Au Monde Diplomatique comme ailleurs, la CFDT Journalistes entend défendre les plus précaires

Pris dans une tourmente médiatique sur ses pratiques sociales, Le Monde Diplomatique a mis en ligne un article dans lequel il répond à des articles de « Libération » et « Arrêt sur images », tout en mettant en cause la CFDT-Journalistes, récemment intervenue au sein de ce titre dans le cadre d’une négociation de protocole électoral.

Dans son texte, le directeur du journal fait état d’une « une campagne de dénigrements ». Et d’expliquer : « à l’occasion d’élections syndicales destinées à remplacer les délégués démissionnaires, une responsable de la CFDT-Journalistes – qui ne dispose d’aucune implantation au Monde diplomatique – a tenté un coup d’éclat en accusant publiquement notre journal d’exploiter les journalistes pigistes précaires. Sans succès puisque la CFDT n’a pas trouvé le moindre candidat pour monter une liste électorale alors que la CGT faisait élire tous ses candidats. »

Ces propos appellent une réponse ferme : la CFDT-Journalistes, organisation représentative tant en ce qui concerne la convention collective des journalistes (1480) que dans la presse magazine et la presse spécialisée, ne participe à aucune «  campagne de dénigrements » et n’agit que pour l’exécution du mandat qui lui est confié.

Faire progresser les droits des travailleurs les plus précaires

Comme dans toute les entreprises où elle intervient, elle pointe les inégalités et entend faire progresser les droits des travailleurs, surtout s’agissant des plus précaires.

Peut-on en effet accepter que les journalistes pigistes, qui sont la richesse du Monde diplomatique en signant chaque mois une grande partie des articles du journal, reportages et enquêtes d’une grande qualité, n’aient aucune représentation, aucune voix du chapitre, alors qu’ils sont parfois rémunérés, ramené au temps passé, moins que le SMIC horaire ?

Ces travailleurs précaires n’ont pas non plus accès aux œuvres sociales de l’entreprise, ni à l’intéressement.

La CFDT a tout fait pour assouplir ces conditions (électorat et éligibilité), en vain. Ailleurs dans la presse, la place des pigistes parmi les représentants du personnel ne fait plus débat. C’est non seulement une question de justice, une nécessité démocratique, et une chance pour l’entreprise : partout où ils sont élus, les pigistes apportent un regard neuf, pragmatique, et sont de véritables alliés des titres, tant ils y sont attachés et contribuent, par leur savoir-faire, à leur pertinence. 

L’action de la CFDT a alors permis de relever un problème majeur : la disproportion entre la place des journalistes rémunérés à la pige et la façon dont ils sont considérés. Elle est dans son rôle. Mais on comprend que cela ne plaise pas à la direction d’un journal qui se retrouve ainsi en contradiction avec les valeurs qu’elle dit porter.

Nous avons formulé des propositions qui, espérons-le, verrons le jour avec ou sans nous

Que la CFDT cherche à proposer sa voix, sa vision de la vie au travail dans un journal où elle n’a pas déjà des élus puisse étonner a aussi pour le moins de quoi… étonner, justement ! Quand on est une organisation syndicale, la première de France, obtenant des résultats pour les salariés, on souhaite formuler ses propositions à tous. Quand on constate des inégalités (comme la mauvaise répartition des richesses), déplorer et dénoncer est vain si on ne peut pas négocier, au sein des instances qui le permettent. Avoir des élus et donc des candidats est la première étape non pas vers le pouvoir mais afin de pouvoir agir.

Le directeur du Monde Diplomatique indique que la CFDT n’a « pas trouvé le moindre candidat », et pour cause : des pigistes souhaitaient être candidats sous notre bannière, mais comme le reste des 115 pigistes, aucun ne passait les critères d l’éligibilité très stricts. Dommage pour ces personnes qui voulaient s’engager, portaient un véritable projet et n’ont pas pu le proposer !

Quand bien même la CFDT ne présenterait pas de liste, intervenir dans un PAP est une mission qu’elle s’efforce d’exercer, ne serait-ce que pour vérifier si les règles sont respectées, au Diplo comme ailleurs.

Alors, un échec ? Sans doute pas. Car nous avons formulé des propositions qui, espérons-le, verrons le jour avec ou sans nous (élection aux critères innovants pour la prise en compte des précaires,  vote électronique pour favoriser la participation des pigistes répartis à travers le monde, coconstruction de solutions avec eux via l’organisation d’une grande consultation…). Et surtout nous avons pu expliquer aux pigistes découvrant la situation qu’ils pouvaient conquérir des droits.

Les actualités

  • Une proposition de loi sécurité globale contre la liberté de la presse

    La proposition de loi dite de « sécurité globale », déposée par la majorité gouvernementale, entend interdire la diffusion, par tous moyens, de l’image d’un policier, d’un gendarme ou d’un militaire en opération, dans le but de porter atteinte à leur intégrité physique ou psychique. Ce texte est une réponse clientéliste du ministère de l’intérieur…

  • « Sécurité globale » : LDH et Journalistes demandent le retait pur et simple

    Communiqué commun Une proposition de loi sécurité globale contre la liberté de la presse   La proposition de loi dite de « sécurité globale », déposée par la majorité gouvernementale, entend interdire la diffusion, par tous moyens, de l’image d’un policier, d’un gendarme ou d’un militaire en opération, dans le but de porter atteinte à leur intégrité physique ou psychique.…

  • Renouvellement de la carte de presse : dématérialisation et plus grande souplesse

    La campagne de renouvellement de la carte de presse a débuté le 3 novembre 2020. Les titulaires ont reçu un courrier de la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP) leur indiquant la marche à suivre. Quelques nouveautés et possibles confusions nécessitent de faire le point. LES FRAIS : AVANCER OU NON LA PART EMPLOYEUR ?…

  • Proposition de loi Sécurité collective : un texte inacceptable contre la presse et les journalistes

    Le groupe parlementaire LREM a déposé une proposition de loi sur la sécurité collective qui devrait venir en discussion dans les jours à venir. Ce texte, élaboré sans aucune concertation avec les organisations syndicale de journalistes, porte atteinte à la liberté de la presse et au libre exercice de la profession de journaliste. En effet,…

  • Avec ou sans carte de presse, quelles sorties pour les journalistes ?

    « La carte de presse suffit pour les déplacements des journalistes : il n’est pas utile d’avoir en plus une attestation de l’employeur. Les autres personnels de rédaction peuvent se déplacer avec une attestation permanente de l’employeur. » C’est ce qu’a indiqué le ministère de la Culture aux syndicats de journalistes, après consultation de la cellule de…

Enable Notifications OK No thanks