Liberté d’informer : Julian Assange doit être libéré !

La décision était attendue par les défenseurs des libertés. Ce lundi 4 janvier 2021, la justice britannique a refusé d’extrader Julian Assange vers les Etats-Unis. C’est une victoire pour le fondateur de Wikileaks et pour tous les défenseurs de la liberté d’informer et d’être informé.

Incarcéré à la prison de Belmarsh, au sud-est de Londres, depuis le 11 avril 2019, jour de son arrestation à l’ambassade d’Équateur, Julian Assange  est considéré comme un prisonnier à risque de suicide. La juge anglaise Vanessa Baraitser a estimé que l’état psychologique du lanceur d’alerte était incompatible avec une extradition et avec les conditions d’incarcération qui seraient les siennes aux Etats-Unis.

Si cette décision est évidemment une bonne nouvelle, on peut cependant s’inquiéter que la juge n’ait retenu aucun argument en lien avec la défense du droit à l’information et de la liberté de la presse. Pire, selon elle, les motifs de poursuite avancés par la justice américaine (« vol », « piratage » et « mise en danger ») sont légitimes.

Julien Assange, porté aux nues par la presse du monde entier, considéré comme « l’homme de l’année » par de nombreux médias, comme le Monde, il y a 10 ans, croupit désormais à l’isolement dans une prison de haute sécurité.

Les puissantes campagnes médiatiques noircissant son image ont eu raison de sa popularité, pourtant méritée.

Les Etats-Unis, où il encourt jusqu’à 175 ans de prison pour « espionnage », disposent de 15 jours pour faire appel de la décision.

Alors qu’une audience doit avoir lieu mercredi 6 janvier 2021 concernant sa demande de mise en liberté, le SNJ, le SNJ-CGT et la CFDT-Journalistes, membres de la Fédération internationale des journalistes, réclament la libération sans condition de Julian Assange. L’Australien a permis que soient publiées des informations d’intérêt général.

Nils Melzer, Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, souligne que ces « informations véridiques sur des fautes officielles graves » se basaient sur des « sources et documents authentiques, de la même manière que tout autre journaliste d’investigation sérieux et indépendant ». « M. Assange n’est pas un criminel et ne représente aucune menace pour quiconque », ajoute-t-il, réclamant sa libération par les autorités britanniques et sa grâce par le président des Etats-Unis.

Après avoir rendu visite au fondateur de Wikileaks en prison en décembre en compagnie de deux médecins, il insiste sur l’urgence de la situation, car « sa santé s’est sérieusement détériorée, au point que sa vie est maintenant en danger ». Il estime également que son «  isolement cellulaire prolongé » équivaut « non seulement à une détention arbitraire, mais aussi à de la torture et à d’autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ».

Le SNJ, le SNJ-CGT et la CFDT-Journalistes réitèrent également leur demande auprès du président de la République Emmanuel Macron d’accorder l’asile politique à Julian Assange.

La France se grandirait à prendre une telle décision.

 

Paris, le 5 janvier 2021.

Les actualités

  • Couvrir la guerre (3) : « A Moscou, le couperet peut tomber »

    Travailler comme journaliste en Russie s’est encore complexifié depuis le début de la guerre en Ukraine. Pour les journalistes Russes, mais aussi pour les journalistes du monde entier correspondants en Russie pour les médias de leurs pays. Benjamin Quénelle, français, correspondant à la pige des quotidiens  nationaux français La Croix et Les Echos, raconte sa position…

  • Couvrir la guerre (2) : Prévenir et écouter les traumatismes  

    Si se rendre sur une zone de conflit fait partie intégrante du métier de journaliste, les conséquences de l’exposition de ces reporters à des scènes de guerre et à des récits violents, comme actuellement avec la guerre en Ukraine, restent encore souvent un tabou. Au sein des rédactions   de France Télévisions et de Lagardère Média News…

  • Projet de suppression de la redevance : « Rien ne peut se faire dans la précipitation »

    Dans un courrier au Président de la République, l’Intersyndicale CFDT, CGT, CFTC, CGC, Sud Médias, SNJ et UNSA de l’audiovisuel demande au locataire de l’Elysée de prendre le temps d’organiser sur le projet de suppression de la redevance une consultation nationale « parce que les enjeux sont essentiels en matière d’information, de lutte contre le complotisme…

  • Les Etats généraux du droit à l’information devront sécuriser la profession

    Lutte contre la désinformation, concentration des médias ou encore liberté de la presse seront au cœur d’Etats généraux du droit à l’information sans doute à partir de novembre, a annoncé le 12 juillet la ministre de la Culture Rima Abdul Malak. La CFDT-Journalistes et la F3C-CFDT expriment leur satisfaction de voir ainsi se profiler un…

  • Grande commande photo : la réponse du Ministère

    La CFDT-Journalistes n’a pas été entendue par le Ministère de la Culture dans sa demande de faire le point de manière transparente sur la Grande commande photo. Nous réitérons nos demandes. Parmi les mesures du  plan de soutien à la filière presse annoncé en août 2020 figurait un fonds de lutte contre la précarité, qui…

Enable Notifications OK No thanks