Nos coups de coeur des Assises

Du 28 au 30 septembre la CFDT-Journalistes était aux Assises du journalisme, à Tours. Trois jours de débats pour prendre le pouls de la profession et témoigner, sur notre stand ou lors de la table-ronde sur les collectifs de journalistes, où nous intervenions, de notre sens du collectif dans les médias.

Les collectifs dans la profession

« Dans la tension qui caractérise le statut du journaliste entre l’indépendant (auteur) et le collectif (travail en rédaction – lien de subordination) dès le XIXème siècle émerge l’idée d’association, puis de syndicat au XXème siècle. Depuis d’autres formes d’organisations collectives ont vu le jour s’adaptant aux évolutions de statut, tout particulièrement la précarité ». C’est ainsi que Jean-Marie Charon; sociologue des médias a introduit sa présentation des « formes collectives d’organisation des journalistes, aujourd’hui ».

Après un énoncé des besoins auxquels répondent associations de journalistes clubs de la presse, collectifs de pigistes, Elise Descamps, secrétaire générale adjointe de CFDT-Journalistes, a décrit comme l’action syndicale se fait aussi dans le cadre d’un collectif : la section syndicale, qui apporte également des liens, une autre façon de vivre sa place en entreprise, et comment la CFDT-Journalistes anime son propre collectif de pigistes en interne : le pôle pigistes CFDT.

Vu des quartiers

Chapeau à ces initiatives visant à mieux représenter la diversité dans les médias. Par exemple, Vu des quartiers, un annuaire des habitants et acteurs des 1514 quartiers prioritaires en France, souhaitant « échanger avec la presse et raconter ce qui se passe chez eux ». Le projet est porté par l’association des maires Ville & Banlieue et BFMTV et l’association est animée par le journaliste Clément Vogt. Les journalistes (tous les journalistes, et pas seulement ceux de BFM-TV !) n’ont accès aux contacts qu’après accréditation, qui vaut acceptation des règles d’utilisation et notamment l’engagement à respecter la charte de déontologie des journalistes de Munich. Dans l’immédiat, l’asso chercher à se faire connaître pour que des habitants des quartiers se fassent référencer dans l’annuaire.

Des solutions à la défiance ?

Nous avons participé à une expérience géniale organisée par Les Assises et le collectif Informer n’est pas un délit : un banquet avec 50 journalistes et 50 habitants de Tours, et 3 sujets de conversations imposés : ce qui me plait quand je m’informe, ce qui me déplaît (me donner envie de ne plus m’informer), et quelles solutions à la défiance ? À notre table, des habitants qui ne s’informent plus dans les médias traditionnels, pensent que les journalistes sont à la botte, doutent de ce qu’ils entendent car ils ont un jour constaté des erreurs sur les sujets qu’ils connaissent, trouvent trop anxiogène d’écouter le journal. Des échanges vifs, sincères, constructifs, bienvenus tant le chantier semble immense pour rebâtir la confiance. Heureusement les idées pour avancer ne manquent pas.

Photo : Jean Tramier / Les Assises

Des intervenants en éducation aux médias qui la jouent collectif !

Enfin, au détour des allées des Assises, nous avons découvert des pépites. Notamment ces pigistes investis dans l’éducation aux médias, organisés en réseau – Emi-cycle– en région Ile-de-France avec la ferme volonté de défendre collectivement leurs conditions de travail. Entre eux, pas de concurrence, au contraire. Ils s’entendent sur des valeurs communes. « À travers l’EMI, nous visons une transformation sociale, émancipatrice, permettant la production collective d’un savoir partagé et d’une information plus juste, rendant possible le plein exercice de la citoyenneté pour tous les publics. », écrivent-ils par exemple dans leur Manifeste. Et ils se sont mis d’accord sur des tarifs : en deçà, ils refusent ! Chapeau !

Les étudiants ne lâchent rien

Ou encore, nous croisons des étudiants et sortants d’écoles de journalisme que nous avions déjà rencontré aux Etats généraux de la formation et de l’emploi des jeunes journalistes, des 3 et 4 octobre 2022, avec la belle surprise de découvrir que les délégués des 14 écoles reconnus, qui avaient travaillé ensemble à des revendications communes, ont décidé de poursuivre le chemin, en se constituant sans doute prochainement en association. Objectif : donner une suite aux constats établis aux Assises, par des initiatives avec la Conférence des écoles, pour favoriser leur insertion professionnelle notamment. Bravo aussi à eux de la jouer collectif !

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