Le travail d’un collectif de femmes
Libérationadressée au directeur des Rencontres d’Arles, ce collectif a obtenu que ce festival de photographie de presse atteigne une quasi-parité des photographes exposés. Le collectif a ensuite mené un travail d’analyse de 1000 portraits de der de Libération et de Télérama. Résultat : dans
Libé, 75 % des 139 photographes sont des hommes ; 85 % des 108 portraits de der ont été confiés à des hommes, 15 % à des femmes. A
Télérama81% des photographes de
L’invitésont des hommes, 93 % des portraits sont faits par des hommes. Par ailleurs la majorité des personnes portraitisées sont « des hommes ternes sans singularité », explique Marie Docher, ce qui s’explique notamment par le fait que ce sont souvent des hommes de pouvoir. Les femmes, elles, seraient davantage issues du monde culturel, et souvent dans des positions allongées, voire sexualisées.
A regarder avec le plus grand intérêt sur Arrêt sur images.
En 2020 le rapport de la députée Céline Calvez sur la place des femmes dans les médias en période de crise a aussi compté les photos de une de sept quotidiens nationaux, et le résultat est édifiant.
Extrait du rapport de Céline Calvez
Des débats et des bourses
Mais quels sont les obstacles pour les femmes photojournalistes dans la profession ? La société Canon, qui attribue chaque année une bourse de 8000 euros à une femme photojournaliste afin de l’aider à financer son projet, organisait un débat sur les obstacles que rencontrent les femmes dans la profession.
En 2018, la SAIF (Société des auteurs des arts visuels et de l’image Fixe) organisait également à Visa pour l’Image une conférence sur « Les femmes photojournalistes, entre stéréotypes et préjugés, quelle réalité, quelle égalité ? »
Chacun peut agir
Tamis image de la Voix du Nord
Est-ce que je peux mettre une femme à la place d’un homme sans dénaturer l’information ?
C’est le type même de photos « générales » sans interlocuteur particulier, photos d’illustration encore trop souvent majoritairement « masculines ».
Nous distinguons ainsi les interlocuteurs « acteurs » (ceux qui ne sont pas interchangeables mais sont imposés par le sujet : comme le ou la maire d’une commune, le directeur/la directrice d’association, le ou la gérant(e) d’entreprise…). Des « témoins », ceux qu’on choisit d’interroger pour avoir leur avis (micro-trottoir le plus souvent).
Exemple type : les photos au télétravail. Les hommes sont bien installés à un bureau ou sur la table de la salle à manger avec plein de dossiers autour de lui. Les femmes sont installées dans le salon, dans la cuisine en train de préparer le repas en même temps ou, si elle est à son bureau, il y a des jouets pour montrer qu’elle est mère de famille aussi. Ce qui n’est jamais fait pour un homme.
Est-ce que je représenterais un homme de la même façon ?
Est-ce que la photo est posée ? Et comment l’est-elle le cas échéant ?
Est-ce que ça a un sens que ce soit une femme/ un homme sur cette photo ?
Dans le choix de la photo a-t-on privilégié un homme ou une femme à bon escient.
Cette femme est-elle choisie/ écartée sur des critères physiques ?
Lors de reportages avec plusieurs interlocuteurs, lesquels ont été retenus pour les photos alors que dans le texte, c’est parfois un ou une autre qui témoigne le plus.
Journalistes, le changement de regard sur le sexisme doit commencer chez chacun d’entre nous. Nous devons toutes et tous apprendre à débusquer les stéréotypes de genre pour ne plus en être les relais.