Journée mondiale de la liberté de la presse : solidarité avec les journalistes de Gaza et les journalistes environnementaux

Ce 3 mai, Journée mondiale de la liberté de la presse, la CFDT-Journalistes a participé comme chaque année à l’hommage à Ghislaine Dupont, Claude Verlon et Camille Lepage et toutes celles et ceux qui sont « mortes et morts pour l’Information », avec l’association des Amis de Ghislaine et Claude, et l’association Camille Lepage – On est ensemble sur la place parisienne Ghislaine Dupont, Claude Verlon et Camille Lepage.
Ghislaine et Claude, en mission pour RFI, ont été enlevés et assassinés à Kidal au Mali le 2 novembre 2013. Camille Lepage, photojournaliste pigiste, a été tuée dans une embuscade en République centrafricaine le 12 mai 2014.

Nous ne les oublions pas.

Prix de l’UNESCO pour les journalistes palestiniens

Cette année, les journalistes palestiniens payent aussi un lourd tribut : plus de 100 sont morts depuis le 7 octobre. Jeudi 2 mai, l’UNESCO a remis son Prix mondial de la liberté de la presse Guillermo-Cano aux journalistes de Gaza. Nasser Abu Baker, le président du Syndicat des journalistes palestiniens (PJS) et le vice-président de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), a reçu ce prix au nom de ses consoeurs et confrères de Gaza.

Nous renouvelons notre soutien à nos consoeurs et confrères de Gaza ainsi que notre demande d’ouverture des frontières afin que les journalistes internationaux puissent y retourner.

Nasser Abu Baker, President of the Palestinian Journalists’ Syndicate (PJS) and Vice-President of the IFJ, received the UNESCO prize on behalf of his colleagues in Gaza. Credit: Zuliana Lainez/IFJ.

Voir la vidéo de la cérémonie de remise du prix. Lire notre dernier communiqué intersyndical de soutien aux journalistes de Gaza en février dernier, notre communiqué CFDT de décembre, et notre récit des Assises de Tours fin mars où une minute de silence avait été tenue.

Hommage aux journalistes enquêtant sur l’environnement et menacés

Cette année, la 31ème conférence mondiale sur la liberté de la presse organisée par l’UNESCO du 2 au 4 mai au Chili est consacrée aux journalistes enquêtant sur l’environnement.

« Dans le contexte de la triple crise planétaire (changement climatique, perte de biodiversité et pollution de l’air), les campagnes de désinformation remettent en question les connaissances et les méthodes de recherche scientifique (…) La désinformation et mésinformation sur les questions environnementales peut entraîner un manque de soutien public et politique à l’action climatique, ainsi que l’absence de politiques efficaces pour protéger les communautés vulnérables touchées par le changement climatique, notamment les femmes et les filles, car ce dernier a tendance à exacerber les inégalités existantes », rappelle l’UNESCO, qui souligne le rôle des journalistes : « C’est à travers leur travail, leur courage et leur persévérance que nous pouvons savoir ce qui se déroule vraiment à travers les différentes régions du monde. Ils sont en première ligne de notre combat collectif pour la santé de notre planète et de notre lutte pour des vies habitables. »

Or l’UNESCO alerte sur les actes de violence et d’intimidation croissants à l’encontre des journalistes couvrant l’environnement et le dérèglement climatique. Au moins 749 journalistes ou médias traitant des questions environnementales ont été attaqués au cours des 15 dernières années. L’UNESCO appelle à un soutien plus important des journalistes environnementaux et à une meilleure gouvernance des plateformes numériques.

Lire le rapport de l’UNESCO et lire les revendications CFDT pour un meilleur traitement médiatique de la transition écologique, ainsi que la Charte pour un journalisme à hauteur de l’urgence écologique.

Vous avez envie de vous investir sur ces sujets avec CFDT-Journalistes ? Rejoignez nos Sentinelles Vertes ! Ecrivez-nous à journalistes@f3c.cfdt.fr

La France au 21ème rang selon RSF

Reporters sans frontières a également publié son classement mondial de la liberté de la presse. La France y remonte légèrement, à la 21ème place sur 180. Peut mieux faire.

RSF souligne qu’un nombre croissant de gouvernements et d’autorités politiques n’assurent pas leur rôle de garant d’un cadre exemplaire pour l’exercice du journalisme et pour le droit du public à une information fiable, indépendante et plurielle. RSF observe une détérioration préoccupante du soutien et du respect de l’autonomie des médias et un accroissement des pressions exercées par l’État ou d’autres acteurs politiques.

RSF dénonce aussi, à Gaza, l’ »absence manifeste de volonté politique de la communauté internationale à faire appliquer les principes de protection des journalistes, et tout particulièrement la résolution 2222 du Conseil de sécurité de l’ONU ». Dans son classement 2024, la Palestine (157e), occupée et sous les bombes israéliennes, devient l’un des dix derniers pays du monde en termes de sécurité pour les journalistes.

La France loin d’être un havre de parfait respect de la liberté de la presse

Enfin, dans son Évaluation annuelle de l’état de la liberté de la presse en Europe par les organisations partenaires de la Plateforme pour la sécurité des journalistes, le Conseil de l’Europe pointe les menaces y compris en France. Sur les 41 alertes ayant dénoncé des atteintes à la sécurité physique et à l’intégrité des journalistes, la France est le pays représentant le plus grand nombre de cas (4) après la Russie (11).

L’année 2023 a aussi été marquée par des atteintes inquiétantes, des agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ayant perquisitionné le domicile d’Ariane Lavrilleux, journaliste du média d’investigation français Disclose, et l’ont placée en garde à vue pour interrogatoire dans le cadre d’une enquête ouverte pour « compromission du secret de la défense nationale ».

Lire le rapport du Conseil de l’Europe et notre communiqué sur les atteintes aux journalistes par les forces de l’ordre.

Une date clé pour nous, journalistes

Le 3 mai a été proclamé Journée mondiale de la liberté de la presse par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1993, suivant la recommandation adoptée lors de la 26e session de la Conférence générale de l’UNESCO en 1991.

Ce fut également une réponse à l’appel de journalistes africains qui, en 1991, ont proclamé la Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l’indépendance des médias.

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