’y croiser de consoeurs et confrères, ou alors en diffusent dans leur club de la presse, leur espace de coworking… La confédération CFDT s’est aussi engagée, avec Laurent Berger, mais pas que.
Rétrospective du lancement de cette diffusion, en images :
Opération mise sous pli aux adhérents journalistes : un courrier expliquant la démarche + un ruban
Des courriers partis aux adhérents dans toute la France
Dans les locaux de France3 Lille, nos militants ont mis les rubans à disposition des salariés
Chez M6 !
Se retrouver à 4-5 collègues, syndiqués ou non, et témoigner de sa solidarité
En réunion à la CPNEJ (Commission paritaire nationale de l’emploi des journalistes) nos militantes ont distribué les rubans aux participants (autres syndicats + représentants des employeurs)
Réunis le 13 décembre, les pigistes CFDT sont repartis chacun avec des bracelets à diffuser autour d’eux, dans leurs régions
Olivier Dubois, notre confrère pigiste, correspondant au Mali du PointAfrique, de Libération, de Jeune Afrique, est otage au Mali depuis le 8 avril 2021.
Sa longue captivité est un affront terrible à la liberté de la presse, à la conception que nous nous faisons de notre métier : témoigner, enquêter, partout, même et surtout quand l’information est menacée. Olivier a choisi d’exercer ce métier de façon intransigeante, et nous le respectons infiniment pour cela.
Sa captivité nous rend tristes et en colère. Mais nous pensons que nous ne sommes pas impuissants. Son sort ne dépend pas que des tractations en haut lieu. Il dépend aussi d’une opinion publique sensible à l’urgence de sa libération. Pour cela, il nous faut penser à lui, parler de lui, montrer que nous sommes ses alliés, que nous ne l’oublions pas, que nous voulons et demandons sa libération, sans tarder !
En collaboration avec le comité de soutien #FreeOlivierDubois, CFDT-Journalistes a édité des rubans en vue d’aider chacun à montrer son soutien très concret. Ils sont verts, la couleur de l’espérance.
Nous invitons les journalistes à le porter au quotidien et à se prendre en photo avec pour témoigner ainsi sur les réseaux sociaux avec le #FreeOlivierDubois.
Pour nous, la CFDT-Journalistes, cette action est la continuité de notre engagement dès le premier jour où nous avons appris son enlèvement. Communiqués CFDT ou intersyndicaux (y compris en rappelant aussi la captivité d’autres journalistes, maliens, otages au Mali), présence lors de divers rassemblements organisés par son comité de soutien, tournage d’une vidéo pour le 500è jour avec une trentaine de personnalités en aout dernier, courriers aux ministres…
Notre syndicat se bat toute l’année pour que les journalistes aient les moyens d’exercer leur métier. CFDT-Journalistes collabore avec des syndicats de journalistes du monde entier (au sein de la Fédération internationale et à la Fédération européenne des journalistes), pour défendre ces valeurs au-delà de nos frontières.
Et si ce ruban vert fait parler, nul doute que cela pourra être le début d’une conversation salutaire sur la place capitale des journalistes dans notre monde.
PS : si tu souhaites obtenir des rubans, organiser une distribution dans ta rédaction par exemple, écris-nous à journalistes@f3c.cfdt.fr
Au 500ème jour de captivité de notre confrère journaliste pigiste Olivier Dubois, correspondant au Mali de Libération, le Point Afrique et Jeune Afrique, la CFDT-Journalistes participe à une vidéo d’une trentaine d’acteurs de la profession, de militants des droits et des proches d’Olivier, pour demander sa libération. Que cet appel soit entendu par tous ceux qui pourront y oeuvrer, et qui sait, par Olivier !
