Audiovisuel

  • Le 8 novembre, Noëlle Bréham, productrice de l’émission Les P’tits bateaux sur France Inter, révélait dans Télérama qu’elle était en CDD d’Usage (CDDU), avec donc un statut d’intermittente du spectacle, depuis 40 ans. Refusant d’en signer un énième, car elle demandait un CDI, la collaboration s’arrêtait donc là. Jetant une lumière assez crue sur l’arrière-cuisine de la première radio de France, l’émoi suscité invite à regarder la forêt des situations de précarité, qui est érigée en mécanique structurelle de gestion du personnel à Radio France.   

    Mais déjà, il convient de savoir de quoi l’on parle. A Radio France, sont considérés comme journalistes ceux qui concourent aux tranches d’information, en dépendant de rédactions au fonctionnement bien structuré et filière transversale à tout Radio France. Les journalistes sont embauchés en CDI ou CDD et gérés par la DRH centrale, affectés aux rédactions des chaînes nationales ou locales en fonction des postes disponibles. Ils atteignent le CDI après des années de parcours du combattant en CDD de locale en locale, en chaines nationales au gré de potentiels remplacements de titulaires (le bien connu « planning », qui broie des générations de jeunes). Leur précarité est forte, avec son corollaire de climat au travail parfois délétère. Leur surexposition aux violences sexistes et sexuelles, particulièrement documentée par la CFDT, n’en est qu’un exemple.

    La plaie du CDD d’Usage

    Sur les tranches de magazines, les présentateurs/animateurs que l’on entend à l’antenne, aux manettes de ces émissions, sont dénommés producteurs. Ils travaillent de manière beaucoup plus indépendante, leurs salaires sont négociés de gré à gré, sans règles, parfois  plus élevés que les journalistes, parfois beaucoup moins, en fonction du prestige. Mais toutes et tous vivent l’angoisse chaque année dans l’attente de l’annonce des grilles de la saison suivante : chacun est assis sur un siège éjectable. En effet, ils sont presque tous en CDD d’Usage (des CDD sans prime de précarité et avec possibilité dérogatoire de renouvellement), embauchés par la chaîne sur son budget de fonctionnement. La DRH centrale n’en a pas forcément connaissance… sauf quand il faut négocier le départ. Ils ne sont pas dans les effectifs de Radio France.

    Pour la CFDT à Radio France, que ce soit pour les journalistes ou les producteurs/animateurs/adjoints au producteur, un principe commun conduit son action : la défense du CDI, et la négociation de droits accrus pour les précaires. Non, la saisonnalité des programmes n’empêche en rien le CDI. Non, faire tourner dans les locales les jeunes journalistes ne nécessite pas des années de CDD. 

    Puisque l’affaire Noëlle Bréham a braqué les projecteurs sur les producteurs et le CDDU, parlons-en. On peut toujours débattre de la nature journalistique de tel ou tel métier. En revanche, la forme normale de contrat dans le code du travail est le CDI. Radio France justifie d’y déroger par la saisonnalité des émissions, objet d’un grand mercato annuel. L’Etat actionnaire y trouve surtout un moyen de réduire l’affichage des effectifs permanents. Car évidemment, rien n’empêche les changements, même en CDI. C’est une question minimale de stabilité dont quiconque a besoin.

    Des avancées obtenues pour les précaires

    Les militants CFDT de l’entreprise, à l’écoute permanente des salariés, ont ces dernières années obtenu un certain nombre d’intégrations en CDI d’assistants appelés collaborateurs spécialisés. Par ailleurs, en 2017, après des années de Prud’hommes tous gagnés par les producteurs, faute d’obtenir un changement de politique des recrutements, les syndicats négociaient un accord collectif, fixant comme un droit une indemnité de départ en cas de non renouvellement de CDDU après plusieurs années de renouvellements, et ce pour des montants similaires à ceux d’un licenciement. Cela ne règle évidemment en rien l’épée de Damoclès au-dessus de leur tête, et questionne sur cette politique aberrante, préférant mettre la main au porte-monnaie plutôt que de donner une vraie place, durable, à chacun. Mais le filet de sécurité existe désormais.

