Etats généraux de l’information : pas sans les syndicats de journalistes !

Jamais dans notre pays le droit à une information libre et indépendante n’a été aussi menacé.

La scandaleuse atteinte au secret des sources dont est victime notre consœur Ariane Lavrilleux en est une nouvelle illustration, comme, la même semaine, la convocation par la PJ de trois journalistes de Libération.

Cet été, la longue grève des journalistes du JDD est venue rappeler les conséquences dramatiques pour la liberté de l’information et la démocratie de la mainmise grandissante des actionnaires milliardaires sur la presse.

C’est dans ce contexte que sont lancés, ce mardi 3 octobre à Paris, des Etats généraux de l’information, promesses de campagne d’Emmanuel Macron, et repoussés ensuite en raison de la vigueur de la mobilisation contre la réforme des retraites.

Pour que ces Etats généraux soient utiles, il faudrait déjà urgemment changer de méthode et associer les quatre organisations syndicales représentatives des journalistes (SNJ, SNJ-CGT, CFDT Journalistes et SGJ-FO). Pour l’instant, nous sommes loin du compte alors que ce sont elles qui, en entreprise, au quotidien, sont en première ligne des combats pour l’information.

Nous attendons toujours d’être avisés officiellement des objectifs et du déroulement de cette initiative. Cette opacité et la mise à l’écart des interlocuteurs sociaux de la profession nous font craindre que ces Etats généraux ne se résument qu’à une nouvelle opération de communication.

Nos syndicats SNJ, SNJ-CGT, CFDT Journalistes et SGJ-FO sont déterminés à faire entendre leurs voix et à rappeler les revendications qu’elles ont portées, dans l’unité, au cours des derniers mois pour le droit d’informer et d’être informé.

Selon nous, ces États généraux doivent viser quatre objectifs principaux :

– Garantir l’indépendance des journalistes face aux actionnaires, au marché publicitaire et aux plateformes numériques. Pour cela, il est nécessaire de mettre un terme à la concentration actuelle, favorisée par un laisser-faire législatif et financier dont les premiers bénéficiaires, via les aides à la presse notamment, sont les industriels milliardaires dont l’information n’est pas le métier ;

– Modifier en profondeur les textes de lois sur l’indépendance et le secret des sources des journalistes (Dati, Bloche…) qui permettent notamment les procédures-bâillons et ont sapé des pans entiers de la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Ces lois, qui devaient sécuriser les journalistes, sont devenues le prétexte d’atteintes répétées au secret des sources, aux procédures visant à imposer une véritable censure préalable sur le travail des journalistes. Il faut en finir avec les entraves, les intimidations voire les violences dont les journalistes sont les victimes et adapter la loi pour permettre un contexte de travail plus sécurisant ;

– Garantir aux journalistes, et notamment aux plus précaires d’entre eux, de véritables droits sociaux et moraux contre les pressions économiques et éditoriales, en faisant respecter le statut des journalistes, la convention collective, le code du travail, les salaires, et en contrôlant les éditeurs qui multiplient les entorses à ces droits ;

– Refondre le système des aides à la presse afin qu’elles concourent au pluralisme des médias et en les conditionnant au respect de ces droits sociaux et moraux.

Alors que la défiance envers les médias est profonde, nos organisations syndicales sont prêtes à s’engager dans des États généraux œuvrant pour un journalisme d’intérêt public, respectueux des faits et du droit des citoyens à une information de qualité. Cela ne pourra se faire qu’en entendant les représentants des journalistes.

Paris, le 3 octobre 2023.

Les actualités

  • La Voix du Nord : défiance et refus du plan de licenciements proposé

    La résistance est de mise à La Voix du Nord après l’annonce par la direction d’un plan « social » comprenant la suppression de 105 postes (4 ouvriers, 15 cadres, 38 employés et 48 journalistes), qui serait une véritable catastrophe pour le quotidien lillois. Après la première réunion officielle de discussion du PSE, les salariés…

  • Une première mobilisation massive contre la réforme des retraites

    Avec une fourchette comprise entre 1,7 et 1,8 million de manifestants dans toute la France contre le projet de réforme des retraites, ce jeudi 19 janvier 2023, la mobilisations a été très forte, et même au-delà des attentes de l’intersyndicale. Preuve, s’il en fallait, que ce projet est massivement rejeté par les Français de toutes…

  • #19 janvier : appel intersyndical à la mobilisation, carte des rassemblements, modalités pratiques…

    La F3C CFDT et CFDT-Journalistes appellent les salariés des entreprises de presse et de l’audiovisuel à rejoindre les grèves et manifestations contre le projet de réforme des retraites. Un appel intersyndical SNJ – SNJ-CGT – CFDT-Journalistes et SGJ-FO Dans un appel intersyndical lancé par le SNJ, le SNJ-CGT, CFDT-Journalistes et le SGJ-FO, les journalistes sont…

  • Agences de presse : revalorisation des grilles au 1er janvier 2023 pour les journalistes

    A l’issue de la Négociation annuelle obligatoire, les partenaires sociaux ont trouvé un accord de revalorisation des grilles de salaires des journalistes applicable au 1er janvier 2023. Si les montants actés sont loin des revendications initiales des organisations syndicales, la conclusion de ces accords, à défaut d’assurer le maintien du pouvoir d’achat des salariés des…

  • Réforme des retraites : 64 ans, c’est non. Le 19, tous en grève

    Le Gouvernement vient d’annoncer officiellement que les Françaises et Français devront désormais travailler jusqu’à 64 ans ! Concrètement, cela signifie : Né(e)s en 1961 > 3 mois de travail en + pour rien ! Né(e)s entre 1962 et 67 > de 6 à 21 mois en + pour rien ! Né(e)s en 1968 et plus…

Enable Notifications OK No thanks