Demain sera le 500è jour qu'Olivier Dubois passe en captivité. Confrères, acteurs de la profession, famille et amis en France et au Mali lancent un appel.#FreeOlivierDuboispic.twitter.com/1d0yBe5N0x
— Soutien à Olivier Dubois – #FreeOlivierDubois (@FreeOlivierDub1) August 19, 2022
Texte de la vidéo :
500 jours ont passé. 16 mois maintenant qu’on a appris la captivité d’Olivier Dubois. Le 8 avril 2021, il a été enlevé dans le nord du Mali. Enlevé par un groupe armé pendant qu’il faisait son travail. Simplement parce qu’Olivier est un journaliste.
Il écrit sur un terrain difficile, la région du Sahel. On peut le lire dans le quotidien Libération, dans le journal Jeune Afrique, dans le cycle Point Afrique du magazine Le Point. Il a aussi travaillé pour le Journal du Mali. C’est là, à Bamako, qu’il a choisi de vivre il y a 6 ans avec sa famille. Olivier est un journaliste sérieux, qui fait preuve d’un grand professionnalisme. Son travail est nécessaire.
C’est pourquoi, maintenant, cette captivité doit cesser. Parce qu’il en va de la liberté de la presse, du droit de chacune et de chacun d’être informé correctement. Du droit de chaque journaliste de pouvoir faire son métier sans que l’on mette en péril sa vie.
Le sort d’Olivier nous concerne tous. Nous ses proches. Nous citoyennes et citoyens du Mali. Nous citoyennes et citoyens de France, jusqu’aux Outre-mer. Nous, organisations syndicales. Nous défenseurs de la liberté de la presse. Nous défenseurs des droits humains.
Nous lançons à nouveau un appel à toutes les personnes qui pourront œuvrer pour la libération d’Olivier. Pour qu’il n’y ait plus besoin d’autres vidéos comme celle-ci. Pour que l’on ne doive plus compter les jours jusqu’à l’infini.
Ce texte s’achève par un message du fils d’Olivier, attendant son papa.
Notre confrère Olivier Dubois est otage au Mali depuis presque 500 jours. La CFDT-Journalistes, le SNJ, le SNJ-CGT et le SGJ-FO ont écrit conjointement ce jour à la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna pour demander que tous les efforts soient faits pour sa libération.
A l’attention de
Mme Catherine COLONNA
Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères 37 Quai d’Orsay
75351 Paris cedex 07
Madame la Ministre,
Paris le 19 août 2022
Ce 20 août 2022 marque le 500ème jour de captivité au Mali du journaliste français Olivier Dubois. Il a été pris en otage le 8 avril 2021 dans la région de Gao. L’enlèvement a été revendiqué un mois plus tard par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM).
En tant qu’organisations syndicales représentatives des journalistes en France, nous estimons que la captivité de notre confrère est un drame pour toute la profession. Elle affecte l’essence même de notre métier : le devoir d’informer, malgré les difficultés, les frontières, les menaces. Olivier Dubois paye le prix de sa haute conscience professionnelle, mise au service des lecteurs de médias français. Tous les témoignages de ses collègues convergent pour décrire un professionnel extrêmement rigoureux. Il honore notre profession. Nous lui devons, nous journalistes, nous citoyens, vous madame la ministre, ainsi que tous ceux qui en ont la possibilité, de nous battre pour qu’il soit enfin libéré.
Nous savons combien le contexte diplomatique franco-malien ne facilite pas ce travail. Mais Olivier Dubois ne doit pas subir de relâchement des efforts de la France, et vous l’avez récemment assuré. Nous vous demandons donc instamment de chercher toutes les issues, dans la zone Sahel et au-delà, en vue de contourner les difficultés et de trouver les relais adéquats qui permettront d’aboutir aux retrouvailles de notre confrère et compatriote avec sa famille et ses proches, et de mettre fin à cette entorse insupportable à la liberté de la presse.
Au nom des 35 000 journalistes en France, qui attendent la libération de leur confrère, nous vous remercions de l’intérêt que vous porterez à cet appel et nous vous présentons nos salutations syndicales.