    Nos militants leur ont aussi négocié des droits (en 2021), tout au long de leurs contrats, pour en réduire la précarité :  des barèmes minimum de salaires, une reconnaissance salariale de l’expérience (faute de prime d’ancienneté), des congés payés et jours fériés (légaux, mais qui ne leur étaient auparavant pas accordés !)…

    Au vu de la dureté de l’État actionnaire et des faibles marges de négociation avec la direction de Radio France, ces avancées, résultat des efforts sans relâches des militants, ne sont pas à minimiser. 

    Une solution : s’engager collectivement

    La gestion des carrières choque, à juste titre, pour des animateurs chers au cœur des auditeurs. Elle doit choquer aussi pour tous les autres. La tâche est grande pour dénoncer, analyser, négocier, construire du collectif dans une entreprise qui joue tant des individualismes.

    Pour relever ce défi, poursuivre les combats engagés, en initier de nouveaux, nous invitons journalistes, producteurs, assistants, et tous les salariés de Radio France à la rejoindre, aux côtés de ses militants chevronnés. 

    Contact : journalistes@f3c.cfdt.fr

     

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  • Des journalistes blessés et pris à partie alors qu’ils font juste leur travail, ça suffit !

    La CFDT-journalistes apporte son plein soutien aux journalistes de Ouest-France et de France 3 Bourgogne-Franche-Comté qui ont été agressés ces derniers jours en reportage sur le terrain, et demande un durcissement de la loi pour mieux protéger les journalistes dans une France où les reporters sont de plus en plus la cible de violences, de menaces, de pressions et d’intimidations.

    Les faits

    Un journaliste de Ouest-France a été roué de coups alors qu’il couvrait, dans la nuit de vendredi 21 au samedi 22 octobre 2022, des faits de tirs de mortiers à Alençon, dans un quartier en proie depuis un an à des violences urbaines sur fond de trafic de stupéfiants. «Il prenait des images et des vidéos lorsque une quinzaine d’individus cagoulés l’ont pris à partie».

    Notre confrère, frappé à coups de poing et de pieds alors qu’il était au sol, a reçu des points de suture à la tête et il s’est vu prescrire trois jours d’incapacité totale de travail.

    Deux jours plus tôt, le mercredi 19 octobre 2022 au soir, deux journalistes de France 3 Bourgogne-Franche-Comté suivaient une équipe de militants écologistes qui venaient de saboter une opération d’abatage de loup par la préfecture du Doubs, lorsqu’ils ont été pris à partie par « une trentaine d’éleveurs des environ ».

    Une tractopelle a déversé du fumier sur le chemin où étaient garés les véhicules des militants écologistes et de l’équipe de France 3. Les images diffusées par la chaîne montrent des hommes en colère s’en prendre à eux, en visant leur matériel, que l’équipe de France 3 tente de protéger. « Vous nous faites chier ! Fais gaffe à ta gueule (…) Foutez le camp de là », éructent les éleveurs.

    Le journaliste reporter d’images qui tenait la caméra s’est vu prescrire dix jours d’interruption temporaire totale (ITT).

    Il faut réviser la loi

    Sur la base de la loi actuelle, les agresseurs des journalistes de Ouest-France et de France 3 ne seront pas jugés de la même manière car la loi est mal faite.

    Si un journaliste n’est pas grièvement blessé (avec une ITT inférieure ou égale à 8 jours), comme c’est le cas du journaliste de Ouest-France, son agresseur ne risque qu’une amende courante de 750 € ; a contrario, les agresseurs du JRI de France 3 (10 jours d’ITT) relèvent, eux, immédiatement du délit avec à la clé une peine pouvant atteindre trois ans de prison et 45000€ d’amende.

    La CFDT-journalistes demande que les journalistes soient ajoutés à la liste des professions entrant dans la qualification du délit de violences volontaires aggravées.

