Justice : un média en ligne frappé par une procédure bâillon du groupe Altice et Patrick Drahi

Les craintes des journalistes quant à la transposition de la directive européenne sur le secret des affaires étaient fondées et c’est avec stupeur que CFDT Journalistes a pris connaissance d’un jugement en référé du Tribunal de commerce de Nanterre du 6 octobre 2022, qui interdit purement et simplement au pure-player Reflets.info (société Rebuild.sh) de publier tout information concernant Patrick Drahi et le groupe Altice.

Comme le rappelle Libération « Le groupe Altice a été victime fin août d’un important vol de données par des cybercriminels, qui ont mis en accès libre une grande quantité de documents confidentiels. Le site reflets.info a rendu public une partie des données, et notamment des informations financières sur le groupe et sur le train de vie de son propriétaire, Patrick Drahi. »

En évoquant la « violation du secret des affaires » et en urgence, le groupe Altice et Patrick Drahi ont donc saisi la justice, afin d’empêcher toute nouvelle révélation de la part du site internet. D’où cette décision étonnante d’un juge, qui contourne allégrement le droit de la presse en interdisant a priori au site la publication de tout nouvel article sur le sujet.

Une censure a priori

Cette décision pose pour le moins un sérieux problème pour l’ensemble des journalistes et des médias : sera-t-il encore possible de publier des informations relatives à Altice dès lors qu’elles sont aussi présentes dans les documents mis en ligne par le groupe de pirates Hive, à l’origine du vol des données ? N’est-ce pas une censure a priori et généralisée qui se met en place ?

Sur son site internet, Reflets.info indique vouloir faire appel de cette décision.

> Retrouvez ici en téléchargement la décision du tribunal de commerce de Nanterre

Les actualités

  • Pour la liberté d’informer sur l’agro-alimentaire en Bretagne

    La CFDT-Journalistes signe la lettre des professionnels de la presse adressée à la région Bretagne, afin que cessent les pressions sur les journalistes enquêtant sur les sujets agro-alimentaires. Elle invite tous les journalistes à en faire autant en cliquant sur ce lien, ainsi que tous les citoyens souhaitant que soit mené un travail d’investigation dans…

  • A circonstances exceptionnelles, mesure exceptionnelle : la carte de presse 2019 renouvelée en 2020

    « Compte tenu de ces circonstances exceptionnelles, la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels) a décidé de renouveler la carte 2020 aux 35 000 titulaires de la carte 2019, indique le communiqué publié mardi midi par la CCIJP. Cette reconduction est une mesure générale et exceptionnelle pour cette année. Elle s’adresse tout particulièrement aux 7000 journalistes qui,…

  • Dans son rapport 2020, l’ODI pointe un nouveau défi pour l’information

    De nouvelles menaces sur la qualité de l’information L’Observatoire de la Déontologie de l’Information (ODI) vient de publier son rapport 2020, « Faire face au trouble dans l’information ». Ce document, qui aurait dû être présenté lors des Assises internationales du Journalisme (reportées à l’automne), souligne la persistance en 2019 de graves dérives, accentuées par le ‘trouble’ provoqué dans…

  • Coronavirus : comment l’action syndicale a permis d’obtenir un décret favorable aux pigistes

    Alors qu’un grand nombre de journalistes pigistes ont vu leurs collaborations fortement freinées voire stoppées depuis le début de la crise sanitaire, la CFDT-Journalistes se félicite des avancées apportées par le « décret pigistes », déterminant leurs conditions d’accès au chômage partiel, paru au Journal officiel ce vendredi 17 avril. Certaines entreprises de presse avaient déjà accordé l’activité…

  • Décret pigistes : une étape est franchie, passons à la suivante

    Communiqué intersyndical. Le décret sur le chômage partiel des journalistes pigistes vient d’être publié. Il énonce clairement les conditions d’accès aux mesures gouvernementales dans chaque entreprise : avoir trois bulletins de salaire au moins sur les douze mois précédant les mesures de chômage partiel, dont deux sur les quatre derniers mois ou avoir collaboré au dernier trimestriel.…

Enable Notifications OK No thanks