Communiqué commun d’organisations syndicales de journalistes malienne (Union nationale des journalistes du Mali – Unajom), françaises (SNJ, SNJ-CGT et CFDT-journalistes), et internationale (Fédération internationale des journalistes), ainsi que la Maison de la presse du Mali :
Ils sont trois journalistes. Ils couvrent le même pays : le Mali. Un pays qu’ils aiment et où ils vivent. Tous les trois y sont otages, depuis trop longtemps. Probablement pas des mêmes groupes, ni retenus au même endroit. Mais ils partagent sans doute la dureté des conditions de détention, la solitude, et l’angoisse de ne pas savoir quand ils sortiront de ce long tunnel. Leurs proches partagent le même quotidien d’attente et de douleur.
Hamadoun Nialibouly, journaliste malien travaillant pour la radio Dande Douentza (la Voix de Douentza), a été descendu d’un car le 27 septembre 2020, à Mandjo, dans la région de Mopti, alors qu’il rentrait de Bamako après y avoir suivi un atelier de formation de journalistes (dans le cadre du projet Mali Media). Ses ravisseurs ne seraient pas des djihadistes mais une milice de chasseurs traditionnels. Depuis, aucune nouvelle de lui. Il est retenu depuis 17 mois.
Olivier Dubois, journaliste français vivant au Mali depuis six ans avec sa famille, correspondant pour des journaux français (Le Point, Libération, Jeune Afrique) et ayant auparavant travaillé pour Journal du Mali, a été enlevé à Gao le 8 avril 2021. Un enlèvement revendiqué par vidéo le 5 mai 2021 par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, une alliance djihadiste au Sahel affiliée à Al-Qaïda. Il est retenu depuis près de 11 mois.
Moussa M’Bana Dicko, journaliste malien chef des programmes de la radio Dande Haire (La Voix de Haïré), a été enlevé chez lui à Boni (secteur de Douentza) le 18 avril 2021 par des présumés djihadistes. Ils ont expliqué à sa famille qu’il aurait tenu des propos critiques à leur encontre. Depuis son enlèvement seul un ex-codétenu a donné de ses nouvelles, il y a plus de trois mois. Il est retenu depuis 10 mois.
Ces trois journalistes ne faisaient qu’exercer leur métier, malgré les menaces et le contexte de plus en plus difficile.
Aujourd’hui, journalistes de France et du Mali joignent leurs espoirs que leurs confrères soient libérés le plus rapidement possible. Ils demandent à toute personne ou institution, en France ou au Mali, qui aurait une parcelle de pouvoir de faire progresser leur libération, de s’y employer.
Nous, organisations syndicales de journalistes malienne (Union nationale des journalistes du Mali – Unajom), françaises (SNJ, SNJ-CGT et CFDT-journalistes), et internationale (Fédération internationale des journalistes), ainsi que la Maison de la presse du Mali, invitons les journalistes du monde entier et tous ceux qui croient à la mission nécessaire des journalistes à faire connaitre autour d’eux la situation de Hamadoun Nialibouly, Olivier Dubois et Moussa M’Bana Dicko, pour qu’ils ne soient pas oubliés.
Le 2 mars 2022
Contacts : snj@snj.fr, contact@snjcgt.fr, journalistes@f3c.cfdt.fr, ifj@ifj.org, konatedaou@yahoo.fr (Unajom), dantebandiougou75@gmail.com (Maison de la Presse du Mali)
C’est en comité restreint que se sont déroulés les vœux aux associations, organisations et syndicats de presse, mardi 11 janvier 2022 au Palais de l’Elysée à Paris.
Le Président de la République, Emmanuel Macron, y a plaidé en faveur d’une presse libre, forte et indépendante, mais aussi d’une presse de qualité, qui prenne le temps de vérifier et recouper les informations pour lutter contre les « infox », répondre au complotisme et à enfermement algorithmique. Il venait de recevoir le rapport « Les Lumières à l’ère numérique » de la commission Bronner.