    La CFDT-Journalistes travaille depuis un an et demi avec le député Belkhir Belhaddad à faire entrer les journalistes dans cette liste par le biais d’une évolution législative. Il a déposé une proposition de loi en décembre 2021 et s’apprête à redéposer sa proposition à l’occasion des États généraux de la presse, qui débutent en novembre.

    A lire aussi

  • L’idée est partie de la CFDT : proposer des formations à l’éducation aux médias et à l’information certifiées par la Cpnef de l’audiovisuel, en collaboration avec la Cpnef de la presse et la CPNEJ (journalistes). Et après un long travail pour monter les formations et lancer les appels d’offres, huit organismes répartis sur tout le territoire sont habilités. Les premières sessions vont pouvoir débuter.

    Des enjeux de démocratie

    Pour les Commissions paritaires nationale emploi et formation professionnelle (CPNEF) de l’audiovisuel, de la presse et des journalistes, l’éducation aux médias et à l’information (EMI) répond à des enjeux de démocratie, d’exercice de la citoyenneté, et de défense des valeurs de la République. Elle interroge les notions de liberté d’opinion, d’expression et de responsabilité.

    En créant une certification en éducation aux médias et à l’information, ces CPNEF confirment l’importance de cette mission et participent à la reconnaissance et la formalisation de l’EMI.

    L’objectif du certificat de compétences professionnelles (CCP) Interbranche Eduquer aux médias et à l’information est d’apporter aux journalistes un socle commun de compétences pour concevoir une intervention EMI, animer un atelier de pratique journalistique et transmettre les fondements de l’esprit critique. En donnant de la visibilité aux compétences à acquérir pour concevoir et animer un atelier de pratique journalistique, cette certification est un vecteur de promotion et de reconnaissance des spécificités de l’éducation aux médias et à l’information. Dotant chaque professionnel certifié de compétences complémentaires à son métier d’origine, cette certification permet aux certifiés d’être mieux identifier par les structures pouvant être amenées à organiser des ateliers EMI. La certification permet également de garantir, tant au professionnel qu’à la structure commanditaire, la neutralité et l’indépendance des journalistes-intervenants.

    Huit organismes de formation habilités

    Huit organismes de formation sont habilités à délivrer des formations menant au CCP Interbranche Eduquer aux médias et à l’information : la Fédération de l’audiovisuel participatif, l’EMI CFD, L’Onde porteuse, l’Ecole publique de journalisme de Tours (EPJT), la Skol Radio, l’Ina en partenariat avec Savoir*Devenir, et l’ESJ Lille.

    L’ingénierie de certification a bénéficié de l’appui technique de l’Afdas et du soutien financier de l’Engagement de Développement de l’Emploi et des Compétences (EDEC) « Culture, Création, Communication, Sport et Tourisme » au titre du Plan d’investissement dans les compétences.

    Pour accéder à ces formation et aux prises en charge, rapprochez-vous de l’AFDAS, opérateur de compétences des secteurs de la presse et de la culture.

  • Dans un courrier au Président de la République, l’Intersyndicale CFDT, CGT, CFTC, CGC, Sud Médias, SNJ et UNSA de l’audiovisuel demande au locataire de l’Elysée de prendre le temps d’organiser sur le projet de suppression de la redevance une consultation nationale « parce que les enjeux sont essentiels en matière d’information, de lutte contre le complotisme et contre la désinformation, d’accès au savoir, à la culture, à la diversité de création et de diffusion cinématographique, documentaire, musicale, etc. »

    En voici le texte intégral :

    Monsieur le Président de la République,

    Le 28 juin dernier, tous les syndicats de l’audiovisuel public ont appelé les salarié·es à cesser le travail. Une manifestation a été organisée devant l’Assemblée nationale pour protester contre votre projet de supprimer la contribution à l’audiovisuel public (ex-redevance). Le mouvement a été massivement suivi. Il semblerait, pourtant, que le gouvernement ait l’intention de maintenir la suppression de la contribution à l’audiovisuel public au nom du « pouvoir d’achat ».

