Le 8 du mois – Nécessaires accords égalité pro : focus sur celui négocié à Bayard Presse

Chaque 8 du mois, une info utile pour faire progresser les droits et la place des femmes dans les médias, et faire durer toute l’année la préoccupation de la journée internationale des droits des femmes (le 8 mars). En ce 8 mai, la CFDT-journalistes a choisi de parler d’un outil capital en entreprise, et qui mobilise beaucoup de militants dans les sections : la négociation et le suivi des accords égalité professionnelle (autrement dit égalité femmes-hommes). Plutôt que de grands discours, faisons un focus sur un des derniers signés (janvier 2021), celui de Bayard Presse, suite à un travail important de ses militants. 

Bayard SA est une entreprise de presse qui compte 71% de femmes… Mais ce n’est pas le nombre qui fait la force ! Comme ailleurs, du fait de multiples inerties culturelles et sociales, des inégalités persistent dans leur rémunération et leur promotion professionnelle. L’écart de salaire moyen a été évalué à 11,1%, tous métiers et secteurs confondus. Une partie de cet écart est dû à des inégalités de salaire « poste pour poste ». Une autre, au fait que les hommes sont proportionnellement plus présents au sommet de la hiérarchie que les femmes.

Pour résorber le tout et diffuser une culture de l’égalité, un accord a été négocié durant neuf mois (le temps d’une gestation!) entre organisations syndicales et direction, et signé fin janvier 2021. La section CFDT y a été particulièrement investie. Valable pour trois ans, il contient une série d’engagements sur :

Le recrutement

L’enjeu est de résorber le fort déséquilibre des sexes dans certains secteurs du groupe et filières métiers.  Par exemple, trop de femmes dans la presse petite enfance et les ressources humaines, et trop peu dans les métiers numériques et informatiques.

Comment ? Les managers seront formés au principe de non-discrimination. Des partenariats seront montés avec des écoles… Dans les short listes, il faudra toujours des représentants des deux sexes (sauf s’il n’y a pas de candidatures recevables).

Lire le billet de blog de la CFDT Bayard Presse à ce sujet

La rémunération

Chaque année,  la commission égalité pro du CSE déterminera le secteur de l’entreprise où rattraper des écarts de salaire injustifiés. Cette année, par exemple, ce sera les managers journalistes (rédaction en chef, rédaction en chef adjointe) .

La direction s’est engagée à ce que le budget « nécessaire et suffisant » soit dégagé pour ce rattrapage. Ce sera le boulot de la commission de suivi de l’accord de le vérifier…

Lire le billet de blog de la CFDT Bayard Presse à ce sujet

La promotion professionnelle

C’est le nerf de la guerre ! Les formations nécessaires aux évolutions des femmes seront encouragées : coaching,  formations au leardership et au management, bilan de compétences, points carrière, etc. Tout cela sera quantifié et suivi.

Les militants CFDT ont notamment obtenu une liste d’indicateurs qui devraient désormais permettre d’y voir beaucoup plus clair. Par exemple en distinguant ce qui relève des vraies promotions et ce qui relève de « développements dans le poste » (le plus souvent des missions en plus, sans avenant ni augmentations).

Lire le billet de blog de la CFDT-Bayard Presse à ce sujet

Les conditions de travail et la conciliation vie pro/vie perso

L’accord inscrit le droit à la déconnexion cher à la CFDT : « le droit de ne pas consulter sa messagerie électronique et de ne pas répondre aux sollicitations en dehors de sa journée de travail ». Il sera rappelé régulièrement aux managers et  mentionné dans tous les contrats de travail des nouveaux salariés.

Autre exemple : les réunions devront tenir compte de la durée du travail, et notamment des salariés à temps partiel. Elles ne peuvent débuter avant 9h ni se terminer après 18h, sauf circonstances exceptionnelles. Il est rappelé que les réunions doivent être courtes, avec un objectif clair, un ordre du jour communiqué à l’avance et ne réunir que les salariés concernés.

Mais l’encadrement des heures de travail concerne autant les hommes que les femmes, nous direz-vous ! Exact, mais – et ce n’est pas très glorieux –  la répartition des tâches ménagères et de la fameuse charge mentale est bien souvent déséquilibrée. C’est une sécurité de plus de savoir que le travail ne va pas venir s’ajouter à cette charge domestique ! C’est donc un gage de qualité de vie pour tous.

Lire le billet de blog de la CFDT Bayard Presse à ce sujet

Comme on le voit, l’égalité professionnelle, c’est la qualité de vie au travail pour tous, et pas seulement les femmes ! Et il reste encore bien des lignes à faire bouger  !

Retrouvez l’intégralité de l’accord sur Legifrance.

 

 

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