Selon la tradition, c’est le président de l’Association de la Presse Présidentielle qui a d’abord présenté ses vœux au Président de la République n’hésitant pas, dans son discours, à le titiller quelque peu sur des thématiques comme le « secret des sources » parfois mis à mal, le « secret d’Etat » trop souvent utilisé pour justifier un manque de transparence, déplorant aussi que dans notre République, des médias puissent être poursuivis pour « violation du secret des affaires » ou que le modèle économique des entreprises de presse soient trop fragile face aux GAFAM.
Mais en premier lieu, il a bien sûr été évoqué la situation d’Olivier Dubois, journaliste pigiste retenu en otage au Mali pour lequel le Président de la République a affirmé « le soutien de la Nation », expliquant, sans donner de détails, que les services de l’Etat sont « pleinement mobilisés » pour obtenir sa libération.
« Distinguer le vrai du faux »
Dans le contexte sanitaire et politique actuel, « jamais le besoin d’une presse forte et indépendante n’a été aussi justifié » a estimé le Président de la République, évoquant une presse qui sait « distinguer le vrai du faux » et « raconter le monde de manière éclairée » : dans le contexte pandémique, Emmanuel Macron estime ainsi que « sans le travail de la presse, la vague des fausses informations aurait été plus puissante et plus dangereuse ».
Le Chef de l’Etat a aussi évoqué l’engagement du pays pour la défense des droits de l’Homme dans le monde, citant entre autres l’initiative Marianne pilotée depuis l’Elysée et rappelant que sur 400 Afghans protégés par la France, un tiers sont des journalistes ; il a aussi rappelé le « combat pour toutes les libertés, y compris celles de la caricature et de la satyre (…) qui sont au cœur de l’Histoire de France et de la liberté de la presse ». L’occasion de préciser que la Maison du Dessin de presse, dont le projet était porté par Georges Wolinski avant son assassinat dans les locaux de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, verra prochainement le jour à Paris, dans le 6e arrondissement.
Estimant encore que « la presse est un bien commun qui relève de l’exigence démocratique et citoyenne », Emmanuel Macron a rappelé que depuis 2020, ce sont 483 millions d’euros qui ont été versés au soutien de la filière presse.
Et d’espérer, avant de souhaiter une bonne année à chacun, que 2022 sera une année de combat pour la réhabilitation de l’information documentée avant de conclure : « Comme je suis optimiste pour la France, je suis optimiste pour la presse ».
Les propositions de CFDT-Journalistes pour des actions concrètes
En marge de cette cérémoinie, CFDT-Journalistes a remis à la ministre de la Culture et de la Communication, Roselyne Bachelot, ainsi qu’au cabinet d’Emmanuel Macron une note revendicative sur les « actions concrètes possibles à court terme pour améliorer concrètement le travail des journalistes »:
LUTTER CONTRE LA PRECARITE ECONOMIQUE ET SOCIALE
Donner des moyens pour lutter contre le travail illégal dans la profession (journalistes rémunérés en autoentrepreneurs ou droits d’auteur au lieu du salariat, cf loi Cressard) et les contrats précaires non autorisés (CDD à répétition, CDDU) : Nommer des inspecteurs du travail dédiés à ces salariés et ces fraudes, créer une cellule interministérielle Culture+Travail, rappeler la loi aux éditeurs.
Accorder une dérogation aux règles internationales de sécurité sociale pour permettre à environ 500 correspondants à l’étranger de médias français, vivant à l’étranger, de bénéficier de la sécurité sociale française et de sortir de l’angoisse de la maladie, l’accident, la grossesse, la vieillesse après une carrière au service de l’info des Français.
AFFIRMER LE ROLE DEMOCRATIQUE DES JOURNALISTES
Dire stop à la montée de la violence envers les journalistes en soutenant la priorisation de la loi portée par le député LREM de Moselle Belkhir Belhaddad, ajoutant les journalistes dans la liste des victimes de violences volontaires amenant des circonstances aggravantes.
Tout entreprendre pour la libération d’Olivier Dubois, otage au Mali.