    Nous sommes convaincus de la nécessité de maintenir une ressource affectée à l’audiovisuel public afin de lui assurer un financement pérenne et dynamique pour garantir à la fois l’avenir de l’audiovisuel public mais aussi son indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques.

    Intégrer le budget de l’audiovisuel public dans le budget de l’Etat aurait pour effet de précariser les ressources et conduirait à mettre en œuvre de nouveaux plans d’économies drastiques dans des entreprises déjà saignées à blanc. Jamais le gouvernement ne pourra garantir un budget en mode pluriannuel en raison des priorités du moment qui ne manqueront pas de s’imposer. Que pèsera le budget de l’audiovisuel public face aux heures supplémentaires des soignant·es ?

    Cela dit, nous sommes bien conscients de la nécessité de repenser le mécanisme de la contribution à l’audiovisuel public au regard de l’évolution des usages et n’avons de cesse depuis des années d’alerter les pouvoirs publics sur la nécessité de réactualiser le modèle économique afin de mieux s’adapter à la réalité.

    Mais cela ne peut se faire dans l’urgence voire dans une forme de précipitation. D’autant que des alternatives sont possibles comme le rapport de la Fondation Jean-Jaurès piloté par Julia Cagé le propose en s’inspirant des modèles finlandais, suédois ou norvégien. L’exemple allemand peut aussi nous éclairer. Bref, il y a de quoi alimenter un véritable débat public afin de confronter les différentes propositions et les différents rapports, celui du Sénat, celui de la Fondation Jean-Jaurès ou celui de l’IGAC-IGF qui n’a pas encore été rendu public et que nous attendons avec impatience.

    Il nous faut ce temps du débat comme l’ont souhaité avant nous nos voisins suisses, également confrontés à la question de la suppression de leur redevance il y a quelques années. Cela a d’ailleurs abouti en 2018 à une votation qui a très majoritairement tranché en faveur du maintien de la redevance, la plus élevée d’Europe.

    Parce que les enjeux sont essentiels en matière d’information, de lutte contre le complotisme et contre la désinformation, d’accès au savoir, à la culture, à la diversité de création et de diffusion cinématographique, documentaire, musicale, etc., aux débats politiques, au sport, au divertissement, aux contenus gratuits partout sur tous les supports, de la présence structurante du service public en région hexagonale, en Outre-Mer et même dans le monde entier avec TV5MONDE, RFI et France 24, un passage en force serait une faute politique majeure.

    Tous ces enjeux sont occultés par la promesse d’un gain de pouvoir d’achat qui ne s’élèverait en réalité qu’à 38 centimes par jour et par foyer fiscal en métropole, tellement loin des effets dévastateurs de l’inflation… Pour autant, la question du pouvoir d’achat est bien capitale et ne peut laisser personne indifférent. C’est pourquoi nous avançons la proposition d’une progressivité de la taxe, proportionnelle aux ressources des foyers, à l’instar de ce qu’ont imaginé les pays scandinaves, ou d’autres pistes comme le nécessaire élargissement de l’assiette.

    Certes une majorité pourrait être atteinte à l’Assemblée nationale en additionnant les voix d’Ensemble à celles des Républicains et du Rassemblement National mais le sondage réalisé par la Fondation Jean-Jaurès démontre qu’une large majorité de Français est défavorable à cette suppression de la contribution à l’audiovisuel public.

    Monsieur le Président, vous avez les clefs de la décision sur ce sujet, raison pour laquelle nous souhaitons vous rencontrez afin de vous faire part de nos craintes et de nos propositions. En 2008, Nicolas Sarkozy après avoir annoncé son intention de supprimer la ressource publicitaire sur les chaines publiques, avait décidé de recevoir l’Intersyndicale à deux reprises. Convaincus que vous aurez à cœur d’engager le débat le plus large, nous attendons cette rencontre.

    Dans l’attente d’une réponse de votre part, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de nos salutations distinguées.

