Les salariés du « Dauphiné Libéré » expriment leurs inquiétudes

Dans une lettre ouverte diffusée mardi 19 septembre, la section CFDT interpelle Christophe Victor, directeur général du Dauphiné Libéré, quant au devenir du titre, qui envisage de fermer plusieurs agences emblématiques, notamment à Grenoble et Voiron, et des baisses d’effectifs…

« Monsieur le directeur général,
Les salariés dont vous avez la charge sont très inquiets.
Ils sont inquiets pour leurs métiers.
Ils sont inquiets pour leurs emplois.

Ils sont inquiets parce que leur entreprise semble perdre son cap.
Ils sont inquiets parce qu’ils ne comprennent pas les mesures qui sont prises pour pallier une situation se dégradant, pour un journal passé de “premier de la classe” du groupe EBRA à unique titre du même groupe “en redressement” après la crise
sanitaire…
Ils sont inquiets. Et comme vous le savez, l’inquiétude n’est jamais bonne dans une entreprise. L’inquiétude mène au doute et le doute à la désillusion.
Est-ce là l’idée qu’on peut se faire en lisant au mur des agences du Dauphiné Libéré : “EBRA certified positive company” ? Est-ce une déclinaison maison du “bien-être au travail” ?
Quand d’autres titres du groupe EBRA perçoivent des millions d’Euros (et plus souvent des dizaines de millions d’Euros) de la part du Crédit Mutuel pour se redresser, vous annoncez aux salariés du Dauphiné Libéré des fermetures d’agences, des baisses dans l’effectif de la rédaction, des non-remplacements quasi-systématiques.
Quand il s’agit de faire des économies drastiques, vous annoncez rénover les locaux de Veurey. Quand il s’agit de “gratter” le moindre Euro de dépenses, vous confiez la communication du “Tech & Fest” à une agence extérieure plutôt qu’à EBRA services. Quand vous parlez de ne pas remplacer les journalistes quittant l’entreprise, vous embauchez des cadres en communication, un directeur de la photographie ou encore dernièrement, vous remplacez un cadre de la comptabilité.
Vous qui, lors de la fête de juin dernier, avez usé de la métaphore “alpinistique” en parlant de cordée pour évoquer le Groupe EBRA et le DL, n’oubliez pas qu’une cordée c’est avant tout l’entraide et que la faiblesse de l’un des membres est toujours compensée par les autres grimpeurs. Sans cela, c’est la chute. Vous avez accepté ce rôle de premier de cordée d’une entreprise en pointe dans le groupe et dès la moindre baisse de régime, vous sortez l’Opinel pour couper la corde…
Vous annoncez la fermeture de l’agence emblématique du Dauphiné Libéré (Grenoble) et une autre à Voiron. Sans explication, sans considération pour les salariés qui y travaillent, pour nos lecteurs, pour l’image du titre (mais il est vrai qu’on ne parle plus de titres mais de marques…).

vous tranchez sans guère prêter l’oreille aux voix de la rédaction et des salariés de deux agences iséroises d’importance, qui expriment leur incompréhension, leurs craintes, leur colère.

Vous faites fi des grandes annonces parisiennes d’EBRA à propos du respect de l’environnement, en demandant aux journalistes grenoblois de rouler et rouler encore entre le siège et la ville pour leurs reportages. Mais surtout dans cette affaire, vous tranchez sans guère prêter l’oreille aux voix de la rédaction et des salariés de deux agences iséroises d’importance, qui expriment leur incompréhension, leurs craintes, leur colère.
Monsieur le directeur général du Dauphiné Libéré, la CFDT se demande aujourd’hui quel est votre cap, quelle est votre vision pour l’avenir de l’entreprise : voir aboutir le vieux rêve de feu Robert Hersant qui voulait “un journal sans journalistes” ? Créer un conflit social tel que si la marque DL et ses événements seront peu impactés, le titre lui ne s’en relèvera pas ? Laisser s’installer une telle désillusion chez les salariés (et là-dessus soyez assuré que l’affaire est déjà bien embarquée) qu’il feront tout pour fuir des conditions de travail de plus en plus délétères ?
Pour filer la métaphore alpine, la cordée Dauphiné Libéré ne sait plus où elle va, elle a perdu ses repères dans un brouillard de plus en plus épais. Et pour ajouter à son inquiétude, son chef de cordée annonce qu’il va couper la corde plutôt que d’appeler le camp de base Crédit Mutuel pour un soutien financier en cette période délicate.
Alors, Monsieur le directeur général, ne vous étonnez pas si demain – ou après-demain -, l’orage gronde sur le Dauphiné Libéré. C’est souvent ce qui arrive quand on part bille en tête, sans écouter autour de soi, sans consulter la météo, sans regarder le ciel s’obscurcir…

Les actualités

  • Valeurs Actuelles perd son procès bâillon contre le CDJM

    Communiqué du Conseil de déontologie journalistique et de médiation, dont est membre fondateur la CFDT-Journalistes   Le Tribunal judiciaire a débouté Valeurs actuelles et a donné raison au Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM). C’est un succès majeur pour la liberté d’expression et le droit de chaque citoyen à une information de qualité.…

  • Le PDG au tribunal : « Christophe Tostain ne peut plus représenter le Dauphiné libéré » estiment les syndicats

    Les sections syndicales CFDT, CGT, FO et SNJ du Dauphiné Libéré ont fait parvenir au président du groupe Ebra, M. Carli, une lettre ouverte pour lui demander le limogeage de Christophe Tostain, PDG du journal, poursuivi pour la seconde fois pour des violences conjugales… M. Carli, Vous êtes, depuis ce mardi 9 mars au soir,…

  • L’agression de Christian Lantenois ne doit pas être récupérée !

    Le 27 février le photojournaliste du quotidien régional L’Union l’Ardennais était violemment frappé dans un quartier où il effectuait un reportage. Un « fait divers » qui a soulevé une immense vague d’indignation, et c’est à saluer. Mais alors que pointe le risque de la récupération, rappelons qu’il s’agit avant tout d’un drame humain. Et que la…

  • 8 mars : Journalistes, débusquons les stéréotypes de genre

      Pour la journée internationale des droits des femmes, le lundi 8 mars 2021, la CFDT-Journalistes a choisi d’inviter ses adhérents et tous les journalistes à questionner leurs pratiques, à travers l’opération « l’heure du tamis ». Pour briser la chaîne des stéréotypes et ne plus être les relais d’un sexisme insidieux, passons au crible nos écrits,…

  • 8 mars : Toutes et Tous pour l’égalité et la parité dans nos rédactions

    Communiqué SNJ – SNJ-CGT – CFDT-Journalistes – Prenons la Une ! 8 mars : Toutes et Tous pour l’égalité et la parité dans nos rédactions   Le 8 mars, c’est la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Partout, à travers le monde, des rassemblements, des grèves et des manifestations auront lieu pour…

Enable Notifications OK No thanks