Afghanistan : les journalistes dans le viseur des Taliban

5 jours après la chute de Kaboul, un groupe d’experts de l’ONU révèle que les Taliban ont constitué des listes d’opposants qu’ils souhaitent arrêter en priorité. Les journalistes et leurs collaborateurs sont aussi dans le viseur, certains déjà empêchés d’exercer.

La CFDT-Journalistes exprime sa solidarité et sa mobilisation face à la dramatique situation en Afghanistan : le retour au pouvoir des Taliban se traduit déjà par des arrestations arbitraires, des sanctions et des menaces massive​s sur les libertés fondamentales des Afghans et sur le travail des journalistes. 5 jours après la chute de Kaboul, un groupe d’experts de l’ONU révèle que les Taliban ont constitué des listes d’opposants qu’ils souhaitent arrêter en priorité. Selon des témoins sur place, les Taliban traquent ainsi en porte-à-porte « les individus ayant travaillé pour les forces américaines et de l’Otan et leurs alliés, ainsi que les membres de leurs familles ». Sont visés en priorité ceux qui occupaient des postes à responsabilité au sein des forces armées afghanes, de la police et des services de renseignement, mais les journalistes et les professions intellectuelles sont aussi dans le viseur des nouveaux maîtres de Kaboul. En témoigne l’éviction de deux consœurs de la télévision afghane, suspendues d’antenne et interdites de revenir dans l’entreprise au premier jour de la prise de pouvoir des Taliban, comme le rapporte l’IFJ.

Tout comme la confédération CFDT, nous estimons que les pays occidentaux ne peuvent laisser derrière eux tous les Afghanes et Afghans qui ont travaillé avec leurs ressortissants. C’est pourquoi « la CFDT appelle l’ensemble des démocraties, l’Europe en tête, à faire preuve de solidarité et d’accueil pour ceux et celles qui fuiront l’horreur des talibans ».

Accueillir les journalistes et fixeurs afghans

Les journalistes français ont tous été pris en charge, certains choisissant de s’installer dans des pays limitrophes afin de pouvoir continuer à exercer leur travail et de ne pas laisser cette zone dans l’obscurité médiatique. Mais de nombreux journalistes afghans tentent aussi de quitter leur pays, certains ont été des collaborateurs directs des journalistes français. La situation des fixeurs est particulièrement inquiétante et mérite la plus grande vigilance des autorités françaises ainsi que de tous les Etats susceptibles de les accueillir en sécurité. Plusieurs médias français ont signalé les familles de leurs collaborateurs locaux à l’Ambassade de France comme candidats à une arrivée en France. La CFDT-Journalistes demande aux autorités de prendre en charge ces collaborateurs et leurs familles, et permettre leur arrivée sur le sol français.

Des chercheurs et un collectif de journalistes travaillant ou ayant travaillé en Afghanistan ont obtenu le financement d’un vol de 145 places pour faire évacuer des personnes ciblées parmi les profils les plus à risque en Afghanistan. Dans une tribune, ils demandent à l’Etat français d’autoriser leur atterrissage en France.

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