  • A l’appel de l’intersyndicale CFDT, CGT, FO et SNJ, l’ensemble des salariés de l’audiovisuel public sont invités à cesser le travail à partir du 28 juin 2022 à minuit pour de 24 heures afin de « sauver l’audiovisuel public ».

    La suppression de la redevance, « seul mode de financement pérenne garantissant l’indépendance de l’audiovisuel public » selon les syndicats, fait planer sur ce secteur des menaces sérieuses : privatisation de France 2, fusions France 3 / France Bleu, filialisation de La Fabrique, fusions suivies de licenciements sont ainsi parmi les hypothèses sur la table, menaçant la diversité culturelle et le pluralisme dans notre pays.

    L’enjeu est considérable et « la perspective du démantèlement au profit d’un secteur privé où règnerait les milliardaires des médias est insupportable (…) Les Citoyens n’ont jamais autant eu besoin d’une information indépendante et pluraliste avec des contenus qui échappent à la mainmise des plateformes mondialisées (…) Supprimer la redevance, ressource affectée, c’est précariser et paupériser l’audiovisuel public en le basculant sur le budget général de l’Etat en simple supplétif du secteur privé. »

    Pour la mise en place d’une taxe universelle

    Les syndicats revendiquent la mise en place d’une taxe universelle affectée à l’audiovisuel public inspirée du modèle Allemand et dont le rendement serait au moins équivalent au montant actuel de la redevance ; une indexation de cette taxe sur l’inflation assortie d’un plan pluriannuel d’évolution sur cinq ans via un Contrat d’objectifs et de moyens ; des orientations stratégiques permettant au service public de se développer plus amplement encore sur le numérique ; et un financement pour lutter contre les fake news et défendre un journalisme exigeant et indépendant, afin de protéger notre modèle démocratique.

    La grève du 28 juin sera accompagnée d’un rassemblement à Paris.

  • Pour dénoncer « l’inaction de l’Arcom face aux manquements de CNews à ses obligations », Reporters sans frontières – association dont la CFDT-Journalistes est adhérente – annonce saisir le Conseil d’État.

    Avec cette saisine, RSF souhaite que le Conseil d’État saisisse le Conseil constitutionnel pour une QPC (Question préalable de constitutionnalité) sur la conformité de la loi de 1986 sur l’audiovisuel à la Constitution… Explications.

    « Les pratiques de l’homme d’affaires Vincent Bolloré dans le secteur des médias créent un précédent dangereux pour la démocratie, par sa conception d’un journalisme aux ordres et d’une télévision d’opinion », estime RSF qui constate « le refus de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle (Arcom) d’agir contre les manquements de CNews ». Et de développer : « Dès novembre 2021, RSF avait formellement demandé au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) – devenu l’Arcom en janvier 2022 – de mettre en demeure CNews de respecter ses obligations légales. Dans un courrier du 5 avril 2022, l’Arcom reste silencieuse sur des éléments majeurs de la demande, en particulier sur l’ingérence de l’actionnaire de CNews, et tend même à justifier son inaction en renvoyant à la loi de 1986. L’Arcom ne donne pas de contenu véritable aux obligations d’indépendance, de pluralisme et d’honnêteté de l’information dont elle est garante. Elle n’a pas développé de critères précis à ces dispositions prévues dans les conventions avec les chaînes de télévision et ne se donne pas les moyens de le faire. Ces principes ressemblent à des incantations voire à des vœux pieux. »

    Un manque de pluralisme mesuré

    Pourtant, pour le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire, « l’Arcom a un rôle éminent à jouer pour la préservation de la liberté de communication, y compris face aux demandes incessantes de censure de tel ou tel (…) Mais la loi lui impose aussi de garantir l’indépendance, le pluralisme et l’honnêteté de l’information, conditions nécessaires du droit à l’information. »

