C’est en comité restreint que se sont déroulés les vœux aux associations, organisations et syndicats de presse, mardi 11 janvier 2022 au Palais de l’Elysée à Paris.
Le Président de la République, Emmanuel Macron, y a plaidé en faveur d’une presse libre, forte et indépendante, mais aussi d’une presse de qualité, qui prenne le temps de vérifier et recouper les informations pour lutter contre les « infox », répondre au complotisme et à enfermement algorithmique. Il venait de recevoir le rapport « Les Lumières à l’ère numérique » de la commission Bronner.
Selon la tradition, c’est le président de l’Association de la Presse Présidentielle qui a d’abord présenté ses vœux au Président de la République n’hésitant pas, dans son discours, à le titiller quelque peu sur des thématiques comme le « secret des sources » parfois mis à mal, le « secret d’Etat » trop souvent utilisé pour justifier un manque de transparence, déplorant aussi que dans notre République, des médias puissent être poursuivis pour « violation du secret des affaires » ou que le modèle économique des entreprises de presse soient trop fragile face aux GAFAM.
Mais en premier lieu, il a bien sûr été évoqué la situation d’Olivier Dubois, journaliste pigiste retenu en otage au Mali pour lequel le Président de la République a affirmé « le soutien de la Nation », expliquant, sans donner de détails, que les services de l’Etat sont « pleinement mobilisés » pour obtenir sa libération.
« Distinguer le vrai du faux »
Dans le contexte sanitaire et politique actuel, « jamais le besoin d’une presse forte et indépendante n’a été aussi justifié » a estimé le Président de la République, évoquant une presse qui sait « distinguer le vrai du faux » et « raconter le monde de manière éclairée » : dans le contexte pandémique, Emmanuel Macron estime ainsi que « sans le travail de la presse, la vague des fausses informations aurait été plus puissante et plus dangereuse ».
Le Chef de l’Etat a aussi évoqué l’engagement du pays pour la défense des droits de l’Homme dans le monde, citant entre autres l’initiative Marianne pilotée depuis l’Elysée et rappelant que sur 400 Afghans protégés par la France, un tiers sont des journalistes ; il a aussi rappelé le « combat pour toutes les libertés, y compris celles de la caricature et de la satyre (…) qui sont au cœur de l’Histoire de France et de la liberté de la presse ». L’occasion de préciser que la Maison du Dessin de presse, dont le projet était porté par Georges Wolinski avant son assassinat dans les locaux de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, verra prochainement le jour à Paris, dans le 6e arrondissement.
Estimant encore que « la presse est un bien commun qui relève de l’exigence démocratique et citoyenne », Emmanuel Macron a rappelé que depuis 2020, ce sont 483 millions d’euros qui ont été versés au soutien de la filière presse.
Et d’espérer, avant de souhaiter une bonne année à chacun, que 2022 sera une année de combat pour la réhabilitation de l’information documentée avant de conclure : « Comme je suis optimiste pour la France, je suis optimiste pour la presse ».
Les propositions de CFDT-Journalistes pour des actions concrètes
En marge de cette cérémoinie, CFDT-Journalistes a remis à la ministre de la Culture et de la Communication, Roselyne Bachelot, ainsi qu’au cabinet d’Emmanuel Macron une note revendicative sur les « actions concrètes possibles à court terme pour améliorer concrètement le travail des journalistes »:
LUTTER CONTRE LA PRECARITE ECONOMIQUE ET SOCIALE
- Donner des moyens pour lutter contre le travail illégal dans la profession (journalistes rémunérés en autoentrepreneurs ou droits d’auteur au lieu du salariat, cf loi Cressard) et les contrats précaires non autorisés (CDD à répétition, CDDU) : Nommer des inspecteurs du travail dédiés à ces salariés et ces fraudes, créer une cellule interministérielle Culture+Travail, rappeler la loi aux éditeurs.
- Accorder une dérogation aux règles internationales de sécurité sociale pour permettre à environ 500 correspondants à l’étranger de médias français, vivant à l’étranger, de bénéficier de la sécurité sociale française et de sortir de l’angoisse de la maladie, l’accident, la grossesse, la vieillesse après une carrière au service de l’info des Français.
AFFIRMER LE ROLE DEMOCRATIQUE DES JOURNALISTES
- Dire stop à la montée de la violence envers les journalistes en soutenant la priorisation de la loi portée par le député LREM de Moselle Belkhir Belhaddad, ajoutant les journalistes dans la liste des victimes de violences volontaires amenant des circonstances aggravantes.
- Tout entreprendre pour la libération d’Olivier Dubois, otage au Mali.
SOUTENIR UNE INFORMATION DE QUALITE
- Soutenir le projet de loi protégeant les lanceurs d’alerte (cf PPL Wasermann) et lutter contre son détricotage en cours au Sénat sous la pression des lobbies : les lanceurs d’alerte sont des informateurs précieux pour les journalistes et doivent être protégés.
- Faire entrer les syndicats de salariés dans le paritarisme de la CPPAP pour que l’attribution des aides à la presse prenne en compte la connaissance de l’intérieur des salariés.
A lire aussi, les autres sujets sur lesquels planche CFDT-Journalistes :
- https://cfdt-journalistes.fr/2021/09/12/aide-sociale-covid-de-letat-aux-pigistes-enfin-bientot-ouverte/
- https://cfdt-journalistes.fr/2021/09/20/complotistes-journalisme-propagande-complotisme-deontologie/
- https://cfdt-journalistes.fr/2021/09/16/logement-benevolat-aider-journalistes-afghans-exiles-france/