France Télévisions : nous dénonçons la complaisance de la direction de l’info à l’égard de l’extrême droite

Communiqué intersyndical des sections CGT – CFDT – Sud de France télévisions.

Nous, journalistes, techniciens, administratifs, représentants syndicaux, apportons notre soutien aux confrères et collègues, membres de la SDJ de la rédaction nationale de France 3 qui ont signé la tribune intitulée « Pour un front commun des médias contre l’extrême droite », publiée le 19 juin 2024 par Médiapart.

Nous sommes indignés par leur mise à l’écart des sujets ayant trait aux élections législatives, imposée par la direction de l’information de France Télévisions suite à cette prise de position. Le directeur de l’information invoque pour justifier cette décision inique « les principes professionnels en matière de conflits d’intérêts comprenant le cas des soutiens aux candidats » et « l’image d’impartialité des rédactions de France Télévisions ».

Nos collègues n’ont pas appelé à voter pour les uns ou les autres. Ils n’ont pas été partisans. Ils sont simplement humanistes et républicains. Ils ont appelé à faire front contre l’extrême droite.

Face à ce danger, nous sommes bien d’accord avec eux, il ne peut y avoir de compromis. Notre pays porte dans sa mémoire les stigmates douloureux des politiques nationalistes qui ont abouti à l’effroyable conflit de 1939-45.

Aujourd’hui, le Rassemblement national représente une menace pour les institutions, pour les libertés fondamentales – dont la liberté d’expression, qu’à France Télévisions nous devrions brandir comme un étendard. Son discours de haine contre l’Autre vise à diviser la société, détruire les principes républicains de la Liberté, de l’Egalité et de la Fraternité. Outre le fait que ce parti xénophobe est l’ennemi des travailleurs, des syndicats, des services publics pour tous, des protections, des minorités sexuelles, des « Français d’origine étrangère », des cultures et des solidarités, il menace ouvertement, jusque sur nos plateaux télé, la liberté de la presse.

Nous, salariés et citoyens, défenseurs des médias libres et indépendants, nous alertons contre le danger qui est aujourd’hui bien réel : celui de l’extrême droite.

Vu la situation, nous nous étonnons que la direction du 1er groupe audiovisuel français puisse, ici et maintenant, prôner une neutralité hypocrite. Nous nous en inquiétons. Prendre parti contre la xénophobie et la transphobie, punis par la loi, relève non pas d’une faute mais d’une responsabilité morale, éthique, qui devrait être placée au-dessus de toutes choses.

Invoquer un principe de neutralité, dans la période qui est la nôtre, revient à accepter l’inacceptable. Et ça nous ne l’acceptons pas.

D’autant que la direction de l’information semble avoir une conception pour le moins fluctuante de ce « principe ». Elle est apparemment moins prompte à recadrer ses rédactrices en chef

ou ses éditorialistes vedettes qui passent leur temps à dénigrer le Nouveau Front populaire dans leurs tweets ou leurs éditoriaux à l’antenne.

Il faut sortir de la manipulation qui consiste à mettre dos à dos la gauche et l’extrême droite. Cela n’a rien à voir. Les uns respectent les principes de la République, les autres pas. Le Conseil d’État a lui-même précisé qu’on ne pouvait pas qualifier d’extrême un parti comme La France insoumise.

La direction de l’info peut-elle vraiment donner des leçons d’impartialité, lorsqu’elle a choisi, au mépris de la Démocratie, de faire débattre les seuls Gabriel Attal et Jordan Bardella, lors de la campagne des Européennes ? Ou lorsqu’elle permet au Premier ministre de faire irruption sur un plateau sans y avoir été invité, en pleine campagne ?

Doit-on en déduire qu’elle a depuis longtemps choisi son camp et ses vainqueurs ? Qu’elle fait déjà allégeance aux futurs maîtres ?

Nous, journalistes, techniciens, administratifs, représentants syndicaux n’accepterons ni de rester ni neutres, ni de rester impartiaux.

France Télévisions est la télévision du public, pas celle de l’Etat. Présent ou à venir.
Paris, le 24 juin 2024

Les actualités

  • Inaction de l’Arcom face à Bolloré : RSF saisit le Conseil d’Etat

    Pour dénoncer « l’inaction de l’Arcom face aux manquements de CNews à ses obligations », Reporters sans frontières – association dont la CFDT-Journalistes est adhérente – annonce saisir le Conseil d’État. Avec cette saisine, RSF souhaite que le Conseil d’État saisisse le Conseil constitutionnel pour une QPC (Question préalable de constitutionnalité) sur la conformité de…

  • Reprise de La Provence : la CFDT continue de demander l’accès à toutes les offres !

    À La Provence, les 850 salariés du groupe (les quotidiens régionaux La Provence et Corse-Matin ainsi que leurs régies publicitaires et leurs sociétés de portage) sont toujours dans l’attente du choix de leur repreneur, dans le cadre de la liquidation du groupe Bernard Tapie, détenteur de 89% des parts. Depuis novembre 2021, deux candidats sérieux…

  • Radio France : le rapport sans détours du référent violences sexistes et sexuelles

    Lutter contre les violences sexistes et sexuelles dans les médias passe notamment par le travail des référents VSST. Celui qui occupe ce mandat à Radio France, Renaud Dalmar, est aussi le délégué syndical central CFDT. Son 2ème rapport d’activité de référent VSST, portant sur la période septembre 2020 – février 2022, est extrêmement instructif, notamment…

  • Débat Macron – Le Pen : CFDT-Journalistes demande donc aux candidats de respecter l’indépendance de la presse et le pluralisme

    Anne-Sophie Lapix, animatrice du 20h sur France 2, finalement écartée du débat télévisé de l’entre-deux tours. Une question de choix direz-vous ? Certes.  Mais ce choix-là doit revenir aux rédactions, pas aux candidats, jamais.    Les journalistes ne sont pas des patates qu’on prend ou pas sur un étal parce qu’ils sont trop fermes, noirs,…

  • Sept.info vend du rêve, mais c’est au détriment de ses pigistes

    Au festival « Livre à Metz », les 8, 9 et 10 avril, l’éditeur du très beau magazine suisse Sept.info est présent. CFDT-Journalistes aussi pour informer ses lecteurs sur ses pratiques peu conformes avec ce qu’il prône par ailleurs et rappeler que le journalisme de qualité, ça se paie !  Dans un contexte de défiance médiatique, le…

Enable Notifications OK No thanks