    RSF reproche notamment à la chaîne de Bolloré un manque de pluralisme et s’appuie notamment pour le démontrer sur une étude de François Jost, sémiologue et professeur émérite en sciences de l’information et de la communication à l’université Sorbonne-Nouvelle dont il ressort que l’information stricto sensu n’occupe que 13 % du temps d’antenne et qu’en plateau, « alors que les invités de gauche représentent 10 % et ceux de LREM 4 %, les invités de droite et d’extrême-droite représentent plus des 3/4 des présences (78 %). »

    Avec sa QPC, RSF entend aussi faire valoir qu’il convient de revoir le cadre légal pour imposer et permettre à l’Arcom d’exercer la plénitude de son rôle. Et de conclure : « La révision en profondeur de la loi de 1986 est l’une des 10 propositions soumises par RSF aux candidats à l’élection présidentielle de 2022. Seul un cadre légal rénové permettra en effet de garantir effectivement le droit du public à une information libre, pluraliste et indépendante. »

    Appel STOP BOLLORE : Pour une information libre !

  • Anne-Sophie Lapix, animatrice du 20h sur France 2, finalement écartée du débat télévisé de l’entre-deux tours. Une question de choix direz-vous ? Certes.  Mais ce choix-là doit revenir aux rédactions, pas aux candidats, jamais. 
     
    Les journalistes ne sont pas des patates qu’on prend ou pas sur un étal parce qu’ils sont trop fermes, noirs, violets, fondants ou à peau dure. 
    Les candidats ne font pas leur marché. C’est ça le marché justement dans une démocratie. Etre interviewé par des professionnels, de divers bords, mais qui savent garder leur honnêteté intellectuelle, leur pertinence, leur impertinence aussi. Etre bousculé oui peut-être aussi parfois : c’est ça un débat.  
     
    Gommer et dégommer toute pensée a priori dérangeante c’est moralement nier le débat public, démocratique. C’est en faire pour rester dans la métaphore : de la purée. Prémâchée, lisse, insipide. Indigeste. 
     
    CFDT-Journalistes condamne fermement les pressions exercées par les états-majors des candidats du second tour de l’élection présidentielle en vue de l’animation du traditionnel débat d’entre-deux tours prévu le 20 avril.

    Une ingérence qui menace l’indépendance du service public

    Le président du Rassemblement National, Jordan Bardella, a reconnu et toute honte bue justifié cette pression directe lundi 11 avril sur le plateau de CNews : « Marine Le Pen ne souhaite pas qu’Anne-Sophie Lapix anime le débat ».   
     
    De l’autre côté ça ne vaut guère mieux.  L’entourage d’Emmanuel Macron avait, quant à lui, déjà évoqué le nom de la journaliste pour justifier la non-participation du candidat à certaines émissions de France 2. 
     
    Cette ingérence qui menace l’indépendance du service public et le bon déroulement du débat démocratique est d’autant plus inacceptable qu’elle intervient dans un contexte général d’entraves répétées, quasi systémiques, du travail journalistique par les candidats. Marine Le Pen a ainsi assumé ne pas considérer les équipes de Quotidien (TMC) comme des journalistes. Elle a refusé de les accréditer (alors que ces mêmes équipes sont détentrices de la carte de presse). Avant le premier tour, les équipes d’Emmanuel Macron ont, elles, tout simplement interdit l’accès à l’unique meeting du candidat aux journalistes du média écologiste indépendant Reporterre.  
     
    Ces choix montrent bien le peu de considération qu’ont les politiques pour les journalistes. Ne seraient-ils à leurs yeux que de simples porte-micro ?  
    Ces choix, oui, ne font que décrédibiliser une profession déjà mise à mal et qui connait, depuis les gilets jaunes ou le mouvement des antivax, une réelle crise de confiance.  
     
    • CFDT-Journalistes demande donc aux candidats de respecter l’indépendance de la presse et le pluralisme.  
    • CFDT-Journalistes demande aux rédactions, de France Télévisions en l’occurrence, de défendre ses choix et ses salariés.  
    Il en va de l’image du service public.  
  • Avec la communication par la Direction générale du travail de la dernière mesure de représentativité qui manquait dans l’ensemble du secteur  d’activité de l’audiovisuel, la CFDT est placée première OS par les salariés de la télédiffusion (publique et privée) avec 27,4 %.

