Communiqué. Le journaliste syrien Hussam Hammoud doit être protégé

Le journaliste syrien Hussam Hammoud a appris lundi que sa demande de visa humanitaire avait été refusée par la France. Il travaille sur des sujets cruciaux, comme le terrorisme pour plusieurs médias français. Sa vie est aujourd’hui menacée en Turquie et en Syrie. Syndicats et sociétés de journalistes attendent que les autorités reviennent sur leur décision.

Depuis des années, le journaliste syrien Hussam Hammoud collabore avec des médias français et étrangers, dont Radio France, Mediapart, Le Monde, France 24, The Guardian ou la BBC. Il a signé des enquêtes remarquées sur le terrorisme et les crimes de Daech, organisation contre laquelle il a toujours lutté, et a dû fuir Raqqa en urgence, en octobre 2019, après le retrait de la coalition internationale de cette zone. Il est depuis réfugié en Turquie, où il a poursuivi son travail de journaliste, notamment sur les financements de l’Etat Islamique. Et où il est à nouveau menacé par des groupes terroristes.

Lundi 5 septembre, Hussam Hammoud s’est vu refuser sa demande de visa humanitaire par la France dans un mail type lapidaire. Il espérait, si celle-ci avait été acceptée comme ce fut le cas pour d’autres journalistes syriens, pouvoir demander l’asile et mettre à l’abri sa famille. A 30 ans, il estime que sa vie et ses rêves sont « détruits ». Lui refuser ce visa, c’est le maintenir sous la menace des groupes armés et mettre sa vie en péril.

Au printemps 2019, il a fourni, avec l’aide de la journaliste française Céline Martelet, des documents inédits sur Daech au Parquet national antiterroriste français, qui a alors reconnu « un travail très important ». Comme des milliers de réfugiés syriens en Turquie, Hussam Hammoud risque l’expulsion vers la Syrie, où la mort l’attend – il a d’ailleurs déjà été torturé par des djihadistes étrangers.

La France ne peut rester silencieuse et indifférente à son sort, alors qu’elle a le pouvoir d’agir et de protéger un journaliste qui a risqué sa vie pour informer nos concitoyens, et qui est aujourd’hui plus que jamais menacé en raison du métier qu’il exerce. En 2021, déjà, le journaliste afghan Elyaas Ehsas avait frôlé l’expulsion (vers la Suède) car la France refusait d’étudier sa demande de protection, alors que ses proches avaient été évacués par les autorités françaises après la chute de Kaboul. Après des mois de clandestinité et de mobilisation, il avait finalement été autorisé à déposer sa demande d’asile en France.

Nous, syndicats et sociétés de journalistes signataires de cet appel,demandons instamment augouvernement, et en particulier aux ministères de l’Intérieur et de la Culture, d’accorder un visa humanitaire à Hussam Hammoud, au nom de la liberté d’informer et d’être informé, piliers de notre démocratie, et d’accorder à Hussam Hammoud la reconnaissance élémentaire pour son concours à la défense de nos valeurs et de notre sécurité.

N’abandonnons pas un journaliste ainsi exposé en Turquie, qui peut à tout moment le remettre aux autorités d’un pays qu’il a quitté parce qu’il y était menacé de mort. Notre État de droit ne peut se permettre une telle indignité.

Les actualités

  • Volteface sur les aides à la presse : le ministère de la Culture entend mieux les patrons que les syndicats

    Communiqué intersyndical SNJ – SNJ-CGT – CFDT-Journalistes – SGJ-FO au sujet du décret en préparation par le ministère de la culture sur la conditionnalité des aides à la presse (suite de la mission Franceschini). Fin décembre 2020, Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, chargeait Laurence Franceschini, présidente de la Commission paritaire des publications et agences de…

  • La loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881 a 140 ans !

    Ce 29 juillet 2021 marque les 140 ans de l’adoption de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, qui définit les libertés et responsabilités de la presse française.  Elle s’inspire alors de l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, qui dit « La libre communication des…

  • Etudiants en journalisme : quels droits pendant vos stages d’été ?

    La confédération CFDT résume ici les droits des stagiaires : Lire aussi le point complet de la confédération CFDT sur les droits des stagiaires (droit commun). Et en écoles de journalisme ? Concernant les écoles de journalisme reconnues, la durée de stage est encadrée. Extrait du document définissant les critères de reconnaissance, établi par la…

  • Les journalistes, maillons de l’Etat de droit : ce que prépare l’Europe

    La Commission européenne a publié le 20 juillet 2021 son second rapport sur l’état de droit dans l’Union. Elle fait le constat d’une situation qui empire dans les médias (sécurité des journalistes, pression sur les journalistes, dégradations économiques des entreprises de presse, liberté de la presse remise en cause) et particulièrement dans certains pays comme Hongrie…

  • Lanceurs d’alerte : proposition de loi du député Waserman

    Ca y est, la transposition dans le droit français de la directive de l’Union européenne sur la protection des lanceurs d’alerte prend forme. Le député alsacien LREM Sylvain Waserman a déposé mercredi 21 juillet deux propositions de loi (une ordinaire et une organique), qui devraient être programmés à l’automne par le gouvernement. Il a travaillé…

Enable Notifications OK No thanks