20 Minutes : des faits de « harcèlement » et « discrimination » d’un salarié handicapé retenus par l’inspection du travail

Ce lundi 6 décembre 2021, la plainte déposée par un journaliste de 20 Minutes pour « harcèlement » et « discrimination » sera examinée par le Conseil des Prudhommes.

Soutenu par les syndicats SNJ-CGT et SNME-CFDT, il espère que justice lui sera rendue.

Après enquête, l’Inspection du travail a rendu, à la mi-novembre, des conclusions sévères à l’encontre de la direction de 20 Minutes indiquent le SNJ-CGT et le SNME-CFDT dans un communiqué commun :

« Le SNJ-CGT et le SNME-CFDT sont soulagés que le grave préjudice subi par ce salarié soit enfin reconnu. Cette enquête corrobore en tous points ce que les deux syndicats avaient dénoncé dans un communiqué publié en septembre 2020, titré « Quand 20 Minutes s’acharne contre un salarié handicapé ».

Embauché en CDD en octobre 2016 puis en CDI en février 2017, ce journaliste rédacteur, reporteur au sein du « service participatif », a été reconnu travailleur handicapé en novembre 2019, après un grave problème de santé survenu en mars 2017, qui lui cause un important état de fatigue.

A de nombreuses reprises en 2019 et 2020, la médecine du travail a préconisé la mise en place d’un temps partiel thérapeutique et d’une part de télétravail. L’inspection du travail souligne que, « de manière répétée », « ces préconisations n’ont pas été mises en œuvre ».

L’enquête pointe également « l’insuffisance des formations proposées [au salarié] pour lui permettre de revenir à son poste après plus d’un an d’absence » et plus généralement l’inexistence de « mesures appropriées » pour lui permettre de « reprendre et être maintenu à son poste ».

« Au vu de ses arrêts de travail et de leurs renouvellements, il est établi que l’état de santé de Monsieur [X] s’est altéré au fil du temps », précisent les conclusions.

Plus grave : les « alertes », pourtant adressées par le journaliste « à plusieurs reprises [aux] personnes appropriées sur sa situation de souffrance au travail […] n’ont pas été suivies d’effet ». De même, « la procédure d’alerte pour atteinte à la santé physique et mentale », lancée en mars 2020 par un élu SNJ-CGT du CSE, « n’a pas été diligentée sans délai puisqu’elle a débuté le 6 mai 2020 ».

Tout aussi désolant, malgré les actions réitérées des délégués syndicaux SNJ-CGT et SNME-CFDT de 20 Minutes pour résoudre la situation, la direction de la société est non seulement restée sourde à leurs demandes mais a persisté à s’acharner contre ce journaliste.

Dernier grief listé par l’inspection du travail : le salarié avait raison d’estimer que la mission qui lui a été confiée – et qu’il a remplie – de novembre 2019 à février 2020 constituait une « déqualification professionnelle ».

L’épilogue du courrier s’impose donc de lui-même :

« Il ressort de l’enquête menée, sous réserve de l’appréciation des tribunaux, que les infractions de harcèlement moral et de discrimination sont susceptibles d’avoir été commises ».

L’inspection du travail a par ailleurs précisé au salarié qu’un procès-verbal est en cours de rédaction, soulignant que « l’infraction de harcèlement moral liée à un motif discriminatoire, à savoir l’état de santé et le handicap, a été commise à son égard ». Des poursuites pénales ne sont donc pas à écarter.

Les actualités

  • Gaza : l’hécatombe de journalistes doit cesser !

    La guerre entre Israël et le Hamas est un drame également pour l’information et les journalistes présents là-bas. D’après la Fédération internationale des journalistes, à laquelle CFDT-Journalistes est affiliée, en date du 18 décembre, au moins 73 journalistes et travailleurs des médias ont été tués depuis le début de la guerre, le 7 octobre, dont…

  • EMFA : l’espionnage des journalistes évacué !

    C’est une grande avancée ! Le 15 décembre a été adoptée la loi européenne sur la liberté des médias (EMFA), avec une version finale qui ne fait plus référence à la possibilité d’espionner des journalistes sur la base de vagues impératifs de « sécurité nationale », comme c’était le cas dans l’article 4. C’est aussi une défaite…

  • Vaucluse matin : grande mobilisation autour du titre

    Dans une lettre à Christophe Victor, directeur général du Dauphiné Libéré et de Vaucluse matin, les salariés de Vaucluse matin annoncent qu’après six jours de mobilisation, ils ont choisi de reprendre le travail, ce mercredi 6 décembre 2023, mais qu’il ne s’agit pas de la fin du mouvement, « la colère étant toujours extrêmement présente ». Il…

  • Etats généraux de l’info : 1ères auditions et 1ère contribution écrite CFDT-Journalistes

    Le 30 novembre, CFDT-Journalistes était auditionnée par le groupe de travail n°3 des Etats généraux de l’information. Nous avons remis la contribution suivante. Le 5 décembre, nous étions également auditionnés par le Conseil économique social et environnemental (CESE), qui prépare un avis.

  • Prix L’Alerte à la Une : Splann et Disclose distingués pour leurs travaux avec des lanceurs d’alerte

    Le 1er décembre était remis le prix L’Alerte à la Une, par la Maison des lanceurs d’Alerte. CFDT-Journalistes faisait partie du comité de sélection. Le jury a choisi de décerner le prix et la dotation de 2 000 € au média Splann! qui a enquêté sur les implants contraceptifs Essure, responsables de lourds effets secondaires…

Enable Notifications OK No thanks