    Sur les sept conventions collectives de l’audiovisuel, la CFDT est première dans  4 d’entre elles et demeure ainsi première organisation syndicale dans l’ensemble de l’audiovisuel public et privé.

    La F3C CFDT, le Syndicat national des médias et de l’écrit et la CFDT Journalistes remercient toutes les salariées, tous les salariés, de l’audiovisuel qui continuent de leur apporter leur confiance. Ils montrent ainsi qu’un syndicalisme de construction de droits entre partenaires sociaux, qu’une action revendicative ferme, déterminée, cohérente et persévérante constitue une voie syndicale qui fait progresser les droits sociaux conventionnels dans l’ensemble des secteurs de l’audiovisuel.

    Grille, droits voisins, télétravail

    Beaucoup reste évidemment à faire et la CFDT y travaille quotidiennement dans les branches professionnelles : qu’il s’agisse des droits voisins pour les journalistes et les interprètes de télévision, de la révision de la convention collective de la production audiovisuelle, des négociations en cours ou à venir sur le télétravail dans la radio privée, dans la télédiffusion et dans la production de films d’animation, de la création d’une grille de classification et de salaires minima pour les journalistes de la télédiffusion, du travail paritaire de certification sociale pour les entreprises de prestation technique de l’audiovisuel, de la création d’un Kit VHSS dans le cinéma et la production audiovisuelle destiné à prévenir et résoudre tout type de harcèlement au travail…

    Dans ce contexte national et mondial où une pandémie et une guerre d’expansion pèsent très lourdement sur le quotidien de chacun, l’accès à l’information, au divertissement, à l’éducation et à la culture tout autant que la diffusion de l’information, du divertissement, de l’éducation et de la culture demeurent des piliers fondamentaux d’une société libre. L’action des équipes CFDT dans l’audiovisuel visent et viseront toujours la défense et la consolidation d’un modèle démocratique de société au cœur duquel le dialogue doit constituer le premier levier de progrès social.

    Les chiffres de la représentativité des organisations syndicales de salariés dans les conventions collectives du secteur de l’audiovisuel* :
    • CCN de la télédiffusion (publique et privée) : 1re avec 27,41 % (CGT 2e avec 23,79 %)
    • CCN de la radiodiffusion privée : 1re avec 68,04 % (CGT 2e avec 18,92 %)
    • CCN de la prestation technique : 1re avec 57,78 (CGT 2e avec 17,13 %)
    • CCN de la production audiovisuelle : 4e avec 16,30 % (CGT 1re avec 37,72 %)
    • CCN de la production de fils d’animation : 1re avec 49,53 %
    • CCN de la production cinéma : 3e mais non représentative (SNTPCT : 55 %, CGT : 45 : %)
    • CCN des journalistes : 3e avec 25,06 % (1re Solidaires : 37,91 %, CGT 2e avec 25,49 %)

    * Dans les CCN de la radiodiffusion et de la télédiffusion, l’ensemble des voix des salariés administratifs, techniciens et journalistes est comptabilisé)

  • Le Président de la République l’a répété mardi : la redevance sera supprimée afin de contribuer au maintien du pouvoir d’achat des Français.

    Une suppression annoncée de longue date, puisque la redevance est adossée à la taxe d’habitation qui va disparaitre pour tous en 2023 pour être remplacée par… autre chose, la contribution à l’audiovisuel public étant la principale source de financement de France Télévisions, Radio France, Arte, France Médias Monde, TV5 Monde et de l’INA.

    La CFDT de l’audiovisuel public est régulièrement sollicitée par les parlementaires dans le cadre de leurs travaux sur la loi de finance qui détermine le budget de nos entreprises. Et régulièrement, sénateurs et députés nous questionnent sur notre position sur le remplacement de la CAP : « Comment prélever une nouvelle redevance qui s’appellerait autrement ? Quels supports – téléviseurs, mais aussi ordinateurs ou téléphones portables – déclencheraient le paiement de cette nouvelle taxe, qui surtout ne doit pas se nommer ainsi ?

