Schéma national du maintien de l’ordre : des obstacles inacceptables pour l’exercice de la profession de journaliste

Le ministre de l’Intérieur dit vouloir réviser son Schéma national du maintien de l’ordre édité le 16 septembre 2020. En l’état présent, s’il a le mérite de la clarté et de la transparence, il reste inacceptable pour les professionnels de l’information. 

En 29 pages, le ministre Gerald Darmanin apporte des précisions auxquelles son prédécesseur ne nous avait pas habitués. Cependant, si ce texte présente « la liberté d’expression et de communication comme une condition première de la démocratie », il n’est pour autant  tendre avec les journalistes.

Certes,  le ministre demande « de leur reconnaître une place particulière », mais, en même temps, il rappelle que « le délit constitué par le fait de se maintenir dans l’attroupement après sommation ne souffre d’aucune exception y compris au profit des journalistes et membres d’associations ». Et c’est bien là, pour les journalistes CFDT, le principal obstacle d’un texte rédigé sans consultation de leurs organisations syndicales.

Comment les journalistes (qu’ils possèdent ou non la carte de presse) peuvent-ils rendre compte s’ils ne sont pas au cœur des évènements ? Comment, par exemple, durant le mouvement des Gilets jaunes, notre collègue David Dufresne ou Gaspard Glanz auraient-ils pu apporter la preuve des violences subies par les journalistes s’ils n’avaient pas été au plus près de leurs auteurs ?

Pour CFDT-Journalistes, les consignes nouvelles données à la police et à la gendarmerie conduisent à priver les journalistes de leur faculté d’exercer à plein leur profession. De plus, elles n’empêcheront pas des interprétations abusives de fonctionnaires zélés comme à Annecy-Meythey (Haute-Savoie) il y a quelques jours, lors de la couverture journalistique d’une action pacifique du mouvement Extinction-Rébellion. C’est une entrave inacceptable à la liberté de la presse que le ministre pourtant encense.

Pour CFDT-Journalistes, en démocratie, il n’est pas de pouvoir légal sans contre-pouvoir.

En l’occurrence, empêcher les journalistes d’être sur le terrain lors d’interventions des forces de l’ordre privera la population d’éléments factuels pour se forger un avis éclairé, alors même que des groupes policiers spécialement dédiés aux tournages audiovisuels pourront fournir officiellement des images collectées par leurs soins.

CFDT-Journalistes souligne que, dès lors qu’ils exercent leur profession, les professionnels de l’information, (qu’ils possèdent ou non la carte de presse), ne sont plus de simples citoyens mais des vecteurs de la démocratie. A ce titre, aucune limitation de l’exercice professionnel n’est acceptable.

Aussi, CFDT-Journalistes demande-t-il au ministre

–  de revoir sa copie effectivement et de revenir sur ses consignes liberticides ;

– de recevoir les organisations syndicales de journalistes ;

– de faire le point sur les enquêtes de l’IGPN suite aux plaintes déposées par une quarantaine de journalistes blessés depuis novembre 2018.

A Paris, le 23 septembre 2020

Les actualités

  • Libertés ! Rassemblement place de la République jeudi 27 juin à 18h

    Médias indépendants, syndicats, dont la Confédération CFDT et la CFDT-Journalistes, associations de défense des droits et mouvements citoyens, nous vous appelons à participer à un grand événement public ce jeudi 27 juin à 18h, Place de la République, à Paris. VENEZ REMPLIR LA PLACE DE LA REPUBLIQUE ! Libertés ! au pluriel, parce que le…

  • Face au RN, une campagne vidéo des auteurs de documentaires

    Dans la continuité de la tribune et en collaboration avec la Ligue des Droits de l’Homme, la GARRD lance une campagne de mobilisation « FACE AU RN, LA LIBERTÉ D’INFORMER N’A PAS DE PRIX » composée de vidéos.  Ces vidéos sont des extraits des reportages, des films d’investigation, des films documentaires qui ont marqué l’histoire…

  • Edito de Ouest-France. Il n’y a qu’un danger : l’extrême droite !

    Communiqué des sections SNJ et CFDT d’Ouest France du 26 juin 2024. Pour nombre de collègues, le réveil a été difficile, ce dimanche 23 juin. Un nouvel édito a encore manié amalgames réducteurs et considérations choquantes. A l’heure où noustraversons la plus grande crise politique de la Ve République, nous, journalistes d’Ouest-France, considérons que ce texte…

  • France Télévisions : nous dénonçons la complaisance de la direction de l’info à l’égard de l’extrême droite

    Communiqué intersyndical des sections CGT – CFDT – Sud de France télévisions. Nous, journalistes, techniciens, administratifs, représentants syndicaux, apportons notre soutien aux confrères et collègues, membres de la SDJ de la rédaction nationale de France 3 qui ont signé la tribune intitulée « Pour un front commun des médias contre l’extrême droite », publiée le…

  • Face aux menaces, injures et agressions, les journalistes ne doivent pas rester seuls

    Dans cette période troublée, alors que la campagne électorale anticipée des législatives est aussi courte que rude, les journalistes sont trop souvent pris à partie par des militants de presque tous les bords. Du côté du Rassemblement National, on leur promet de « s’occuper de leur cas » lorsque le parti d’extrême droite sera au pouvoir. La…

Enable Notifications OK No thanks