Piges : nous demandons le paiement au rendu !

Le 8 septembre, les quatre organisations syndicales représentatives des journalistes – SNJ, SNJ-CGT, CFDT- Journalistes (F3C-CFDT), SGJ-FO – ainsi que l’association Profession: Pigiste, ont écrit aux syndicats patronaux pour leur demander d’engager les démarches pour que tous les pigistes soient payés au rendu, et pas à la parution ! C’est écrit dans le code de la Sécurité sociale !

Objet : Mise en conformité des délais de paiement des journalistes rémunérés à la pige et demande de création d’un groupe de travail paritaire

Mesdames, Messieurs les représentants des syndicats patronaux du secteur de la presse écrite, web et audiovisuelle

Comme vous le savez, Pôle emploi cherche à mettre en cohérence les obligations des journalistes rémunérés à la pige bénéficiaires de l’allocation chômage (actualiser leur situation chaque mois en déclarant le montant des piges réalisées pendant le mois) avec celle de leurs employeurs (transmettre à Pôle emploi les Déclarations sociales nominatives pour les piges réalisées au cours du mois). En effet la réglementation est claire : le salaire doit être versé à la fin du mois d’exécution du contrat de travail. Ce qui est vrai pour tous les salariés de tous les secteurs d’activité doit l’être pour les journalistes pigistes, et Pôle Emploi n’entend pas qu’il existe des dérogations.

Dans les faits, cette mise en cohérence est empêchée par le fait que beaucoup d’employeurs ne payent pas leurs pigistes à la fin du mois de travail effectif mais après sa parution (et parfois bien après, dans le cas de bimestriels ou trimestriels ou papiers restant longtemps au marbre). Or il est impossible pour les pigistes de déclarer leurs piges à Pôle emploi le mois où elles ont été réalisées si elles ne donnent pas lieu à un bulletin de salaire de ce mois.

Afin de respecter la réglementation de part et d’autre, les éditeurs qui ne le font pas doivent modifier leurs pratiques de paye, pour aboutir sans tarder au modèle suivant : piges réalisées (envoi du texte, de la photo, journée de JRI…) en août (qu’elles paraissent le même mois ou plusieurs mois plus tard) = piges payées fin août (bulletin de salaire du mois d’août).

Cette règle s’appuie sur plusieurs textes législatifs, et notamment l’article R243-6 du Code de la Sécurité sociale : « Les cotisations dues au titre des assurances maladie, maternité, invalidité, vieillesse, décès, des accidents du travail et des allocations familiales sont versées par les employeurs aux organismes de recouvrement (…) le mois suivant la période de travail au titre de laquelle lesrémunérations sont dues, au plus tard aux échéances suivantes : 1° Le 5 de ce mois pour les employeurs dont l’effectif est d’au moins cinquante salariés et dont la paie est effectuée au cours du même mois que la période de travail ; 2° Le 15 de ce mois dans les autres cas. »

La période de travail est bien celle où le journaliste a effectivement réalisé ses recherches, interviews, reportage, écrit, monté… Elle est déconnectée de la date de parution ou diffusion.

Nous, organisations syndicales représentatives des journalistes – SNJ, SNJ-CGT, CFDT- Journalistes (F3C-CFDT), SGJ-FO – ainsi que l’association Profession: Pigiste, vous demandons donc de bien vouloir faire savoir à vos adhérents qu’ils doivent payer les journalistes pigistes à la fin du mois au cours duquel les piges ont été réalisées, et ce sans lien avec leur publication. Un certain nombre d’éditeurs le pratiquent déjà, preuve qu’une fois le processus arrêté, il est tout à fait opérationnel.

Autre sujet important : pour les piges exigeant un délai d’exécution étalé dans le temps, comme les enquêtes ou reportages au long cours ou les dossiers volumineux, où plusieurs mois peuvent s’écouler entre la commande et la parution, l’unique fiche de paie n’est pas représentative du travail effectif. Nous préconisons alors de rémunérer ce travail en plusieurs fois. C’est indispensable pour permettre au journaliste pigiste de recevoir une rémunération au fil de l’exécution du travail et lui donner l’accès à tous ses droits sociaux.