SOUTENIR UNE INFORMATION DE QUALITE
Soutenir le projet de loi protégeant les lanceurs d’alerte (cf PPL Wasermann) et lutter contre son détricotage en cours au Sénat sous la pression des lobbies : les lanceurs d’alerte sont des informateurs précieux pour les journalistes et doivent être protégés.
Faire entrer les syndicats de salariés dans le paritarisme de la CPPAP pour que l’attribution des aides à la presse prenne en compte la connaissance de l’intérieur des salariés.
A lire aussi, les autres sujets sur lesquels planche CFDT-Journalistes :
Notre confrère pigiste Olivier Dubois a été enlevé au Mali le 8 avril 2021. CFDT-Journalistes reste mobilisée aux côtés de la profession et de son comité de soutien.
La CFDT-Journalistes, cosignataire en mai d’un communiqué intersyndical/FIJ-FEJ, était aussi présente au rassemblement parisien du 8 juin dernier qui a réuni la famille, les amis, les employeurs d’Olivier Dubois, ainsi que RSF, et plusieurs journalistes anciens otages.
Le journaliste français Olivier Dubois a été enlevé le 8 avril à Gao, au Mali. L’information, gardée confidentielle jusqu’ici pour favoriser une libération rapide, a été rendue publique ce 5 mai par la diffusion d’une vidéo de 20 secondes sur les réseaux sociaux, où le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), principal groupe djihadiste malien, revendique l’enlèvement.
« Je m’appelle Olivier Dubois. Je suis Français. Je suis journaliste. J’ai été kidnappé à Gao le 8 avril 2021 par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Je m’adresse à ma famille, à mes amis et aux autorités françaises pour qu’elles fassent tout ce qui est en leur pouvoir pour me faire libérer », déclare-t-il, vêtu d’un costume traditionnel, dans une tente.
Olivier Dubois est journaliste rémunéré à la pige, collaborant à plusieurs journaux et télévisions français : Le Point, Libération, Jeune Afrique, notamment ; mais aussi, Journal du Mali, un journal local. Quelques jours avant son enlèvement, il avait publié dans le Point Afrique une interview du chef d’une organisation autonome de lutte contre les djihadistes en Pays Dogon.
Se présentant sur son compte Twitter comme « Tête chercheuse en mouvement, qui aime découvrir, tout le temps, toujours », Olivier Dubois connait très bien le Mali, pays où il vit depuis plus de cinq ans à Bamako avec sa compagne et ses deux enfants. « Il est extraverti, très humain, va toujours plus loin, tout en maîtrisant parfaitement les situations. C’est un des journalistes les plus connectés et les mieux implantés de la région. C’était sa dernière année avant de rentrer en France et il avait décidé de se consacrer au reportage terrain. Avant sa prise d’otage il partait rencontrer un commandant opérationnel du GSIM« , confie une source proche au Mali.
Journaliste très connaisseur
Le journal la Croix cite les militaires français qui ont pu le rencontrer sur le terrain : « un grand connaisseur de la région » du Sahel, avec « beaucoup de contacts ». « Il est très honnête, très correct, très impartial », affirme l’un d’eux.
Il s’agit du premier enlèvement d’un ressortissant français depuis la libération de la travailleuse humanitaire Sophie Pétronin le 8 octobre 2020, après quatre ans de détention.
Le SNJ, le SNJ-CGT, la CFDT-Journalistes, la FIJ et la FEJ expriment leur solidarité avec la famille d’Olivier Dubois et leur espoir que tout soit fait pour permettre sa libération la plus proche et sûre.
Nous, organisations syndicales représentatives des journalistes en France, en Europe et dans le monde, rappelons que la couverture de l’actualité internationale, notamment dans les zones dangereuses, repose en grande partie sur des journalistes pigistes, correspondants de plusieurs médias, et que ces professionnels méritent une pleine assistance financière, logistique, psychologique, et de la gestion des risques, de la part de leurs rédactions.
Le SNJ, le SNJ-CGT et la CFDT-Journalistes demandent aux différentes directions des médias pour lesquels Olivier Dubois travaille, de tout mettre en œuvre pour sa libération.