    Augmenter la dotation

    Pour France Télévisions, faut-il miser sur un retour de la publicité après 20 heures, pour augmenter la part des ressources propres de FTV ? » La F3C CFDT et le SNME CFDT ont toujours été clairs : la dotation financière doit être augmentée globalement afin de permettre aux entreprises de l’audiovisuel public de travailler correctement et de remplir leurs missions. Elle doit être adaptée aux usages modernes ; tout détenteur d’un accès à nos contenus doit la payer. Il faut donc la déconnecter de la détention d’un téléviseur et élargir le périmètre de perception de cette « taxe », ce qui permettrait de diminuer le montant perçu individuellement en augmentant le nombre de contributeurs au paiement de la taxe.

    En Allemagne, la nécessité pour l’audiovisuel public de disposer de budgets pour remplir ses missions est inscrite dans la constitution. En France, il faut cesser les doubles discours. Le temps est venu de donner à l’audiovisuel public les moyens d’assurer ses missions en rendant son financement pérenne et publiquement assumé. Le temps est venu que notre actionnaire principal, l’État, prenne des engagements et les tienne.

    Un service essentiel

    S’il en était encore besoin, l’audiovisuel public a démontré pendant la crise sanitaire qu’il n’a rien d’un parasite qui engraisserait ses salariés aux frais du contribuable. Et la période d’incertitude qui vient de s’ouvrir avec l’invasion de l’Ukraine par les armées du pouvoir russe le prouve à nouveau dans un contexte différent. L’audiovisuel public est un service essentiel, fiable et vecteur d’un accès pluraliste à la culture, l’éducation, le loisir et l’information. Et tous ses salariés sont au service de ses missions.

    La F3C CFDT et le SNME CFDT considèrent qu’il est temps que l’État respecte les contrats qu’il signe avec l’audiovisuel public, les Contrats d’objectifs et de moyens. La F3C CFDT et le SNME CFDT considèrent qu’il est temps que l’État reconnaisse que le service public de l’audiovisuel n’est pas une variable d’ajustement dans ses finances mais bien une des fondations de la démocratie française

  • La décision de la commission européenne de faire cesser la diffusion de toutes les antennes de Russia Today en Europe, dont celle de RT France (ainsi que les canaux de diffusion de l’agence multimedia Sputnik France), suscite le débat au sein même de la profession.

    Dans une interview à Arrêt sur images, la F3C CFDT a pris une position claire à ce sujet : « En tant que syndicat, on est attentifs à la capacité du bon exercice du métier, qu’il s’agisse bien du métier de journaliste et pas de celui de la diffusion de dossiers de presse d’État. À partir du moment où le respect d’un cadre de travail à la fois légal et éthique n’est pas visible, ça ne nous dérange pas que dans la situation actuelle, ce média ne puisse pas être vu et entendu par ses téléspectateurs ».

    Si CFDT-Journalistes et la F3C CFDT peuvent être solidaires des salariés qui risquent de perdre leur emploi, il convient de ne pas oublier ce qu’est RT France : un organe de propagande logiquement lié au pouvoir politique russe qui se présente sous l’habillage d’une chaîne d’infos ; en clair, une entreprise de médias piloté par un état non démocratique qui mène une guerre d’invasion sur le territoire d’un pays voisin et démocratique.

    La F3C CFDT et CFDT Journalistes dénoncent cet outil d’influence internationale mis en place pour servir la cause de Vladimir Poutine et sa volonté de déstabilisation des démocraties occidentales.

    Dans les instances où ils siègent, les représentants de la CFDT feront cependant tout pour défendre les droits sociaux des salariés de RT France.

    La F3C CFDT et CFDT-Journalistes  appellent à participer aux rassemblements du 5 mars et rejoint l’appel à la marche parisienne en soutien à l’Ukraine qui partira de la place de la République à 15h. Dans les régions rapprochez-vous de vos URI ou syndicats.

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