Enfin, rappelons que si la nécessité d’avancer sur ce sujet s’est récemment imposée via Pôle emploi, l’allocation chômage ne concerne pas tous les journalistes pigistes mais seulement ceux pour lesquels a été actée une fin de contrat en bonne et due forme. Par conséquent, vous n’avez pas d’attestation employeur à fournir à Pôle emploi tant que le contrat n’est pas rompu.

Tous ces défis ne sont pas si complexes à relever, vos entreprises en sortiront plus vertueuses et surtout plus respectueuses de la réglementation et du travail des journalistes pigistes.

Nous vous demandons de bien vouloir mettre en place un groupe de travail paritaire, ce qui pourrait être fait en parallèle de la CPPNI des journalistes, afin de permettre aux représentants patronaux et syndicaux d’échanger sur ces différents sujets.
Nous demandons parallèlement à nos représentants en entreprises de porter ce sujet en CSE, en vue d’une mise en conformité au plus vite.

En vous priant de recevoir nos salutations respectueuses,

Emmanuel Poupard, Premier secrétaire général, SNJ, snj@snj.fr

Tristan Malle,Secrétaire général, SGJ-FO fo.journalistes@gmail.com

Emmanuel Vire, Secrétaire général, SNJ-CGT, contact@snjcgt.fr

Elise Descamps, Secrétaire générale,  CFDT-Journalistes contact@snjcgt.fr journalistes@f3c.cfdt.fr

Clément Pouré et Sylvie Fagnart, coprésidents, Profession : Pigiste, info@pigiste.org

Les actualités

  • 76 jours de captivité pour Olivier Dubois. Nous n’oublions pas notre confrère

    Notre confrère pigiste Olivier Dubois a été enlevé au Mali le 8 avril 2021. CFDT-Journalistes reste mobilisée aux côtés de la profession et de son comité de soutien. Nous vous invitons à relayer la mobilisation en utilisant les mots-dièse #FreeOlivierDubois #OlivierDubois #Journalisme #Sahel et en suivant les actions du comité de soutien sur les réseaux Facebook et Twitter.…

  • Victoire CFDT pour les précaires : le Conseil d’Etat retoque la réforme de l’Assurance chômage :

    La CFDT et les organisations syndicales qui ont déposé un recours devant le Conseil d’État pour suspendre les nouvelles mesures de détermination de l’allocation d’assurance chômage ont obtenu gain de cause. C’est une grande satisfaction. La plus haute juridiction administrative a ainsi reconnu que dans le contexte actuel la réforme de l’assurance chômage ne peut…

  • Europe 1 en grève : et si on écoutait les journalistes plutôt qu’espionner leurs AG ?

    Un journaliste menacé de licenciement, une DRH qui capte clandestinement une AG, et une grève bien légitime. Pour la CFDT-Journalistes, Europe1 version Bolloré, c’est non.  Communiqué de la SDR d’Europe1 et de l’intersyndicale publié dans leMonde « A Europe 1, nous refusons de devenir un média d’opinion » En liant son sort à CNews qui…

  • Lanceurs d’alerte : « Trois semaines plus tard, je perdais mon travail »

    La Maison des lanceurs d’alerte, que la CFDT-Journalistes vient de rejoindre en ce printemps 2021, organisait le 2 juin une conférence en ligne de lancement de la campagne qui vise à obtenir de la France la transposition en droit français de la législation européenne de 2019 sur les lanceurs d’alerte. Nous y étions, et la…

  • Pour une loi protégeant davantage les lanceurs d’alerte : journalistes, signons l’appel !

    Ce 2 juin est lancée la campagne « Défendons les lanceurs d’alerte ». La CFDT-Journalistes, entrée récemment à la Maison des lanceurs d’alerte, y participe avec conviction. La France a adopté en 2016, avec la loi dite Sapin II, une législation pionnière qui a représenté un réel progrès pour la protection des lanceurs d’alerte. Mais obtenir ce statut…

Enable Notifications OK No thanks