Chez NRJ, vraie activité partielle ou travail dissimulé ?

Communiqué intersyndical SNJ – SNME-CFDT de l’UES Régions du groupe NRJ (concerne notamment environ 120 journalistes de NRJ, Nostalgie et Chérie FM)

16 février 2021

 

Journalistes et animateurs, le virus du travail dissimulé gagne-t-il le groupe NRJ ?

La crise sanitaire a le dos large. Et le personnel des antennes en a plein le dos. Depuis novembre, journalistes et animateurs des stations locales du groupe NRJ éprouvent un chômage partiel à 20 %. Des économies à très court-terme sapent le moral des équipes et les placent face à un dilemme impossible. Conscience professionnelle ou droit du travail : à quoi doivent-elles tourner le dos ?

La période de chômage partiel du printemps a couru bien après la fin du confinement. Le 11 mai 2020, le personnel des antennes n’a qu’une envie : reprendre le micro pour informer et divertir les auditrices et auditeurs de NRJ, Chérie FM et Nostalgie. De Nantes à Montélimar et de Lille à Biarritz. La reprise s’effectue à temps plein, avec une dose de télétravail pour respecter les consignes sanitaires. Les reportages redeviennent progressivement possibles et avec eux le sentiment de remplir sa mission de proximité.

Hélas, la progression du Covid et l’arrêt d’une partie de l’activité économique entraîne un retour au chômage partiel le 23 novembre. Même si l’entreprise complète ce qui n’est pas subventionné par l’État pour atteindre le salaire de base, les tickets restaurants disparaissent et les RTT s’envolent. Surtout, ce qui devait être provisoire et modulable s’inscrit dans la durée. L’incompréhension devient totale début janvier, quand la régie reprend à 100 %.

Faire autant avec moins, derrière les discours, une injonction paradoxale

Si la durée légale du travail a diminué, les missions ont-elles changé ? Une matinale ne se construit pas à 5 h du matin. Or, une fois la pause réglementaire de 20 minutes déduite, les journalistes n’ont plus qu’une heure cinquante après leur dernier flash pour recueillir des informations, prendre des rendez-vous, réaliser une interview, la monter et la proposer à ses collègues voire à l’antenne nationale, le cas échéant. Sans compter les tâches administratives et les innombrables imprévus qui rythment la vie d’une locale, des appels d’auditeurs à la réception d’un technicien en passant par la réparation d’une imprimante.

La journée d’un animateur n’est pas bien différente, à moins d’acter l’abandon de tout partenariat antenne.

Certes, mais les flashs de midi et les chroniques ont été supprimés, nous dit-on. Rappelons que jusqu’à l’été 2019, tous les rendez-vous d’information de Chérie FM se concentraient sur la matinale. Ce qu’il n’aurait pas fallu toucher. Et que le volume des programmes locaux suspendus varie du simple à l’octuple entre NRJ et Nostalgie. Quant à l’événementiel, la direction doit savoir qu’il ne représente pas l’essentiel de nos interventions, loin de là !

Aussi certain que deux et deux font quatre, on ne peut demander à faire en six heures ce qui se faisait naguère en sept et plus. Sauf à fermer les yeux sur le travail dissimulé que ce discours induit. Chacun sait que c’est en pratique ce qui se produit, quand des travailleuses et des travailleurs consciencieux n’acceptent pas de rogner sur la qualité de leur produit. Pour continuer de réaliser un programme dont ils sont fiers, beaucoup continuent de se rendre sur le terrain afin de rencontrer des sources, des acteurs de la vie locale, sans regarder leur montre.

Nous réclamons la fin immédiate du chômage partiel.

Cette situation génère du mal-être dans une période déjà compliquée, atteint au portefeuille des salariés notoirement sous-payés et nuit au programme proposé aux auditeurs, alors que ces derniers devraient être au cœur de nos préoccupations.

Par conséquent, nous demandons à la direction la fin des calculs financiers à la petite semaine qui nient la réalité des métiers et affaiblissent l’image de nos chaînes. Nous exigeons la levée immédiate de l’activité partielle pour les salarié·es encore concerné·es, l’ouverture d’une négociation sur les heures supplémentaires – réclamée depuis huit mois maintenant -, et d’une négociation sur le télétravail, promise pour janvier.

Dans l’attente d’une réponse favorable, nous répétons aux personnels des antennes que nos syndicats seront toujours là pour faire respecter leurs droits et l’essence de leurs métiers, quitte à hausser encore le ton et à user des moyens légaux à notre disposition. Nous vous appelons à déclarer systématiquement vos heures supplémentaires à vos chefs et à noter quotidiennement, sur un tableau, chaque minute de dépassement de la durée légale du temps de travail. L’inspection du travail est destinataire de ce communiqué.

Vos élu·es de l’intersyndicale SNJ et CFDT de l’UES Régions

Contact : snjcfdtregion@nrj.fr

Communiqué à télécharger : 210216 – SNJ et CFDT Journalistes animateurs travail dissimulé

Les actualités

  • Un député RN co-rapporteur d’une « mission flash sur l’éducation critique aux médias » : c’est non !

    Dans un communiqué commun, le SNJ, le SNJ-CGT et la CFDT-Journalistes dénoncent le fait que l’Assemblée nationale ait choisi un député du Rassemblement national (RN) au poste de co-rapporteur d’une « mission flash sur l’éducation critique aux médias », alors que le RN est habitué à sélectionner les journalistes qu’il autorise à assister à ses…

  • 20e mois de captivité pour le journaliste Olivier Dubois : CFDT-Journalistes s’engage

    Olivier Dubois, notre confrère pigiste, correspondant au Mali du Point Afrique, de Libération, de Jeune Afrique, est otage au Mali depuis le 8 avril 2021. Sa longue captivité est un affront terrible à la liberté de la presse, à la conception que nous nous faisons de notre métier : témoigner, enquêter, partout, même et surtout…

  • Soutien au journaliste de Reporterre poursuivi alors qu’il ne faisait que son travail

    Un journaliste de Reporterre est poursuivi pour avoir fait son métier : informer sur une action militante. Cette procédure menace tous les reporters. Médias et syndicats de journalistes se mobilisent contre cette atteinte à la liberté d’informer. Le 10 novembre 2021, Grégoire Souchay, journaliste pigiste à Reporterre, le média de l’écologie, réalisait un reportage sur une action…

  • Un Conseil national renouvelé pour CFDT Journalistes

    A mi-mandat, CFDT-Journalistes a tenu une assemblée générale extraordinaire, jeudi 1er décembre, afin de procéder à une élection de nouveaux membres en son Comité national. Depuis son élection, en décembre 2020, certains ont quitté la profession, d’autres ont été appelés à d’autres tâches, certains n’ont pas eu le temps de s’impliquer dans nos instances or,…

  • Levée de la censure contre Mediapart : une victoire pour la liberté d’informer

    Communiqué intersyndical SNJ, SNJ-CGT, CFDT-Journalistes, FIJ Saisi en référé, le tribunal judiciaire de Paris a levé ce mercredi 30 novembre l’ordonnance qui empêchait Mediapart de publier sa nouvelle enquête sur le maire de Saint-Etienne. La censure aura duré 12 jours ! Le 18 novembre dernier, une ordonnance sur requête du tribunal judiciaire de Paris avait…

Enable Notifications OK No thanks