Faire de l’éducation aux médias et à l’information une grande cause nationale

Face à la déferlante de fausses informations et dans une adresse au Président de la République, les acteurs de l’éducation aux médias et à l’information, dont CFDT-Journalistes, signataire de l’appel,  tirent la sonnette d’alarme : il est urgent de mettre en place une véritable politique publique dans ce domaine et de donner aux acteurs de terrain les moyens d’agir enfin de manière concrète, coordonnée et efficace.

 

Monsieur le Président,

Le 24 avril, dès les premières minutes de votre réélection, vous avez choisi de traverser la foule entouré d’enfants, envoyant à tous vos concitoyens un message fort : votre nouveau quinquennat sera celui de la jeunesse. Cette jeunesse, vous voulez lui offrir un “monde meilleur” et “mieux la protéger”, dans une société de plus en plus fragmentée.

Mais cette jeunesse, qui devra affronter l’immense défi climatique et redonner un nouveau souffle à notre démocratie vieillissante, se trouve aujourd’hui désarmée face à un flot continu d’informations, de posts et de messages, dont elle peine à évaluer la fiabilité et la pertinence. Tous les jeunes Français ne disposent pas des outils pour se forger une opinion de manière éclairée et saine, ils sont entraînés dans des spirales dangereuses, pouvant mener à l’isolement et à la radicalisation.

Ce fléau touche toute la société : aucune classe sociale, aucune classe d’âge n’est épargnée. Aujourd’hui, un Français sur trois souscrit à une théorie conspirationniste. Les croyances prennent le pas sur la rationalité. Nombreux sont nos concitoyens qui s’éloignent de la médecine et de la science. La confiance dans les médias et les institutions est au plus bas, ce qui met directement en danger notre démocratie.

Nous, journalistes, éducateurs, enseignants, chercheurs, formateurs, vulgarisateurs, agissant sur le terrain, côtoyons tous les jours des publics en désarroi. Et nous sommes extrêmement inquiets.

A l’école, des millions d’élèves quittent leur établissement sans avoir acquis les compétences indispensables à l’exercice de leur citoyenneté à l’ère numérique. Les enseignants ne bénéficient pas tous de la formation adéquate pour éveiller l’esprit critique des élèves. Souvent, l’éducation aux médias et à l’information, inscrite dans les programmes mais sans heures dédiées, relève de seules initiatives individuelles. Le manque de moyens et de ressources qui lui sont alloués est criant.

Hors l’école, malgré l’investissement de certains ministères, le soutien aux acteurs de terrain reste irrégulier et incomplet. Des dizaines d’associations, de lieux de savoir et de culture, d’entreprises et de citoyens engagés se battent pour défendre la qualité de l’information et aiguiser l’esprit critique des Français. Mais cet engagement est réparti de manière inégale sur le territoire, au point que la fracture informationnelle vient aujourd’hui aggraver les fractures sociales et économiques existantes.

M. le Président, la défaillance de l’Etat sur le sujet a un coût : les plateformes, en grande partie responsables du problème, s’engouffrent dans ce créneau, au détriment de l’indépendance et de la pluralité médiatique, sans autre garantie de qualité que leurs propres critères.

Nous, acteurs et artisans de l’éducation aux médias et à l’information au quotidien, formons aujourd’hui une coalition riche, diverse et inclusive. Nous voulons construire ensemble une action coordonnée et réellement efficace sur l’ensemble du territoire.

Monsieur le Président, la situation exige d’élever l’éducation aux médias et à l’information au rang de grande cause nationale.

Pour que cela se traduise concrètement, nous vous demandons de créer sans délai un “fonds éducation aux médias et à l’information”. Ce fonds pourrait être financé par l’Etat et par une fraction de la taxe sur les entreprises numériques. Il permettrait de soutenir les acteurs de terrain, en relation directe avec les pouvoirs publics et les élus, à l’échelle nationale et locale.

La mise en place d’une véritable politique de l’éducation aux médias et à l’information ne pourra se faire qu’à ce prix. Cet investissement constitue une formidable opportunité pour la France. Un immense espoir pour cette jeunesse qui nous tient tant à cœur. Ensemble, nous placerons la France à la pointe de la lutte contre la désinformation et la manipulation en ligne et nous façonnerons une véritable citoyenneté à l’ère numérique, partout et pour tous.

M. le Président, la France a la chance de compter d’innombrables acteurs de terrain mobilisés pour faire de notre pays une nation éclairée et ressoudée. Il faut que la volonté politique soit au rendez-vous. Le défi est immense.

Etes-vous prêt à le relever ?

Si vous souhaitez soutenir cet appel : c’est ici

 

Les actualités

  • La CFDT partenaire des 48h de la pige les 16 et 17 juin à Nantes

    Depuis 2011, l’association Profession : Pigiste permet aux journalistes pigistes de toute la France de se retrouver, d’échanger et de partager leurs expériences lors d’une événement de deux jours dans une ville de France : les 48h de la pige. Cette année rendez-vous  les jeudi 16 et vendredi 17 juin à Nantes pour la 11e édition !  Le…

  • Barèmes de pige en presse spécialisée : ça ne décolle pas !

    Les négociations des barèmes minimum salariaux des journalistes de presse spécialisées ont abouti à une maigre revalorisation des tarifs de pige. La jugeant largement insuffisante, la CFDT-Journalistes (F3C-CFDT) est le seul des syndicats représentatifs à ne pas avoir signé. Les employeurs ont en effet refusé d’accéder à notre revendication d’un tarif au feuillet à 60 € brut (hors…

  • Grande commande photo : CFDT Journalistes interpelle le ministère de la Culture et la BNF

    Par courrier, CFDT-Journalistes a interpellé le ministère de la Culture et la BNF sur le deuxième volet de la Grande commande photo. En pleine crise sanitaire, le 27 août 2020, alors que de nombreux médias la subissaient de plein fouet, la ministre de la Culture d’alors, Roselyne Bachelot, et le ministre de l’Économie, Bruno Le…

  • Pigistes, formez-vous !

    Les pigistes ont trois possibilités pour se former : le plan de développement des compétences de leurs employeurs (plus facile à obtenir quand la collaboration est très régulière) le Compte personnel de formation (CPF) : il s’agit de formations visant une certification. Le CPF peut aussi servir à suivre un bilan de compétences. Tout commence…

  • Carte de presse : conseils aux pigistes

    Depuis les dernières élections à la Commission de la Carte d’Identité des Journalistes Professionnels (CCIJP), en décembre 2021, les représentants CFDT à la CCIJP sont : Yoann Labroux-Satabin, journaliste pigiste, élu CSE à La Vie (Malesherbes Publications), membre du comité de groupe Le Monde, occupe le siège de titulaire au sein du collège journalistes de…

Enable Notifications OK No thanks